Le 11 octobre 1947 a eu lieu la grève historique des cheminots africains à Thies. Sous la houlette de Ibrahima Sarr, cette grève marquera fortement le mouvement syndical et comptera dans la lutte pour les indépendances.
Face aux conditions exécrables de travail et la situation salariale extrêmement difficile les cheminots de Thies decide d’aller en grève. Une période pendant laquelle tous les secteurs d’activités, de l’enseignement à la métallurgie sont en ébullition et réclament l’amélioration de leurs conditions.
La grève va durer 160 jours et concerner plus de 15,000 des 20,000 cheminots du réseau Dakar-Niger.
Nous sommes en pleine période coloniale. La France puissance coloniale construit un chemin de fer pour convoyer les richesses du Sénégal et du Mali vers les côtes plus particulièrement le port de Dakar. En 1924, toutes les lignes sont inaugurées.
Les richesses du pays commencent à être pillées et à être acheminées en France de façon continue. Les travailleurs travaillent dans des conditions difficiles. Les grèves éclatent partout et dans tous les secteurs.
Chez les cheminots, plusieurs grèves sporadiques auront lieu. En 1938, une première gréve éclate et la répression de l’armée faisait six morts le 27 septembre 1938 à Thiès (Sénégal). C’est en Commémoration de ce mouvement qu’en 1947 éclate la fameuse grève des cheminots.
Ibrahima Sarr secrétaire général du Syndicat des cheminots Dakar-Niger, puis secrétaire général de la Fédération des Syndicats de Cheminots Africains (FSCA) de 1946 à 1954, va se distinguer en menant cette grève avec pugnacité.
En plus du conflit sur les conditions de travail, la FSCA militait pour l’indépendance à court terme des colonies africaines, et tout conflit local donc susceptible de faire avancer la cause indépendantiste devait être exploité.
Pendant les cinq mois que va durer le mouvement, les femmes des grévistes seront aussi au premier plan. Sans paye ni revenus en argent, leurs epouses aidées par les villages environnants cultivèrent et feront manger les familles des 15,000 grévistes. Des femmes des zones rurales parcoururent des centaines de kilomètres pour amener du mil et du sorgho dans les zones urbaines .
Après 160 jours de grève, 62 % des salariés restent mobilisés. Les négociations s’ouvrent et débouchent sur un statut unique pour les salariés sans distinction raciale et une hausse des salaires de 20 %.
Après avoir conduit de mains de maître, la grève, Ibrahima Sarr devient une figure incontournable du mouvement syndical. Ce Saint-Louisien de naissance ayant fait ses études supérieures à Blanchot, puis le concours d’entrée à la régie du chemin de fer, aura des activités politiques et sera secrétaire chargé de la liaison avec les centrales syndicales et comités d’entreprises de l’Union Progressiste Sénégalais (UPS).
Député UPS de Thiès à l’Assemblée constituante, le 25 novembre 1958, Il est nommé ministre de la Fonction publique et du travail le 7 septembre 1960, puis ministre du Développement social le 12 novembre 1962 jusqu’ à son arrestation, lors de la ‘’tentative de coup d’Etat’’ de l’ex-président du Conseil Mamadou Dia, en décembre 1962.
Ibrahima Sarr fut condamné à 20 ans de prison, avant d’être amnistié le 27 mars 1974. À sa sortie de prison, il tombe malade et décède le 8 mars 1976, à l’âge de 61 ans.
Laisser un commentaire