Les RHDP était une composition initiale cinq partis politiques
En vue de l’élection présidentielle ivoirienne de 2015, les partis de la coalition soutiennent officiellement une candidature unique d’Alassane Ouattara pour un second mandat sous la bannière du RHDP.
Cette coalition incarne principalement la droite ivoirienne d’obédience houphouëtiste, c’est-à-dire se réclamant de l’idéologie politique du fondateur de la Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny.
En 2018, le RDR et l’UDPCI annoncent la transformation du RHDP en parti politique, mais sans que les autres membres de la coalition ne l’approuvent. Une série de démission au RDR-RHDP attire l’attention. La cohésion y reignait et cela faisait du RHDP, une force politique puissante, avait disparu.
Si le RHDP pouvait compter sur quelques transfuges du PDCI-RDA pour récupérer des militants du parti sexagénaire lors de l’élection présidentielle d’octobre 2020, la démission du Vice-président Daniel Kablan Duncan semble révéler un profond malaise au sein de la coalition.
Mais qu’est ce qui n’a pas marché pour que cette coalition perde ses ténors après sa brillante victoire en 2015?
Ce qui complique la réconciliation tant espérée par les populations ivoiriennes, c’est l’acharnement á vouloir faire porter tout le tort des douloureux événements au Président Gbagbo, devant la juridiction internationale au mépris de l’égalité de traitements pour tous les acteurs de la crise ivoirienne. Ce n’est un secret pour personne que, du côté français, Laurent Gbagbo et les forces armées ivoiriennes représentaient le camp du Mal quand Alassane Ouattara et les Forces nouvelles incarnaient le camp du Bien. Cet héritage chiraquien se fondait notamment sur le bombardement en 2004 d’une position de l’armée française par l’aviation de Laurent Gbagbo, faisant neuf morts parmi les soldats français ainsi qu’un civil américain, ce qui déclenchera une grave crise à Abidjan et l’évacuation des ressortissants Français. Les équipages biélorusses de ces avions ont été arrêtés par les autorités togolaises alors qu’ils fuyaient la Côte d’Ivoire.
Nous n’oublions pas les violations caractérisées de l’embargo sur les armes pour permettre un réarmement des FRCI, violations documentées par le groupe d’experts des Nations unies sur la Côte d’Ivoire. Voilà pour le camp du Bien. Lors de la création de la Cour pénale internationale en 2002, l’archevêque Desmond Tutu, prix Nobel de la paix, s’était réjoui qu’enfin les victimes de crimes contre l’humanité soient prises en considération. Les victimes du conflit ivoirien ont toutes la même importance.
L’enquête du bureau de la procureure a été sélective, exclusivement orientée contre le camp des vaincus. La CPI est un progrès pour la défense des victimes. Elle ne consolidera sa légitimité que si elle s’intéresse à toutes les victimes sans distinction aucune.
Après s’être débarrassé de Gbagbo et de ses principaux ‘’adjoints’’, viendra ensuite le tour des ex-faiseurs de ‘’Roi’’ Henry Konan Bédié, un Baoulé dépité par la rupture du pacte signé avec Ouattara par ce dernier, et Guillaume Soro, de l’ethnie Senoufo, qui ayant compris dans le tard les desseins de Ouattara quant á sa succession, démissionnera du RHDP pour proclamer sa candidature aux présidentielles de 2020 soulevant ainsi le courroux de ‘’Maître’’ Ouattara. L’attitude envers Soro a commencé à changer fin 2016, lorsque Ouattara a initié des mesures institutionnelles, politiques et judiciaires pour prendre ses distances avec son ancien allié. L’adoption de la nouvelle Constitution, établissant un poste de vice-président et ajoutant une Chambre haute à l’Assemblée nationale jusqu’alors monocamérale, a fourni une occasion d’affaiblir la mainmise de Soro sur le pouvoir. Soro était désormais perçu comme une menace pour l’État ivoirien.
Ses finances et ses liens avec de riches bienfaiteurs ont soudainement été soumis à un examen minutieux par la justice nationale. Peu disposé à accepter le rameau d’olivier proposé par Ouattara et à soutenir son successeur désigné, Soro a coupé tous ses liens restants avec le président. N’oublions pas que le gouvernement Ouattara a remis Gbagbo et Blé Goudé à la Cour internationale, respectivement en 2011 et 2013. Lorsqu’il a refusé de livrer l’épouse de Gbagbo, Simone, la justice ivoirienne a accusé celle-ci de crimes de guerre, suspendant la compétence de la CPI pour raison de complémentarité.
Soro a lui aussi été condamné pour des crimes qui ne relèvent pas de la compétence de la Cour pénale internationale. Il n’y a pourtant pas pire pays où se trouver que la France pour ceux qui cherchent à échapper à la justice internationale. Le gouvernement Ouattara verrait sans doute d’un bon œil un procès de Soro à La Haye. Un procès national serait politiquement coûteux et, étant donné la popularité de Soro et son influence sur l’armée, susceptible de provoquer des troubles publics.
La gestion calamiteuse du procès intenté contre l’ancien président Gbagbo et contre Charles Blé Goudé est encore fraîche dans la mémoire de nombreux Ivoiriens. Dès lors, la récente condamnation de Soro offre à la Cour une occasion de se rattraper et de se racheter qu’elle ne peut se permettre de manquer. Outre le fait que la justice puisse être rendue, engager une procédure contre Soro contribuerait à dissiper l’image de partialité – ou de manque d’impartialité – dont souffre la Cour. Il s’agirait de la première poursuite internationale visant un membre de haut rang du côté « des vainqueurs » de la guerre civile.
Il est utile de rappeler à ce sujet qu’universitaires et observateurs de la politique ivoirienne ont déploré le silence du procureur concernant les crimes présumés commis par les forces pro-Ouattara. Il reste à voir si Soro acceptera la sombre situation qui est la sienne ou s’il se battra, par tous les moyens nécessaires, pour réaliser son rêve de s’emparer de la présidence de la Côte d’Ivoire.
Du côté de la majorité gouvernementale ivoirienne aussi, les choses ne semblent pas être si facile, suite au décès ‘’prématuré’’ du dauphin choisi feu Amadou Gon Coulibaly. Ces trois clans s’affrontent de façon larvée pour le ‘’dauphinat’’ de Ouattara en préparant leurs armes, supposés ou réelles, s’appuyant sur des réseaux faits de militants, de miliciens et d’affairistes.
Avec le transfert á Paris pour des soins médicaux du Président du Parlement Ahmadou Soumahoro (beau frère du défunt Amadou Gon Coulibaly) , non seulement le pays du lac Ebrié se trouve dans une situation constitutionnelle inédite mais aussi, permet de se poser des questions sur la soudaine indisponibilité des titulaires de l’architecture constitutionnelle ivoirienne.
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