Dès qu’il a pris possession du bureau ovale, Donlad Trump a signé plus de cent décrets. Certains d’entre eux pouvaient sembler loufoques et ridicules mais cela avait le mérite au moins d’annoncer la couleur : le changement sera profond. Bassirou Diomaye Faye quant à lui, et dans une moindre mesure Ousmane Sonko, a décidé d’y aller avec douceur. Prendre le temps, auditer, observer. Il est vrai que les États-Unis ne sont pas le Sénégal. Toujours est-il qu’il est de bon aloi, quand on accède au pouvoir, sitôt élu, de secouer le cocotier !
Le président Faye hérite d’un pays dépendant, pauvre malgré ses richesses, et lié jusqu’au cou par des lobby internes et par des accords avec l’ancienne puissance coloniale. Desserrer l’étau ne se fait pas en un jour. De plus, arriver au pouvoir sans majorité parlementaire, ne donne guère les coudées franches pour apporter le changement systémique tant chanté.
Malgré tout, le président Diomaye Faye aurait dû prendre des mesures révolutionnaires.
Il a raté le coche dès le premier jour de son élection. D’abord, en acceptant toutes les dorures et satins du pouvoir alors que le PASTEF a vendu à l’electorat la sobriété. Ensuite, en prenant place dans l’une de ces berlines hyper luxueuses que lui envoie le président sortant. Ah, s’il avait refusé de porter le jour de la prestation de serment ses grosses chaînes, insignes d’une république archaïque et démodée. Pourquoi ne pas porter un talisman serere d’ailleurs ? La république n’est pas figée. Il appartient aux politiques de lui donner le contenu de l’époque et de ne pas en être otage.
Bassirou Diomaye Faye, digne fils de paysan, pudique, courtois et bien éduqué n’a sans doute pas voulu être radical face aux fonctionnaires et collaborateurs adeptes du statu quo. On connaît la suite, les partisans du système t’endort de: » Diomaye dafa yaru« …
Dès son premier jour au palais, le président devait annoncer la couleur: « mon gouvernement ne dépassera pas 20 ministres, les salaires des ministres fixés à 4 millions FCFA, ceux de tous les directeurs, y compris ceux des agences: à 3 millions FCFA, fermeture de 80% des agences, ou encore: plus aucun dirigeant du secteur public ne conduira désormais une voiture dépassant les 50 millions FCFA. Les epargnes ainsi faites, vont servir d’ores et déjà à reduire le nombre d’abris provisoires. J’assume » ! Ce n’est point du populisme encore moins du miserabilisme. C’est rester dans la cohérence du discours du 3 avril dans lequel le président déclarait, à propos de la situation du pays, que les citoyens qui ont commandé le jubbanti doivent s’attendre à un plat amer …Soit ! Mais qu’il le soit, alors pour tout le monde…
Dès le départ, les nouvelles autorités, (Sonko comme Diomaye) ne devaient pas se soucier des alliés de circonstances ou dinosores politiques. 1400 cadres à travers le monde ont travaillé sur le projet dites-vous ? Mettez la compétence comme seul critère et ouvrez vos portes aux dignes fils, amoureux de leur pays. Avec ceux-là, il y a de quoi bâtir l’avenir sans les kulunas.
Est venu le temps de la rectification. Un an après leur accession au pouvoir qu’ils ne doivent qu’à leur perspicacité et à la volonté du peuple sénégalais, il est urgent de revenir aux fondamentaux et aux urgences. Les deux têtes de l’exécutif ont vu maintenant de l’intérieur. Ils ont une claire conscience des tentacules du système et même de l’État profond, si tant est qu’on peut l’appeler ainsi. Ils ont eu assez de temps pour observer l’état du pays et les leviers sur lesquels il faut s’appuyer pour le faire avancer. Ils doivent avoir également une claire conscience que leur duo, plus que jamais, est à consolider. Le chantier est énorme mais exaltant. Il s’agit de donner plus de place aux sachants, à la culture, à l’éducation, à la santé… et à l’Afrique.
Notre avenir pour beaucoup est dans l’AES. Il faut explorer tous les possibles et croire en soi ! Quid de la communication ? Oui, il faut expliquer aux Sénégalais ce qu’il se passe, ce qui est en train d’être construit. Les 54 % de citoyens qui vous ont élu, contre vents et marrés, ne sont pas fous et savent lire l’heure. Prenez-les comme alliés. Ne faites pas la révolution pour le peuple, faites-laavecle peuple comme ne cesse de le répéter le vieux militant Bamba Gueye Lindor. Ne les regardez pas de haut. Créer et soutenir les médias qui font un travail de média, ceux qui vont poser les débats féconds avec le citoyen. Pour reguler l’audiovisuel, le pouvoir n’a pas à combattre tel ou tel organe. Comment ces médias ont traité l’affaire Adji Sarr est un excellent baromètre pour voir qui est qui. Plébiscitez la presse libre et rigoureuse et laissez le marché reguler tout seul. Ajoutez à cela, vous avez la RTS et la force des réseaux sociaux. Les brebis galeuses mouront de leur belle mort. C’est toujours contre-productif de s’attaquer à des médias !
Malheureusement, pour parler au pays, le président Diomaye Faye est allé prendre la brave Maïmouna N’Dour Faye. Dans le même temps, tout le PASTEF polémique avec Badara Gadiaga. Alors que si les tenants du pouvoir actuel avaient élevé le niveau, tous ceux qui n’arriveraient pas à suivre la cadence auraient disparu ou se seraient réajustés. Et en face d’eux, une opposition d’idées. En attendant, le nouveau pouvoir est fautif, en ce sens qu’il a voulu faire copain-copain avec ses adversaires d’hier. Pour gouverner le Sénégal de l’après Macky Sall, il faut accepter que certains ne vous aiment pas.
Sonko sonne la révolte. Il est conscient d’être le guide de la révolution de mars 2024 et que le moment venu, le peuple lui demandera des comptes. Comme Rochejaquelein à ses troupes, le président du PASTEF s’engage avec courage: « Si j’avance, suivez-moi ; si je meurs, vengez-moi ; si je recule, tuez-moi. »
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