Moustapha Diop, icône du théâtre sénégalais, est décédé dimanche a annoncé une dépêche de l’APS. C’est une immense perte pour la culture.
La nouvelle s’est vite répandue. Moustapha Diop,figure emblématique du cinéma, a tiré sa révérence. L’annonce a été confirmée par Pape Faye, président de l’Association des Artistes Comédiens du Théâtre Sénégalais (ARCOTS) qui rajoute que l’inhumation aura lieu demain au cimetière de Yoff.
Appelé affectueusement Tapha, il était connu et aimé de tous les Sénégalais. Membre fondateur de la fameuse troupe Daraay-Kocc qui proposait, du temps de la télévision unique, des pièces de théâtre les mardis, Tapha entrait régulièrement dans chaque foyer. Au fil des ans, il est passé de frère à tonton, puis dernièrement à un papy de la nation.
Tout le monde retient son rôle dans : « Un DG peut en cacher un autre » dans lequel il incarnait un haut-fonctionnaire, compétent, rigoureux et champion de la bonne gouvernance, nommé dans un secteur où régne une corruption à grande échelle. Alassane Fall, le personnage qu’il incarnait dans ce film, serait un excellent ministre de l’agriculture dans le gouvernement Sonko au slogan Jub Jubal Jubanti.
Les plus anciens se souviennent de ses premiers pas dans un rôle majeur avec « Xalima maam Yalla », la pièce qui le fit découvrir au public au début des années 80, après l’épisode Caaxan Faaxee à la fin des années 70…
Dans « Xalima maam Yalla » ou « Lapiss Lapaxx », il émerveilla le public dans son interprétation d’un jeune handicapé.
Moustapha Diop, c’était un jeu d’acteur unique, une voix prenante – dans Xanju, il déclame merveilleusement « les morts ne sont pas morts » le fameux poème de Birago Diop- et présence scénique exceptionnelle. Son sourire, son élégance, sa sensibilité, ont marqué à jamais le théâtre sénégalais.
Ses pairs reconnaissent en lui, un comédien professionnel, d’une grande maestria et un farouche défenseur du métier d’acteur. Moustapha Diop a été d’ailleurs secrétaire général l’ARCOTS à sa création.
Homme de cinéma, il prêta sa voix à la fétiche sur le toit dans le film « Kirikou et la sorcière » de Michel Ocelot en 1998. Le légendaire Ousmane Sembene le fera tourner également dans Guelwaar en 1992 et dans Faat Kine en 2001.
Moustapha Diop a eu une carrière prolifique. Récemment, même avec le bouleversement et les grandes mutations que l’avènement des séries télévisées a apporté, ses talents d’acteur étaient régulièrement sollicités. Sa facilité à se fondre dans un rôle, aussi difficile qu’il soit, y était sans doute pour beaucoup.
Avec le décès de Moustapha Diop, c’est une page qui se tourne. Celle d’une époque où les artistes-comédiens gagnaient bien moins qu’aujourd’hui, mais étaient davantage passionnés et conscients de leur rôle dans la société. C’etait le temps où le théâtre éduquait, sociabilisait et aidait à la citoyenneté.C’était le temps où la famille, autour du papa, regardait la télévision sans arrière-pensée car elle avait des programmes didactiques. Moustapha Diop est un des visages de cette époque.
Après une vie remplie, au service de son art, Moustapha Diop s’est éteint des suites d’une longue maladie, comme l’a confirmé sa fille, Soda Diop, interrogée par le journal Seneweb sous la plume du journaliste Alioune Badara Mané.
Il est allé rejoindre, dans l’au-delà, d’autres monstres sacrés du théâtre sénégalais. Maxureyjaa Gueye, Cheikh Tidiane Diop, Baye Peulh, Ken Bougoul, Babou Faye, Abou Camara, pour ne citer que ceux-là, partis aussi, sans que leur pays ne les célèbre à la hauteur de ce qu’ils ont accompli pour leur patrie.
Dors du sommeil des héros et des grandes figures du Sénégal. Plusieurs générations de Sénégalais te sont reconnaissantes et ne t’oublieront pas dans leur prière.
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