« On peut tout faire avec la terre » : face au plastique, six potières brandissent la céramique

Gobelets, cocottes en grès, pots à lactofermentation… Au sein du collectif Faire Argile, six potières luttent contre le plastique en fabriquant des objets en terre.

Brétigny-sur-Orge (Essonne), reportage

Depuis la gare du RER C à Brétigny-sur-Orge, il ne faut que 10 mn de voiture pour arriver à l’atelier. Mariane est au volant, Aline sur le siège passager avant. « Vous voyez cette zone ici, nous montre notre conductrice en passant devant plusieurs immeubles récents, ils ont construit un écoquartier. Avant, il y avait des arbustes, des arbres, c’était une friche, avec de la biodiversité. » Le béton et l’artificialisation ne sont pas vraiment la tasse de thé de Mariane.

Un peu plus loin, elle gare sa voiture devant un portail sur lequel est accrochée la pancarte « La poterie de l’Orge », du nom de la rivière qui coule un peu plus bas. Nous sommes arrivées. Une longue allée mène à la maison et l’atelier. « Tout le sol du jardin était cimenté quand nous nous sommes installés ici, raconte Mariane qui habite les lieux depuis quelques années. On essaie d’enlever les couches petit à petit. C’est un gros boulot ! » Objectif : redonner toute sa place à la terre.

C’est aussi le projet de Faire argile, un collectif créé en 2020 qui considère l’argile comme « une MAD, une matière à défendre ». Il compte actuellement six potières, dont Mariane, l’énergique Brétignolaise, et la discrète Aline qui vit à Arras. Mais aussi Graziella, habitante du Val-de-Marne, et Carole du Jura — « dans la région des lacs et des cascades », se plaît-elle à préciser. Ces deux dernières nous attendent à l’intérieur de la maison. Elles se retrouvent régulièrement pour travailler la terre ensemble, ici chez Mariane ou ailleurs.

« On peut tout faire avec la terre ! »

Sur la table basse, le thé est servi dans une théière en céramique et le gâteau a été cuit dans un moule… en céramique. Pareil pour les tasses et les petites assiettes. « Tout est en terre ici. On peut tout faire avec la terre ! » dit Mariane, rappelant à nos souvenirs les poignées de porte et interrupteurs, douilles ou fusibles électriques en porcelaine de chez nos grands-parents. Cette matière était alors prisée pour ses qualités isolantes. Même les canalisations étaient en céramique, tout comme certains systèmes de drainage ou d’irrigation.

Le collectif Faire argile est né pendant le confinement. Privés de lieux d’exposition, potiers et potières ont eu le temps de cogiter sur leur métier, le sens de leur travail. En juillet 2020, ils et elles sont une trentaine à se retrouver dans un grand atelier à Cluny en Bourgogne. Durant un mois, débats et réflexions vont bon train entre tournages, modelages et coulages.

Dans ce laboratoire, ils se mettent à refabriquer des abreuvoirs à poule, des casseroles, des pots. Des savoir-faire se transmettent. « À ce moment-là, je me suis aperçue que je n’étais pas la seule à me poser des questions sur comment on vend nos objets, explique Aline. À qui on s’adresse ? Qu’est-ce qu’on fait ? Avec quels matériaux ? On avait toutes une réelle réflexion sur notre production d’expression personnelle. » Lire La Suite ICI

©: aa.com.tr

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