Le Mouridisme…(Par Ndéye Marie Aïda Ndiéguène)

Nous étions 4 « aventuriers » environnementalistes et écologistes sur la route du Burkina Faso juste après la levée des restrictions COVID . Nous avions décidé de rejoindre nos  » frères » écologistes du Sahel pour participer à l’effort de  » plantaison » d’une importante quantité d’arbres. Le voyage se voulait écologique, de bus en bus, du Sénégal au Burkina Faso. Le départ a été pris à Dakar , avec Madiop, écologiste du Nord du Sénégal et natif de Saint_Louis. Sadou, écologiste du Sud et natif de la Casamance, Nafi, environnementaliste originaire de Bargny et moi-même Marie …

Le bus avait quitté la gare des beaux maraîchers destination Bamako, Mali. Une foule hétéroclite s’était repartie dans les différents sièges. Chacun parlait sa langue ça et là. Du bambara , du peulh, du wolof , et même …. Du yoruba ..

J’étais assise à côté d’un sympathique voyageur du Nigeria qui m’expliquait ses péripéties à travers les frontières mais les paysages que nous traversions me fasciner. L’hivernage avait reverdi les campagnes et l’air pur pénétrait dans le bus pour notre plus grand plaisir .

Une brève halte à Kaolack, lieu de passage obligatoire des bus en partance pour la sous_ région … Nous nous étions à peine désaltérer à la boutique du coin quand le convoi hétéroclite et multiculturel s’ébranla de nouveau dans la nuit moite du centre du Sénégal .

Nous voilà donc…traversant de nuit le légendaire parc du Niokolo_ Koba. Presque tout le monde dort mis à part moi et quelques insomniaques de circonstance. Alors que le bus roule à vive allure, un guépard traverse précipitamment la route.Je hurle et me dirige vers le chauffeur.  » Chauffeur, defal ndànk » criai-je à m’en rompre les poumons. Le chauffeur, somnolent et totalement indifférent à mes complaintes continue sa route effrénée.

Je regarde par la vitre espérant apercevoir ce guépard qui a certainement eu la peur de sa vie mais il semble avoir disparu dans l’obscurité du parc.Mon coeur bat la chamade. Comment peux t’on faire passer une route dans un espace naturelle protégée et rempli d’espèces rares et / ou en voie de disparition? Je rumine ce questionnement toute la nuit et quand je me réveille…Il fait jour.

J’ouvre les yeux et je suis ébahie par ce que je vois. Des montagnes couvertes d’un duvet verdoyant, les paysages à couper le souffle du Sénégal oriental. La beauté de cette nature qui semble originel , peu altéré par l’emprunte dévastatrice des hommes .. de toute beauté !

Nous sommes à la frontière entre le Sénégal et le Mali, la route est escarpée et sinueuse. Il pleut énormément. Nous entrons, enfin, après une batterie de contrôles et de vérifications, sur le sol malien.Les montagnes deviennent plus hautes ! Elles sont traversées ça et là de cascades d’eau que j’observe attentivement.

En vérité, je ne ressens pas la longueur de la route tant les paysages sont époustouflants . Nous traversons une succession de zones plus en moins désertiques mais cette chaîne de montagnes nous suit jusqu’à Bamako . Un passager m’explique ( voyant que j’observe les paysages attentivement) qu’il ya des peuples qui vivent sur les montagnes . Je suis fascinée .. Que j’aimerai les rencontrer…

Nous arrivons à Bamako , halte obligatoire de ce long et périlleux voyage où nous prenons une pause bien méritée . Quelques heures seulement avant d’embarquer dans un bus à destination de la frontière du Burkina Faso où bien des péripéties mais aussi des rencontres inattendues nous attendent . Un autre bus tout aussi hétéroclite que le premier nous amène à la frontière.

La nuit tombe vite, nous arrivons épuisés à quelques kilomètres de la frontière entre le Mali et le Burkina Faso . On nous fait tous descendre et nous sommes informés que nous devons embarqués pour un autre bus pour faire les kilomètres restants. Arrivés au bureau de la « compagnie », les regards des vendeurs de tickets m’interpellent. Il fait nuit .. nous avons hâte de partir. Ils nous proposent alors de nous conduire jusqu’à un point proche de la frontière et de nous y laisser.

 » Des jeunes à moto viendront vous chercher et vous pourrez traverser avec eux pour rejoindre le Burkina. Il y a toujours des restrictions pour nous mais eux sont autorisés ». Crédules et parce que nous ne nous souhaitons pas passer la nuit sur place , nous acceptons la proposition.Une fois récupérés par les motos ,nous traversons une brousse d’herbes hautes sans aucune visibilité.

Je regarde mes compagnons slalomer derrière moi alors que je suis en tête.Tout d’un coup , des voix se font entendre. Les motos s’arrêtent.Nous voyons des hommes en tenue militaire devant nous . Les armes braqués . Des armes de guerre .’‘Arrêtez-vous » disent-ils en nous visant.

En quelques minutes , nous sommes tous conduits au poste. Nous sommes amenés devant celui qui s’avère être le commandant.  » Déclinez votre identité »  me dit-il. Je lui remets nos passeports. Nos invitations , nos carnets de vaccination et tous les documents en ma possession. » Que voulez-vous faire concrètement au Burkina Faso et pourquoi prenez autant de risques? » me demande t-il incrédule.

 » Nous venons planter des arbres » rétorquai-je. Cela le fit rire. » Pourquoi venir jusqu’ici planter des arbres? » réagit-il. « Les arbres n’ont pas de frontières commandant » avais-je répondu.

Convaincu par cette réponse, il nous promit de nous escorter le  lendemain jusqu’à un arrêt où nous pourrions prendre le bus pour Koudougou. Nous avons promis de repasser planter des arbres au poste frontière . La gentillesse du commandant et de ses hommes nous ont énormément marqué.

Après notre mission écologique et un camp climat exceptionnel, nous sommes allés remettre notre rapport de mission à l’ambassadeur du Sénégal au Burkina Faso. Et là, il nous a présenté à Ndiaga , un artiste Sénégalais basé au Burkina. Ndiaga, fervent mouride, proposa de nous accueillir chez lui. Un petit mais coquet appartement au centre de la capitale du Burkina .

Il nous a accueilli avec énormément de bienveillance et mis à disposition tout ce qu’il pouvait offrir pour nous mettre à l’aise. C’est Ndiaga qui nous présenta à Khadim et sa soeur restauratrice mais aussi à Diaz et à toute une communauté Sénégalaise et mouride qui rendit le reste de notre séjour encore plus exceptionnel.C’est de ces valeurs de solidarité autour de la Tarikha Mouride dont  je souhaiterai vous parler. A suivre ….

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