Portrait de campagne: Macky Sall, tête de file de la nouvelle opposition : quand la fin justifie les moyens

La politique est un sport de combat. Violent. Sanglant. La conquête du pouvoir demande un effort de tous les instants, c’est un chemin de croix qui nécessite de la résilience mais aussi le comble du cynisme politique, fait de justifications de toutes sortes de manœuvres, de sordides compromis et de viles compromissions, bref la realpolitik dans toute son horreur… 

L’idée que tous les moyens sont bons pour atteindre un but donné est souvent associée à Machiavel. Une image largement injuste pour le penseur florentin qui n’a jamais écrit ni pensé la phrase qu’on lui attribue, qui nous fait surfer sur un beau malentendu. Ce qui nous amène à nous poser ces questions suivantes: Macky Sall est-il aujourd’hui le meilleur messager du libéralisme ?

Est-il le mieux à même d’exploiter l’humeur sombre d’une partie de l’opinion non acquise au pouvoir ? Rien n’est moins sûr.

Plusieurs éléments vont jouer: le souvenir de ce que fut sa présidence; les causes du divorce d’avec l’opinion publique; la dérive du parti républicain; enfin, le poids des déboires judiciaires qui l’attendent sur son chemin en cas de victoire confortable du parti au pouvoir pour ces élections législatives imminentes.

Le mirage Macky 

Jusqu’où Macky Sall est-il prêt à aller pour revenir aux affaires ? Quels sacrifices est-il susceptible d’endurer ? Quelle génie politique est-il encore capable de dérouler pour parvenir au sommet ?

L’élixir du pouvoir semble justifier toutes les audaces, tous les excès, tous les dénis. Le roi déchu s’est vite dépêché d’enfiler les chaussons du sauveur providentiel et de reproduire trait pour trait ses manœuvres, ses tics et ses frasques pour faire concocter une alliance d’ennemis jurés, unis pour des circonstances de survie d’un système oligarchique fortement ébranlé sur ses bases par la survenue d’un nouveau régime aux antipodes des us et coutumes du vieil establishment socialo- libéral.

Le fait est qu’il leur faut nécessairement rester à flot. Et l’assemblée nationale est la voie immunitaire pour sortir de la disgrâce et des vicissitudes inhérentes à la perte de pouvoir. C’est dire que chez nous, le pouvoir change de visage, jamais de nature. Il rend surtout boulimique et obstrue les sens.

D’Abdoulaye Wade à Macky Sall, on trouvera les reliques de ces victimes tombées au champ d’horreur de la politique pour affaires, scandales en tous genres, ou simplement… défaites électorales.mais toujours prêtes à toutes les bassesses parce qu’avides de pouvoir et de lucre.

Une coalition libérale Takku-Wallu frappée d’impuissance 

Le plus cocasse, c’est de faire de Macky, la tête de liste Takku-Wallu des libéraux unifiés, lui qui s’est éloigné de tous ceux qui furent ses collaborateurs les plus compétents.

Lui qui ne s’est jamais gêné à réduire à sa moindre expression tout potentiel leadership dans son propre camp et Il y en eut. Aujourd’hui entouré de sycophantes douteux, qui lui ont même tracé le livre blanc de ses hauts faits et gestes, l’ancien président, coincé qu’il est dans une prison dorée aux portes de désert chérifien en est réduit tout comme son allié d’infortune Karim Wade à mener une guerre virtuelle par WhatsApp et tiktok.

Il ne supporterait plus la moindre contradiction. Irascible, il s’est enfermé dans une bulle de fantasmes auxquels il a fini par croire : l’élection de 2024 lui a été volée ; sans lui et ses super compétences, le pays est à la dérive; la victoire du tandem Diomaye-Sonko relève d’un « grand mensonge » ; le 5ème président du Sénégal est diminué pour cause de bicéphalisme donc illégitime…

Ils vont même jusqu’à vouloir bloquer la marche du pays pour dégager impérativement un premier ministre trop clivant, trop encombrant et démocraticidaire.

Donc un discours programmatique de campagne décliniste sur l’état du pays et, pour ce qui est de l’action publique, une sorte de pratique vaudoue, des tours de passe-passe de magicien, le tout s’accompagnant du culte du chef, en l’espèce la célébration de statut du grand stratège dont il s’est toujours drapé. Macky appartient à la même famille que tous ces autocrates africains, les uns et les autres unis dans cette manière de ramener une réalité complexe à un problème unique.

La liste est longue des « c’est la faute à Sonko et son gouvernement» affublés de tous les péchés d’Israël et que l’on soigne avec autant de « y a qu’à ».

Une déconfiture de la néo-opposition en téléchargement…

Les militaires parlent du brouillard de la guerre. On pourrait en dire autant de l’horizon politique des leaders sous la férule de l’inter coalition Takku-Wallu, Samm sa Kaddu du sulfureux maire de Dakar, Barthélémy Diaz et de Jàmm ak njërign, du timoré chef de l’opposition Amadou Ba.

Brumeux pour le moins, mais encore plus assombri par le personnage de perdant, Macky Sall.

Le peuple sénégalais n’est ni ingrat, ni dupe, encore moins amnésique.

Le peuple est loin d’être composé d’ignorants car même ses analphabètes disposent de par leur sagesse populaire d’une lucidité et d’une intelligence incomparables de leur situation et de celle de leur pays.

S’il est un bonnet d’âne à utiliser au pays supposé de la Téranga, il ne pourrait servir qu’à coiffer ce conglomérat de situationnistes de mauvais aloi, et qui loin de faire du pouvoir auquel il aspire, l’instrument pour amener le pays à la modernité politique, souhaite nous enfoncer dans une anarchie qui s’emballe…

Un peuple réveillé à sa puissance instituante

Têtus comme des bourriques, les effectifs de la vieille garde du système n’arrivent pas à comprendre que le peuple leur a tourné le dos définitivement. Leurs si dérisoires scores à l’élection présidentielle en témoignent et leur offre réduite à l’invective et la médisance vient corser le tableau de leur disgrâce.

Et quelle que soit leur ampleur, la politique de la terre brûlée et l’autoritarisme de papa ne réussiront plus à se restaurer dans une société juvénile et investie qui plus, est réveillée à sa puissance instituante.

Que nos élites décadentes se le tiennent pour dit! Que la sagesse populaire les inspire !

Rien n’allait pendant longtemps dans le pays et pourtant le peuple a survécu sans le secours de ses élites. Il est résolument décidé à prendre le pouvoir au niveau local et parlementaire pour qu’il arrive — et toujours tout seul, comptant sur son génie propre — à mieux vivre !

Ainsi, c’est la soif de vrai, de beau et de bon animant toute entreprise humaine digne de ce nom qui fait émerger ce peuple du tourbillon des défis que nous avons évoqués.

Plus rien désormais ne l’empêchera de réinventer la politique en la transfigurant.

Le peuple souverain a cette ambition pour le pays!

 

K.G 07 novembre 2024

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Khady Gadiaga est une communicante de profession. Elle a capitalisé 25 ans d'expérience professionnelle dans différentes entreprises où elle a respectivement occupé les postes de Product Manager, Directrice Commerciale et Marketing, notamment dans les secteurs de l'industrie médicale et textile en Europe et en Afrique. Ancienne directrice du marketing du Festival Mondial des Arts Nègres (FESMAN) de 2005 à 2010, elle a coordonné et orchestré le volet communication et marketing de ce grand rendez-vous culturel. Khady est passionnée de culture, des grandes idées et des mots, elle met sa plume au service des causes justes, parmi lesquelles, la paix et la concorde et la liberté. À ce titre, elle a été directrice de la rédaction, à Debbo Sénégal. Cette ancienne étudiante en Langues étrangères Appliquées à l'économie et au droit à University of Nice Sophia Antipolis, est aujourd'hui Directrice générale à Osmose (Agence de communication Globale) et depuis 2011, met en pratique sa riche expérience en qualité de Consultant expert Sénior en accompagnant les organisations du secteur privé, public et institutionnel en terme de conseils, de coaching et de suivi-évaluation de projets et programmes. Les chroniques de cette dame de aux centres d'intérêts éclectiques, sont désormais sur Kirinapost.

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