JOM le film d’Ababacar Samb Makharam, a été projeté jeudi dernier à l’institut Français plongeant un public séduit dans un Dakar et un Sénégal d’autres temps.
Le cycle Dakar Mon Amour suit son cours. C’est dans ce cadre que JOM a été proposé au public de l’institut Français. Les organisateurs ont bien fait de programmer le magnifique film du réalisateur Ababacar Samb Makharam tant il est d’actualité.
Sorti en 1981, le film garde toute sa fraîcheur. Entre l’histoire du prince Diery Dior Ndella, résistant contre la colonisation, Madjeumbe ouvrier et meneur de grève dans une usine dakaroise et la mythique danseuse Coura Thiaw militante pour le droit de travailleuses de maison, JOM fait l’éloge de la dignité et de l’honneur.
Khaly le griot, maître de la parole et de la mémoire africaine, encourage des ouvriers en conflit avec un patron injuste, à faire preuve de persévérance et de JOM car étant dans leur bon droit. En remontant le temps, il fait parler l’histoire et y puise des exemples de résistances à l’oppression : le colon au colonisé, le maître au domestique et dans un monde plus moderne: le patron aux ouvriers.
Diery Dior Ndella majestueusement interprété par l’intemporel Oumar Seck est un personnage qui a bel et bien existé. Il a tenu tête avec témérité à la domination coloniale avant d’être trahi par son cousin, le poussant à se donner la mort pour ne pas être captif des colons. L’histoire raconte que sa tête fut coupée et envoyée en France. D’ailleurs une des scènes du film le suggère.
Le patron peu vertueux prêt à corrompre tout son monde pour continuer d’exploiter la misère des petites gens, voit se dresser sur son passage, mis à part quelques corrompus, un peuple d’une dignité exemplaire. Las, de trouver la solution à la situation, monsieur Diop (le patron) s’en remis à son griot afin qu’il aide. Le chef d’entreprise nouveau bourgeois de ce Sénégal indépendant, veut donner une fête à l’honneur de son épouse (qui maltraite aussi sa domestique) et veut la célèbre danseuse Coura Thiaw comme hôte. Le griot, troubadour digne également malgré tout, rappelle le militantisme de Coura Thiaw pour la dignité des bonnes de maison.
JOM donne une place importante aux femmes. À travers Coura Thiaw, à travers les épouses de Diery Dior Ndella qui l’encouragerent à mourir dans la bravoure, mais aussi à travers les épouses des ouvriers qui se mobilisèrent afin que l’unité syndicale ne fut pas rompue.
La caméra d’Ababacar Samb Makharam vogue magistralement entre fiction et réalité dans une distribution réunissant de jeunes acteurs à l’epoque qui deviendront de futurs monstres sacrés du cinéma dakarois. Outre, Oumar Seck, le public a eu du plaisir à revoir Rama Diaw, Aminata Fall, Abou Camara ou encore Makhouredia Guèye..
En premiere partie de JOM, le cycle Dakar Mon Amour, avait proposé au public, venu nombreux, Yaadikoone ou le film autour de l’histoire du célèbre Robin des bois sénégalais.
À l’approche de la saison des pluies, Yaadikoone, un jeune garçon de neuf ans, casse accidentellement la toiture de sa maison avec son ballon de foot. Dans sa quête pour la réparer, se mêle l’histoire du mythique Yaadikoone.
Court-metrage de Marc Picavez, sorti en 2016, Yaadikoone est tourné dans un Dakar urbain, rendant compte des bidonvilles dont les immeubles en perpétuel construction, peinent à voir le jour et mettant en évidence surtout la pauvreté, le chômage des jeunes et les conséquences qui en découlent.
Le cycle Dakar Mon Amour, initiative de l’institut Français sous la coordination de Ken Aicha Sy, un éditoral de Laure Malécot et une scénographie de Selly Raby Kane, est une ode à la capitale sénégalaise.
Après Mbeubeus de Nicolas Sawalo Cissé, Même Le Vent de Laurence Attali, L’esprit des lieux de Samba Felix Ndiaye, Rebeuss Chambre 11 de Mame Woury Thioub, Dem Dem de Pape Lopy, Tang Jër de Selly Raby Kane, Une place dans l’avion de Khadidiatou Sow, Anonymes de Fama Reyane Sow, Les Vérités du fou de Bamba Diop, le cycle propose jeudi 24/10 : Moytuleen de Ben Diogaye Beye et de Hubert Laba Ndao.
Enfin, le Jeudi 31 octobre 2024, seront à l’affiche La danse des béquilles
de Yoro Lidel Niang , suvis de Moustapha Dime de Laurence Attali et le très attendu Bukkiteuf de Papalioune Dieng.
Dakar Mon Amour c’est autant de films projetés les jeudis que d’échanges organisés les lendemains. Après les projections de la veille: réalisateurs, producteurs, étudiants en cinéma ou tout simplement cinéphiles, se retrouvent les vendredis vers 15 heures, après la prière donc, autour d’un ataya pour échanger de facon conviviale sur la société et ses tremblements mais aussi discuter et partager des expériences sur la production, la réalisation et l’univers du 7eme art en général.
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