Bernard Verschueren • Le 21ème siècle a commencé de bien funeste manière. Le 11 septembre 2001, quatre attentats d’une envergure inédite tuent près de 3000 personnes aux Etats-Unis. La mémoire collective mondiale restera marquée à jamais par cette image de deux avions pulvérisant les tours du World Trade Center de New York, symbole emblématique du tout puissant capitalisme américain.
Il y a dix ans, le choc. L’horreur absolue s’invite à nos portes. La liberté d’expression est ensanglantée. Dix-sept personnes sont massacrées à Paris, chez Charlie Hebdo, à Montrouge et Porte de Vincennes. Quelques mois plus tard, 130 personnes innocentes sont sauvagement assassinées, « coupables » d’assister à un concert au Bataclan ou de boire un verre sur une terrasse du 11ème arrondissement de Paris. Et, à Bruxelles, en mars 2016, ce sont l’aéroport et le métro qui explosent, arrachant 35 vies humaines et semant la désolation dans toute l’Europe et au-delà…
La peur s’installe et les libertés individuelles en prennent un coup au nom de l’impératif sécuritaire. Et puis, en 2020, arrive de Chine cet étrange séisme anxiogène mondial nommé Covid19 qui a bouleversé le monde entier en faisant près de 7 millions de victimes. Confinement, gestes barrières, tests, vaccination obligatoire et pass sanitaire vont bouleverser le quotidien de toute l’humanité.
En 2021, à Washington, le Capitole est attaqué par des hordes d’extrémistes à la solde de Trump qui refuse d’accepter le verdict des urnes. Mais, ces terroristes-là seront bientôt graciés par la…« plus grande démocratie du monde » parce que ce milliardaire raciste et sexiste est revenu aux affaires aux USA par la grâce des urnes. Et, la démocratie, ce gros malade qui porte tous les stigmates du pervers narcissique incurable a tout l’air de s’en tamponner joyeusement…
Indépendante depuis 1991 suite à la désagrégation de l’URSS, l’Ukraine a vu son intégrité territoriale violée, après s’être fait dépouillée de quelques territoires supposément « prorusse ». Le pays est ensuite franchement envahi en 2022 par les troupes russes. Ce conflit, dont l’enjeu dépasse largement les frontières des états concernés, s’éternise… Il a déjà fait plus de 12.000 morts.
Depuis la création de l’Etat d’Israël, la Palestine est aussi un terrain de conflits armés récurrents. En riposte à l’assaut sans précédent lancé par le Hamas à partir de Gaza contre Israël qui a fait plus de 1000 morts et 248 otages en octobre 2023, l’Etat hébreu s’est lancé dans une « sanglante boucherie » aux allures de génocide dans la bande de Gaza qui atteint le record de plus de 40.000 victimes, dont un nombre important de femmes et d’enfants, en moins de 500 jours
Et dans le « reste du monde », sur le continent africain notamment, tant et tant de conflits si peu médiatisés en Occident ont récemment fait plusieurs millions de morts, dans l’est du Congo, au Soudan, au Sahel…dans l’indifférence généralisée. Parce que l’Afrique c’est loin ?
Malgré cette folie meurtrière qui frappe de toutes parts, j’aimerais pourtant me dire que « le meilleur reste à venir ». Mais rien n’est moins sûr…
Dans cette vieille Europe qui se « droitise » aussi dangereusement qu’inexorablement, il y a quelques raisons de s’inquiéter aussi. Après la première tentative, il y a quelques années, d’unification de la fachosphère européenne par Steve Bannon (un nazillon suprémaciste made in USA qui s’est fait jeter de la Maison Blanche pourtant occupée par son « ami » Trump), voici un autre dangereux pantin de la sphère capitalisto-nationalisto-populiste, le mégalo Elon Musk, qui remet le couvert. En s’appuyant sur sa copine italienne qui a versé son pays dans le pré-fascisme, le « surhomme de X et de Tesla aux allures d’enfant gâté » voudrait faire éjecter le premier ministre de la Grande Bretagne et il met tout son poids (qui se mesure en US dollars…) dans la balance pour faire basculer l’Allemagne dans le national-populisme.
Dans l’Hexagone voisin, le petit Nicolas enchaîne les comparutions au Tribunal, rattrapé par ses méthodes de gouvernance peu orthodoxes, pendant que la Macronie à l’agonie fait le lit de l’extrême droite. La France est en sursis. Elle attend son heure pour basculer à son tour dans un nationalisme identitaire, aussi malsain qu’anachronique, et porteur de tous les dangers. Et dans notre petit royaume qui se déchire peu à peu, entre une Wallonie quelque peu sinistrée à dominante socialiste et une Flandre arrogante de plus en plus nationaliste, des latins et des germains semblent bien incapables de s’entendre pour former un gouvernement…
Alors, j’éteins la télé. Et je me replonge dans mon petit univers de doux rêveur. Celui des artistes, africains pour la plupart, qui créent, illuminent et réenchantent le monde. Aux côtés des pionniers qui ont tracé la voie, une nouvelle génération décomplexée et créative monte en puissance et me donne des raisons de croire encore, un tant soit peu, en l’humanité. Et, au niveau micro, tout autour de moi, j’observe aussi de nombreux « résistants » qui croient encore aux valeurs de partage, d’humanisme, d’intégrité et de solidarité pour cultiver quelques raisons d’espérer.
Aucun repli sur soi aussi policé soit-il, aucun conflit savamment entretenu n’aura raison de l’irrémédiable et fécond métissage qui s’opère au 21ème siècle. C’est dans ce contexte fluctuant et incertain que nos enfants sont amenés aujourd’hui à se (re)créer leur propre identité.
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