S’intéresser à ce qui se passe aujourd’hui à Mayotte nous oblige à comprendre ce qui se passe aux Comores, y compris l’évolution historique entre les deux.
Juste 70 km séparent Mayotte de l’ensemble démographique des Comores dont elle fait géographiquement partie. Avec un taux de 77% de populations vivant au-dessous du seuil de pauvreté, l’archipel de Mayotte est le 101e département français et le plus délaissé en matière d’infrastructures.
Malaise
Depuis le passage catastrophique le 14 décembre dernier du cyclone Chido, la première urgence aujourd’hui est de répondre aux besoins vitaux, alors que le bilan humain, encore indéterminé, pourrait compter plusieurs milliers de victimes.
Or en France, la récupération politique de la question migratoire, en provenance des Comores particulièrement, tente d’usurper la priorité devant l’urgence humanitaire. La faute de l’impact catastrophique de la catastrophe serait la faute des « migrant illégaux » dit-on dans certaines chaumières. C’est ainsi que le nombre important de migrants à Mayotte, dont on appuie plus particulièrement encore ces derniers jours la nature du statut légal, laisse craindre des dérapages sur le terrain et autres discriminations administratives en ces temps de crise vitale.
La confusion entre causes et effets, et le poids de l’évolution historique en lien avec la colonisation, ne sauraient se contenter d’une analyse superficielle et politicienne de la situation globale. L’archipel dans son entier doit être examiné correctement avant de conclure hâtivement.
Rappelons brièvement que l’archipel des Comores – dont faisait partie Mayotte initialement – a obtenu son indépendance de la France en 1975. Seule Mayotte a choisi (par un referendum, considéré comme un « coup de force juridique » par certains) de rester française, administrée par la France, avant de devenir département en 2011. A préciser que le gouvernement comorien revendique Mayotte jusqu’aujourd’hui.
Entre les débats polémiques à l’Assemblée nationale dans la métropole et dans les médias, et la visite d’Emmanuel Macron à Mayotte avec son lot de complexité communicationnelle, la situation globale ne risque pas de s’apaiser de sitôt.
En effet, le ton malencontreux de ses discours à Mayotte exprime un semblant de perte de maîtrise par moments. Rien de bien bon pour la suite. L’insatisfaction des Mahorais – pour ne pas dire plus – risque de toute évidence de devenir légitime.
Pas de baguette magique pour la reconstruction des habitats, pour les centaines de milliers qui ont tout perdu. La colère, la révolte, l’accentuation de la paupérisation et de la criminalité de survie concomitante, vont vite envenimer l’impact de la catastrophe, dont certains disent, avec raison, qu’elle est plus politique que naturelle. D’autres débats sur les réseaux sociaux entre autre, trinquent et/ou falsifient l’histoire afin de justifier le bouc-émissariat.
La question migratoire à Mayotte est en effet devenue bouc-émissaire parfait, bénéficiant de projets de répression par le passé sans grand égard pour le contexte global. Une analyse plus rigoureuse avec un regard sur d’autres horizons ne peut que révéler que de s’attaquer aux conséquences ne résoudra jamais les causes. Malheureusement, la défense par la France de ses acquis géo-stratégiques a trop longtemps cherché les solutions dans la violence.
Les frustrations multiformes d’aujourd’hui dans les territoires d’outremers depuis parfois de nombreuses années, s’ajoutent ainsi à l’endurcissement de l’environnement socio-économique en France métropolitaine.
C’est dire que les budgets utilisés pour le maintien sous contrôle tant de ressources que de populations, autant en France-même qu’ailleurs, n’ont pas été prioritairement bénéfiques pour les populations quelles qu’elles soient.
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