« Faire pour nous, sans nous ; c’est faire contre nous ». Nelson Mandela
Avez-vous déjà entendu un occidental dénoncer ¨la mainmise’’ de la Chine sur l’Afrique ? Très souvent c’est tout simplement lamentable. C’est d’autant plus lamentable que la plupart du temps cela vient de personne de bonne foi, qui pensent au plus profond d’eux mêmes qu’ils sont en train de bien faire, qu’ils sont en train de rendre justice à ces centaines de millions d’africains. Sauf que c’est paternaliste, condescendant, unilatéral, exclusif, et arbitraire.
La plupart des européens, canadiens, américains etc. activistes, journalistes, écrivains, hommes et femmes politiques qui s’inquiètent de l’avidité de la Chine pour les ressources africaines, versent dans le déni de l’Homme africain quand il s’agit pour eux de dénoncer la voracité de l’Empire du milieu. Ils nient les africain(e)s en tant qu’êtres doué(e)s de raison, en tant que citoyen(e)s responsables, donc en tant que sujets capables de se définir et de définir ce qui est bon pour eux.
Ces gens en général ne citent aucun africain, ne mettent en exergue le travail d’aucun africain. Ils parlent de l’Afrique comme d’un terrain vierge, comme si la moindre de leurs actions et paroles sont des actes originaux qui sont sans précédent.
C’est comme (dans un tout autre registre, mais toujours dans la même veine), ces hommes ou femmes qui débarquent en Afrique directement de leur amont perdu quelque part dans leur pays, et qui pensent que c’est eux-elles ‘’Le Messie’’ qu’attendait la femme africaine ‘’dominée, opprimée’’ pour sa libération, ignorant ( ce qui est extrêmement grave) ou oubliant (ce qui est pire) qu’ils-elles viennent de pays dont certains enregistrent jusqu’à 140 morts (une femme tuée tous les deux jours en moyenne par an) par leur conjoint ou ex.
Une telle attitude (toute proportion gardée) n’est que la continuité en version soft, de manière on ne peut plus humaine, mais effective de la ‘’mission civilisatrice’’ dont les tenants de jadis étaient ultra convaincus qu’en massacrant, parquant, déplaçant et marchandant des millions d’africains, ils étaient en train de rendre les meilleurs services à l’humanité.
Parler pour les africains sans recueillir l’avis des africains peut servir malencontreusement de caution morale à tous les tenants du discours « les africains sont des bons à rien. »
Parler pour les africains est une chose, une bonne. Laisser les africains parler pour eux même, les écouter et faire de l’écho à leur voix est une autre chose, sans doute la meilleure chose à faire.
Cependant faire écho à la voix des africains de la meilleure manière n’est assurément pas faire comme Macron à L’université de Ouagadougou, qui voulant exprimer l’évidence d’une rupture à opérer dans les relations entre la France et ses anciennes colonies ignore Sankara et cite Felwine Sarr au pays de Sankara.
Cet acte en soi est un aveu qui trahit toute la mauvaise foi de la France et met à nue tout son désir de retarder l’imminente fin de la France-Afrique. Sankara tout le monde sait ce qu’il représente et symbolise dans cette question.
Felwine Sarr ? Un brillant intellectuel au verbe précis, mais à qui il manque hélas la verve de l’intellectuel organique. Cette verve qui est l’élément levier-levure pour une juste compréhension des enjeux de l’Heure pour les masses populaires africaines comme le verbe et les actes de Sankara ont pu l’être pour eux avec leurs limites bien évidement. Felwine Sarr, une jolie belle main parée de jolies parures, mais hélas sans indexe.
C’est l’occasion ici de saluer les actions de tous les individus et groupes en occident qui sans cessent mettent la pression sur leurs gouvernements pour un changement de politique en Afrique.
On ne peut pas reprocher objectivement à la Chine d’avoir des ambitions géostratégiques, de chercher à avoir les ressources nécessaires pour satisfaire ses besoins de toutes sortes, c’est aux Africains d’être pragmatiques et conséquents. C’est aux africains de demander en contreparties de leurs ressources la construction d’universités, de laboratoires, de routes, de ponts, etc. à la place d’infrastructures de prestige (arène nationale non opérationnelle), comme c’est le cas du Sénégal.
C’est aux africains de faire comme les éthiopiens qui chaque fois qu’ils font appel à la chine ou à n’importe quelle autre puissance mettent un ingénieur éthiopien derrière chaque ingénieur étranger. De sorte que l’Ethiopie pour chaque chose ne demande qu’une seule fois.
Nous espérons seulement que cette attitude de l’Ethiopie sauvera dans les décennies à venir l’Afrique d’être la parfaite illustration des paroles de Marx. : « L’Histoire pour ainsi dire se répète deux fois, la première fois sous force de tragédie, la deuxième sous forme de farce. »
Si la première fois la tragédie a été pour les 54 pays africains descendants des pharaons constructeurs des pyramides de l’antique Egypte le fait de manquer d’expertise, de savoir, de savoir-faire et de moyens au point qu’ils n’eurent aucune autre possibilité que de confier la construction du siège de l’Union Africaine à la Chine, la farce risque d’être dans le futur qu’ils seront obligés d’accorder à la Chine un siège de membre à part entière au sein de l’EU, parce que celle-ci serait devenue entre-temps le détenteur de toutes leurs données en cette ère de cyber-espionnage.
Par ailleurs on ne peut pas se mettre à dénoncer le gloutonnent de la Chine sans jamais piper mot et sans jamais entreprendre aucune action contre les systèmes occidentaux qui ont mis et maintiennent en place ces régimes africains dont ceux qui sont en tête prennent les ressources de leur pays pour leurs biens propres. Après ce sont ces mêmes occidentaux (les Etats surtout) qui traitent sans vergogne avec Paul Biya, Ali Bongo, Denis Sassou Ngesso, Idriss Déby etc. qui se mettent à dénoncer une Chine qui n’est pas regardant sur les droits de l’Homme.
Dénoncer « l’accaparement » des ressources de l’Afrique par la Chine par les occidentaux d’une certaine manière, c’est comme le renard qui crie : « au secours le loup est entré dans la bergerie. »
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