Quand on ne sait pas où l’on va, on retourne d’où l’on vient dit le proverbe wolof. Retourner à la source avant de s’ouvrir au monde. Birago Diop nous a déjà enseigné que « ce n’est qu’en enfonçant ses racines dans la terre nourricière que l’arbre s’élève vers le ciel ». 8 valeurs à cultiver pour un Sénégal de paix.
«La Philosophie Morale Des Wolofs» | Assane Sylla ( Le 21 Avril 1976) | pages 90-91
TEGGIN : Manière courtoise de parler, d’agir ou de se comporter. Ce mot dérive du verbe « teggi » = « contourner ». Il signifie donc en propre: Manière de contourner, d’eviter un language ou un comportement abrupt, grossier, ou trop direct. Avoir du « teggin », c’est avoir le sens du raffinement de son language et de son comportement.
On évitera par exemple de désigner, en public certaines parties du Corps, et certains actes par leur vrai nom : l’emploi d’un euphémisme s’impose. Cette délicatesse fort estimée dépasse le niveau du conventionnel et cesse d’être superficielle chez l’individu rempli de «Kersa».
KERSA : Pudeur si respectueuse des convenances, qu’elle frise la timidité. Ainsi l’homme qui a du « Kersa », estimé pour sa délicatesse et sa retenue est souvent déclaré être « Yiw ».
YIW : Être sociable, de commerce agréable, être plein de civilité. Mais il peut arriver qu’un homme crapuleux présente toutes les apparences du « Yiw » sans être vertueux. On dit alors de lui : « dafa jekk yiw te saay-saay ». On ne peut être véritablement « yiw » sans être « màndu ».
MÀNDU : Être intégre, honnête, être moralement irréprochable. Tandis qu’on peut dire d’un homme qu’il est « yiw », selon ce qui apparaît dans son comportement extérieur, on ne dira de quelqu’un qu’il est « màndu » que lorsqu’on sait avec certitude qu’il est profondément honnête. Sa capacité de résister à la tentation est grande parce qu’il possède la qualité de quelqu’un qui « muñ ».
MUÑ: La capacité de conserver son intégrité, sa loyauté, ses convictions jusque dans l’adversité. Avoir la capacité de « muñ », c’est être armé d’une patience et d’une abnégation au-dessus de toute épreuve. Et en particulier l’argent et les biens matériels ne peuvent détourner de ses convictions morales quelqu’un qui a la capacité de « muñ ». On dira de lui qu’il est « gore ».
GORE : Être honnête et incapable de succomber à la tentation de l’argent et des biens matériels. Ce mot dérive de « gor » qui signifie, du point de vue sociologique : homme libre ne comptant aucun esclave parmi ses ascendants. Mais du point de vue moral, le « gor » est celui qui possède une noblesse de caractère et une honnêté qui font qu’il se contente strictement de son avoir, si petit soit-il. S’il est riche, le « gor » ne recule devant aucun sacrifice pour soulager la misère des autres. C’est l’homme qui en toute circonstance accomplit ce qui est convenable : « li war » ou « wareef ». C’est pourquoi la notion de devoir moral est exprimé en Wolof par le terme « Warigar ».
WARIGAR : Une contraction de l’expression « Wareefu gor » = le devoir du « gor ». Le Warigar désigne aussi la dot que tout prétendant doit offrir à sa bien-aimée. Il accomplit ainsi un geste digne du « gor », un geste qui prouve qu’il désire l’épouser, c’est d’ailleurs, selon le proton, le deuxième versement important, puisqu’avant le « Warigar »,il offre un cadeau appelé « may gu jëkk » = le premier « don ». Les parents de la jeune femme, après avoir reçu l’argent (ou les objets) versés au titre du « Warigar » en prélèvent une partie qu’ils offrent en retour aux parents du prétendant chargés de transmettre cette somme ( njukkéel).
TARÀNGA : Vertu de celui qui sait accueillir chez lui ses hôtes, avec non seulement gentillesse et affabilité, mais aussi en leur offrant selon ses possibilités ; repas, boissons, argent ou objets, afin qu’ils sentent la chaleur de l’accueil. Le dicton le dit : « gan dees koy ganale” = un hôte doit être choyé : on sous-entend par la que même si l’on a un contentieux à régler avec lui, il faut d’abord l’accueillir comme il se doit, sous peine de manquer gravement aux règles de l’hospitalité.
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