Le « salut nazi »d’Elon Musk

La polémique abonde depuis le fameux geste, expression de toute évidence d’un sentiment irrépressible de victoire. Pour les uns il s’agissait d’un mouvement de maladresse, pour d’autre juste une plaisanterie. Soit !

Le Sud-Africain Elon Musk, né à Pretoria en 1971, a grandi jusqu’à l’âge de 17 ans en plein enfer raciste de l’apartheid.

Dans son adresse le 25 janvier dernier à l’endroit du parti néonazi allemand AfD, Musk déclare qu’il serait judicieux de cesser de se culpabiliser pour les actes posés par nos grands-parents ou nos arrière grands-parents. Or en visitant le mémorial d’Auschwitz trois jours auparavant, il avait exprimé son émoi devant l’ampleur des crimes nazis et avait regretté son expression répétée de codes antisémites.

Néanmoins, Musk collabore activement avec un gouvernement qui affirme publiquement sa sympathie pour l’idéologie d’extrême-droite et ses adeptes européens.

En mai 2022 déjà, le New York Times se demandait dans quelle mesure une jeunesse blanche et privilégiée avait pu influencer la personnalité de l’acheteur de Twitter. Selon certaines sources, la communauté dont il était issu baignait notamment dans la « propagande contre les mouvements de libération noirs-africains ». Malgré des parents qualifiés de progressistes et anti-appartheid dans certains témoignages, d’autres éléments troublants s’amplifient dans la suite de son parcours.

Le Washington Post notamment relate plusieurs affaires au sein de l’entreprise Tesla en Californie, de discriminations raciales et représailles contre les plaignants en 2021 puis 2023 (Courrier International, 29 septembre 2023). Tesla avait écopé de plusieurs amendes salées dont une de 137 millions en 2021.

Elon Musk s’est également fait remarquer pour son idéologie d’extrême-droite, à travers son soutien actif aux émeutiers racistes et anti-musulmans en Grande-Bretagne dès juillet 2024, ainsi qu’un don important aux chefs de file. (lesoir.be, 7 août 2024)

Poursuivant son ambition de « sauvegarde de l’Humanité » (lesoir.be), Musk exprime une fois encore ses sympathies d’extrême-droite en soutenant publiquement le parti néonazi AfD en Allemagne, en amont des élections législatives de février prochain. (latribune.fr, 29 décembre 2024).

Détenteur d’une fortune de 334 milliards de dollars (fortune nette au 22 novembre 2024), Elon Musk est la « personnalité la plus riche au monde, ainsi que sans doute désormais aussi la plus puissante ». Même si Trump et lui arrivent dans une Amérique plongée  dans une profonde crise pour ne pas dire décadence. Malgré tout, patron de Tesla, SolarCity, Neuralink, SpaceX, The Boring Company et X (ancien Twitter), son ambition d’impacter à long terme les domaines de la technologie, de l’énergie et sur le monde de la communication, est largement atteinte.

Arrivé aux États-Unis depuis le Canada en tant qu’étudiant, Elon Musk a plusieurs fois servi les ambitions de Trump depuis 2016, en même que les siennes sans doute. En amont de l’élection présidentielle du 5 novembre 2024, Musk contribue à la victoire de Donald Trump à hauteur de 119 millions de dollars. (Forbes, 29 novembre 2024)

Entre génie technologique qui lui vaut une bonne partie de son succès industriel et de sa fortune, et ingérences politiques en Europe par l’intermédiaire de divers soutiens politiques d’extrême-droite, Elon Musk est devenu un personnage résolument ambivalent, avec des objectifs d’apparence dispersée.

En tous les cas, entre « maladresse » et « plaisanterie », son geste du 20 janvier dernier ressemblant étrangement à un salut nazi, dans le contexte d’un meeting de Donald Trump, laisse peu de doute quant à sa véritable qualification.

Qui vivra verra

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D’origine britannique, Rebecca Tickle est d’abord une passionnée de l’histoire et du destin de l’Afrique. Elle baigne dans l’esprit du continent dès sa petite enfance à travers son père journaliste, qui sillonne l'Afrique dans le contexte de la Guerre froide. A l'issue d'une carrière d'infirmière diplômée bien remplie et l’achèvement d’une licence en sciences sociale et politiques, Rebecca Tickle travaille dans le domaine de la résolution de conflit et de la gestion de projet de médiation humanitaire. Elle s’engage ensuite comme chargée de communication puis comme secrétaire générale dès 2009 à la Fondation Moumié basée à Genève, structure œuvrant pour la réhabilitation de la mémoire coloniale tardive et postcoloniale de la résistance nationaliste au Cameroun et au-delà. Elle s'intéresse particulièrement aux maux qui rongent l'Afrique centrale et alimente sa réflexion à travers les dénominateurs communs caractérisant le continent. Portant une attention particulière aux rapports de pouvoir et d'influence depuis les indépendances, à travers entre autre la société civile et les médias, Rebecca Tickle se plonge dès qu’elle en a l’occasion dans cet univers qui lui tient tant à coeur, à travers la littérature, le cinéma africain et la condition humaine sur le continent. Une curiosité insatiable et une veille assidue des actualités depuis près de trois décennies, complétées par un Master en études africaines terminé en 2024 à l’Université de Genève, lui permettent de faire des analyses fortes et de participer sous diverses formes aux débats autour des questions brûlantes qui animent l'Afrique. Rebecca Tickle collabore avec la rédaction de Kirinapost depuis son lancement en 2016.

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