Armanda Dos Santos est thérapeute et formatrice en Ayurveda, forme de médecine traditionnelle non conventionnelle originaire de l’Inde proche du Yoga. Cette Méthode, inspirée par l’étude, et son vécu personnel, lui permet de prodiguer des conseils et d’accompagner des malades du cancer dans leur guérison. « J’ai pris conscience de combien le mental peut être une machine de mort fantastique ou un potentiel de vie extraordinaire. L’Ayurveda m’a responsabilisée. Et je me suis sentie libre. »
Armanda Dos Santos • L’homme, ce paradoxe ambulant, est la seule créature qui passe sa vie à se fuir. Là où l’arbre pousse droit vers le ciel, enraciné dans sa nature, où l’animal respire, chasse, s’accouple et meurt sans jamais renier ce qu’il est, l’homme, lui, dévie. Il se contorsionne, se déguise, et se ment.
L’homme refuse l’évidence de sa condition, rejetant ce qui a été inscrit en lui par la sagesse de la création. Il se croit libre, alors qu’il est esclave de ses propres illusions. Il nie son essence, qu’il remplace par des masques : masques de puissance pour cacher sa faiblesse, masques de sourire pour enfouir sa tristesse, masques de connaissance pour voiler son ignorance. L’homme se joue des rôles sans fin, comme s’il avait honte d’être nu face à ce qu’il est réellement.
Les autres créatures vivent dans l’instant, présentes à elles-mêmes. L’oiseau ne se demande pas s’il devrait chanter, il chante. Le lion ne doute pas de sa force, il l’incarne. La fleur ne se demande pas si elle est assez belle pour être aimée, elle s’épanouit simplement. Mais l’homme ? L’homme hésite. L’homme doute. L’homme cherche à devenir autre chose, tout sauf lui-même.
Il s’invente des batailles absurdes contre son propre corps, son propre esprit, et contre cette vérité simple et lumineuse : être. Il veut plus, toujours plus, croyant que la grandeur se trouve ailleurs, dans l’accumulation, dans le contrôle, dans la domination. Il se débat avec sa finitude, refuse sa fragilité, piétine son humilité.
L’homme est la seule créature qui veut surpasser ce qu’il est, oubliant qu’il ne peut grandir qu’en s’ancrant dans ce qu’il a de plus vrai. Il court après une liberté qu’il définit mal, parce qu’il ignore que la véritable liberté ne consiste pas à devenir autre chose, mais à accepter pleinement ce qu’il est. Une âme incarnée, un esprit limité par un corps, un être tiraillé entre ciel et terre.
Et pourtant, c’est dans cette acceptation que réside la paix qu’il cherche. L’homme qui accepte d’être ce qu’il est — un être vulnérable, imparfait, et pourtant immense par sa conscience — retrouve sa place dans le monde. Là où les autres créatures dansent avec la nature, l’homme peut, s’il le choisit, redevenir harmonie.
Mais tant qu’il refusera, tant qu’il luttera contre sa propre essence, il continuera d’être ce qu’il craint le plus : une créature perdue, séparée du reste, en guerre avec elle-même.
Le jour où l’homme se réconciliera avec ce qu’il est, peut-être comprendra-t-il enfin qu’il n’a jamais eu besoin de devenir. Qu’il lui suffisait simplement d’être.
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