Le tagg, déclamation d’un panégyrique généalogique ou une des facettes de la littérature orale Wolof (Le chef d’œuvre « Kor Leer » majestueusement interprété par la grande diva sénégalaise, Kiné Lam, avec en featuring le tambour major, Doudou Ndiaye Rose.) Le président Léopold Sédar Senghor disait que « le poème n’est véritablement poème que lorsqu’il peut être chanté, psalmodié ou déclamé. »
La sphère socio-culturelle Wolof est composée de plusieurs genres littéraires orales tels que le « taasu », le « bàkk », le « laabaan », le « tagg », le « mbànd », le « taaxuraan », le « kañu », le « jàt », entre autres. Mais dans ce post nous allons nous intéresser essentiellement au « tagg. » Le « tagg » est un chant d’éloge accompagné de généalogie, un chant pour égayer les veillées des combats, une déclamation pour encourager les nobles guerriers devant aller sur le champs de bataille et un poème déclamé pour magnifier et célébrer les hauts faits et gestes des hommes valeureux et vertueux.
Dale Carnegie, le père du développement personnel et maître dans l’art de la communication, nous rapporte dans un de ses livres les propos du psychologue Jess Lair qui dit que « l’éloge est comme le soleil pour l’esprit humain. Nous ne pouvons nous épanouir sans lui. » Ce qui nous amène à déduire que quelques mots de louange peuvent changer toute une vie. Ainsi s’il y a un besoin qui est rarement satisfait, c’est le désir d’être reconnu, le désir d’être important.
L’être humain a généralement toujours besoin que ses actions soient louées. C’est dans ce sens que Dale Carnegie nous fait savoir en citant William James que « le principe le plus profond de la nature humaine, c’est la soif d’être apprécié. » Il ne parle pas du souhait ou du désir, mais de la « soif » d’être apprécié. C’est là une soif inextinguible et celui qui peut honnêtement étancher cette soif tient ses semblables entre ses mains ». En l’être humain, brûle ce désir d’être connu, reconnu, d’avoir son compte d’admiration et d’éloges sans cesse crédité. D’ailleurs l’histoire abonde en exemples où l’éloge a fait des miracles. Et cela on l’enseigne aujourd’hui dans les plus grandes écoles de communication alors que les maîtres de la parole, les griots et les généalogistes des sociétés traditionnelles sahéliennes le savaient et le pratiquaient depuis les temps immémoriaux.
Ainsi en Afrique de l’Ouest on ne peut pas parler d’éloge ou de louange sans nommer le griot qui est au centre et garant de la tradition orale. Jadis la tradition interdisait aux nobles de dire du bien d’eux-mêmes ou de leurs ancêtres sauf pour certains événements tels que les veilles de départ à la guerre. Ils devaient se taire et laisser les griots parlaient pour eux. «Les actes de bravoure héroïques, de sacrifices pour sauver l’honneur, de grande générosité, sont magnifiés dans les compositions des griots qui les rendent immortels», écrit Assane Sylla, dans son livre « La philosophie morale des Wolofs. » D’où l’importance du « tagg » chez les Wolofs et généralement dans les sociétés traditionnelles ouest-africaines où le griot, itinérant ou attaché à une famille, occupait une fonction capitale du fait qu’il était à la fois maître de la parole, gardien de la tradition orale et conservateur incontesté des mœurs.
Vidéo d’illustration: La merveille « Kor Leer » majestueusement interprétée par l’une des plus grandes divas sénégalaises, Kiné Lam, avec en featuring le tambour major, Doudou Ndiaye Rose. Un chant d’éloge accompagné de généalogie. Une démonstration magistrale du « tagg » dont je ne me lasse jamais.
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