Nous, sénégalais avons choisi la voie démocratique, non celle d’une démocratie minimale qui se contente de « démilitariser » la lutte pour le pouvoir, mais d’une démocratie qualitative qui fait que l’intelligence citoyenne est considérée comme une ressource majeure. Il faut par conséquent que les humains reprennent les chantiers de l’art d’aimer, de l’art de vivre et du bon usage des traditions de sens, qui est un triple chantier actuellement bloqué parce que nous sommes au cœur de ce qui fait la difficulté même de la condition humaine.
Aujourd’hui, force est reconnaître, que nous faisons face à des idéologies du chaos permanent soutenues par quelques hommes du système et par des stratagèmes de déréliction qui ont déjà fait leur apparition.
Le drame, est que les agents propagateurs, mus par l’émotion veulent convaincre par la passion et l’illumination, qui ont aujourd’hui force de vérité irrationnelle.
Ces émotions manichéennes insufflées dans le débat, dans l’action et la décision politique, à l’heure des mass medias, quand la démocratie est fondée sur la volonté générale et le choix raisonnable, ne sont-elles pas signe de péril de la démocratie ?
À l’image de la politique pulsionnelle de la nouvelle opposition, la réaction – contre la réflexion – tend à devenir un programme, sinon une stratégie politique récurrente…
Il subsiste toutefois des raisons d’espérer de ce renouveau politique attaqué de toutes parts: la jeunesse, fleuron de cette alternative et toujours en première ligne aux temps de braise. Une jeunesse qui s’éveille aux vertus de la citoyenneté active, du patriotisme assumé et animée par un réel intérêt pour la chose collective.
Le contexte politique et social du pays ayant changé, leurs comportements se construisent à partir d’enjeux et de critères nouveaux. Il faut s’efforcer d’interpréter le nouveau répertoire politique avec lequel, les jeunes se situent aujourd’hui.
Si l’humanité a formidablement progressé du côté de son intelligence mentale, lui permettant d’être un réseau pensant grâce à la mutation informationnelle, assez décalée de ce qu’on pourrait appeler « révolution industrielle » parce qu’elle est d’une nature différente, elle doit être aussi un réseau confiant, voire un réseau aimant ou, en tout cas, qui progresse dans sa qualité relationnelle, sans quoi nous tombons dans le fameux abîme de Rabelais : «science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Et Hélas, nous y sommes englués jusqu’au cou et il va falloir impérativement s’en dépêtrer…
Le temps que tout cela bourgeonne et fleurisse, quelques générations se seront perdues dans les tourbillons ou trous noirs du temps qui passe avant que la « conscience vraie » ne se remette debout.
L’un des enjeux majeurs pour l’humanité dans ses rendez-vous avec elle-même réside donc dans la progression de ce que l’on appelle en termes contemporains l’intelligence émotionnelle collective, tel que Pascal le formulait: «le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point » ou ce que les traditions spirituelles, adeptes de la conscience éveillée dénomment sous le terme de la triple intelligence du corps, du cœur et de l’esprit.
Un plaidoyer fort pour l’adoption d’une intelligence émotionnelle collective est de mise car en écartant strictement l’émotion, la démocratie vacille.
Malgré sa part d’ombre, sans l’émotion, la démocratie vacille, immobile, suspendue dans les eaux glacées de la raison. Si Hegel notait que « rien de grand ne s’est fait sans passion« , il n’oubliait pas de rappeler que l’exubérance de passion favorise l’instabilité politique et que la passion n’est rien sans la raison qui la guide.
Pour autant, la part émotionnelle de l’homme est un inaltérable que la République doit intérioriser. Il s’agit alors moins de mitiger la dimension émotionnelle que de la flécher.
Pour conclure, nous dirons que le choix que nous avons à faire désormais, à l’instar du titre de cette contribution, est de vivre et non pas de survivre grâce à la construction d’une intelligence émotionnelle collective.
Vivre dans la confiance qu’un avenir demeure ouvert et non pas survivre sans joie dans la méfiance et les sécurités aliénantes.
Ce qui est sûr aujourd’hui, c’est que nous avons en main la responsabilité de dégager de nouveaux horizons, et si nous n’avons pas les recettes politiques préétablies de notre avenir, nous avons en tout cas « l’ardente obligation » de lutter et de résister à l’inacceptable qui se répand.
Ce sont là des procédés de lutte contre la deshumanisation d’une terre qui ne demeurera habitable que dans la mesure où nous éliminerons les aveuglements et la domination des forces obscures du capitalisme, de l’argent et de la finance.
Peut-être, par delà nos hypocrisies, retrouverons-nous le sens du doux commerce auquel croyait l’une de nos lumières, Montesquieu, un doux commerce pour tous et non pas pour des prédateurs ignobles et avides qui en ont accaparé les bienfaits pour ruiner notre monde et ceux qui l’habitent.
# jubjubaljubbanti
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