Le ciment clivant de la haine en politique 

L’action politique, depuis l’héritage des Lumières, a créé un espace public laïc et une façon d’interroger le monde, bien au-delà de la seule question du pouvoir politique.

Replacée dans ses contextes, la politisation peut être lue comme un moyen de transformer progressivement des sujets en citoyens, puis à exprimer en termes électoraux un certain nombre de propositions.

La politique est encore une façon de tenir à distance la violence et d’œuvrer à la construction d’un État modernisé et d’une société apaisée en modifiant le répertoire de l’action politique.

Notre pays a opéré une transition démocratique qui augure d’une nouvelle ère de changement qualitatif et les élections législatives qui se profilent vont consolider ces acquis par le renouvellement des effectifs de délibération tant souhaité par la population.

Enivrés par la soif du pouvoir, aventuriers de la politique et tribuns ambitieux manifestent leur désir de légiférer pour un peuple.

Mais contre toute attente, au lieu de s’armer de véritables projets de société, l’opposition presque toutes obédiences confondues, se soude essentiellement et paradoxalement sur des conflits, des dissensions, de l’aversion. Il y a un ciment clivant qui révèle que la haine a quelque chose de permanent, de constitutif, même si elle n’est pas toujours belle à montrer et à voir.

C’est que la haine, justement, est aussi bien une cause qu’un effet, un ressort, un mécanisme, qu’un signe, un phénomène. Elle est ainsi autant un mobile de l’adversité politique qui pousse à agir que la forme de l’action elle-même : c’est par haine que l’on agit avec haine. C’est ce qui la rend aussi diffuse aujourd’hui. Les sentiments hostiles peuvent alors se déployer ouvertement et parfois laisser libre cours à toutes sortes de rêves vengeurs.

Dans le même temps, rumeurs et fantasmes continuent de courir, prenant parfois prétexte d’un cas attesté contre l’ennemi commun, en l’occurrence, le chef du gouvernement Sonko, pour l’exemplifier et le généraliser.

Il y a une véritable psychologie sociale de l’hostilité en ce sens que quand un groupe se réunit contre un ennemi qu’il hait, il se sent fort mais il est lui-même fissuré, en son sein, par la haine. Comment comprendre alors que la haine soude en fait ceux qu’elle divise ? Les observateurs de la vie politique pourraient y voir une grille de lecture pour comprendre les lignes de force qui traversent la vie politique. Les citoyens bénéficieraient ainsi d’une vision prophétique annonçant la fin d’un système de clientélisme politique et de la République opportuniste.

 

 

 

Share

Khady Gadiaga est une communicante de profession. Elle a capitalisé 25 ans d'expérience professionnelle dans différentes entreprises où elle a respectivement occupé les postes de Product Manager, Directrice Commerciale et Marketing, notamment dans les secteurs de l'industrie médicale et textile en Europe et en Afrique. Ancienne directrice du marketing du Festival Mondial des Arts Nègres (FESMAN) de 2005 à 2010, elle a coordonné et orchestré le volet communication et marketing de ce grand rendez-vous culturel. Khady est passionnée de culture, des grandes idées et des mots, elle met sa plume au service des causes justes, parmi lesquelles, la paix et la concorde et la liberté. À ce titre, elle a été directrice de la rédaction, à Debbo Sénégal. Cette ancienne étudiante en Langues étrangères Appliquées à l'économie et au droit à University of Nice Sophia Antipolis, est aujourd'hui Directrice générale à Osmose (Agence de communication Globale) et depuis 2011, met en pratique sa riche expérience en qualité de Consultant expert Sénior en accompagnant les organisations du secteur privé, public et institutionnel en terme de conseils, de coaching et de suivi-évaluation de projets et programmes. Les chroniques de cette dame de aux centres d'intérêts éclectiques, sont désormais sur Kirinapost.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *