Miles Davis ou le son d’un homme qui marche sur des coquilles d’œuf

Miles Davis, figure incontournable du jazz du XXe siècle, est décédé le 28 septembre 1991. Sa contribution à la musique est inestimable.

Miles Davis à l’écoute

 

Miles Davis ou le son d’un homme qui marche sur des coquilles d’œuf, Information Afrique Kirinapost

Miles Davis en plein travail

Auteur, compositeur, chef d’orchestre, le trompettiste Miles Davis est une véritable icône du jazz. Il a réussi à traverser le siècle, à se réinventer perpétuellement pour être tendance. Tel le Phoenix qui renaît de ses cendres, Miles ne s’est jamais laissé enfermé par un genre et a toujours fait une musique qui ressemblait à son époque sans dénaturer les fondamentaux.

Miles a eu une curiosité précoce. Déjà dans sa jeunesse, admis à la prestigieuse Juilliard School, il y recoit une formation sctricte. Il étudie la musique classique, le solfège, accumulent les connaissances théoriques mais trouve l’ecole raciste et conservateur. Il décide alors, de trouver, ailleurs, d’autres formes de musique plus en phase avec ses attentes.

Tous les matins, raconte le journaliste Léopold Tobisch dans Radio France, le jeune Miles se rend à ses cours de musique à Juilliard School et toutes les nuits, il s’en va écumer les Cafés et cabarets de New York à la recherche de sonorités authentiques. C’est ainsi qu’il découvre Charlie Parker. Il est admiratif devant « Bird ». Il en parle dans son entourage mais certains lui deconseillent de fréquenter le saxophoniste. Il n’en a cure et devient un habitué du club jazz « Heatwave » où officie Charlie Parker. Ils deviennent amis tout de suite en même temps qu’il fait la connaissance de Dizzy Gillespie. Ils ne vont plus se quitter.

« Chaque nuit j’apprenais beaucoup plus qu’en deux années d’études à la Juilliard School » révélera Miles dans une interview.

Cependant, il ajoutera que les cours théoriques et l’étude des classiques qu’il  reçut à Juilliard School furent déterminantes dans sa compréhension de la musique et de la composition.

Miles Davis c’est une façon de jouer qui est unique. Très peu on su décrire son jeu. Journaliste et rédacteur au magazine jazz Metronome, Barry Ulanov le décrit comme: « le son d’un homme qui marche sur des coquilles d’œuf ». L’image est parlante et sonne juste ! Miles aimait le silence…sa note préférée…

Miles Davis c’est une attitude, une présence scénique mythique. Il tournait le dos au public et faisait face à  ses musiciens. Certains le trouve malpoli. Eu égard au fait qu’il fut un grand militant de la cause noire, on l’accuse d’être raciste. Lorsqu’on lui posa la question, il rétorqua avec sa voix imprenable:  » Pourquoi tournez-vous le dos à votre public dites-vous ? Poseriez-vous la même question à un Chef d’orchestre classique ? »

Tourner le dos, n’était pas le seul reproche qu’on lui faisait. Il avait l’habitude de se boucher les oreilles sur scène ce qui pouvait deconcerter le public entrain d’applaudir. À ça, il dira :  » c’est juste pour mieux écouter mes musiciens. J’ai besoin de fermer un peu mon oreille pour ne laisser passer que le son de la musique. »

Miles aimait aussi en plein morceau sortir de la scène quelques minutes. Il le faisait souvent. Interrogé sur ce comportement, il expliquera qu’il aime laisser le musicien qui est entrain de faire un solo, prendre seul toute la lumière.

Miles Davis, c’est « Kind of Blue », considéré comme le plus grand album jazz de l’histoire.

L’album enregistré en seulement neuf heures, le 2 mars et le 22 avril 1959, comme le rappelle Léopold Tobisch dans Radio Culture, a une distribution magistrale: John Coltrane, Cannonball Adderley, Jimmy Cobb, Paul Chambers et le pianiste Bill Evans. Ce dernier, jeune pianiste blanc formé au conservatoire, est aux antipodes de Miles Davis. Mais on dit que les opposés s’attirent, et la musique de Miles Davis et Bill Evans en est la preuve.

Miles Davis a changé le cours de la musique à plusieurs reprises. Lui dira à 6 reprises. Ce qui est sûr, est que du Hard bop au Bebop en passant par l’avant-garde, la fusion, le funk, ou le cool, le trompettiste a surfé avec élégance et génie sur tous les styles. Miles était un observateur averti. Marcus Miller à  qui il confia la direction musicale de ses albums les plus remarquables dans les années 80, raconte comment Miles l’appelle au téléphone en lui demandant d’écouter au plus vite un nouveau groupe antillais du nom de Kassav et qui va « révolutionner la musique ».

Naturellement, d’innombrables légendes du jazz ont fleuri à ses côtés ou sous son influence: Keith Jarrett, Herbie Hancock, Chick Corea, Red Garland, Bill Evans, John McLaughlin, Marcus Miller, John Coltrane, Wayne Shorter et Jack DeJohnette, pour ne citer que certains !

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2 Comments

  1. Moustapha DIOP Reply

    Miles Davis ou le perfectionniste. Celui que j’ai écouté le plus parmi tant d’autres Jazzmen. J’ai lu son autobiographie au tout début des années 90 à la bibliothèque du CCF de Dakar. Ce serait bien d’avoir la même chose sur ses compagnons Dizzy, Bird, C Adderley…..etc.
    Il a eu à collaborer avec de très grands musiciens. Il était énorme et dégageait le respect sur scène, dans sa musique. N’importe qui ne pouvait jouer avec Miles. Miles était unique en son genre. Il s’est essayé à plusieurs genres de musiques, toujours à la découverte. Et il savait reconnaître, flairer le talent, le génie (Marcus en est la parfaite illustration).
    Miles est le jazz.

    1. Kirina Reply

      Merci pour le commentaire Moustapha. Vous avez de la chance d’avoir lu de tels ouvrages. Miles avait du génie comme vous dites. Vos suggestions sont intéressantes, nous allons prochainement parler de Dizzy et autres.Vous pouvez lire en attendant sur Kirinapost l’article sur Mingus et celui sur Zawinul entre autres. Merci encore !

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