La Banque Confédérale pour l’Investissement et le Développement de l’Alliance des États du Sahel (BCID-AES) a été officiellement créée après la validation et la signature de ses statuts, près de sept mois après l’annonce du projet.

Encouragement à l’initiative.
L’annonce a été faite le 12 décembre 2025 par le ministre burkinabé de l’Économie et des Finances, Aboubakar Nacanabo, porte-parole des ministres de l’AES. La Confédération du Sahel créé sa banque d’investissement.
La BCID-AES a pour mission de mobiliser des ressources souveraines et de financer des projets prioritaires dans les infrastructures, l’agriculture, l’énergie, la sécurité alimentaire et l’appui au secteur privé des États membres. Elle peut être vue comme s’inscrivant formellement dans la lignée des banques régionales de développement africaines, bien qu’on soit en droit d’en espérer de bien meilleurs résultats en matière de développement économique et de souveraineté d’action. Elle dispose d’un capital initial déjà engagé par le Burkina Faso, le Mali et le Niger, complété par un prélèvement confédéral. L’adoption des statuts permet désormais le passage à la phase opérationnelle, incluant la nomination des dirigeants, la mise en place de la gouvernance interne et la mobilisation de financements supplémentaires.
Le montant du capital n’a pas été révélé, on sera attentif à ses choix stratégiques comme son ouverture éventuelle à des partenaires extérieurs et sa capacité de la banque à financer des projets de grande envergure.
L’histoire économique montre que de telles banques peuvent être les instruments financiers faisant passer des décisions politiques (création de l’AES) en espace économique portant les aspirations et projections des peuples et dirigeants. Des pays comme le Brésil (BNDES), la Corée du Sud (KDB), l’Allemagne (KfW), la Turquie ou la Communauté économique européenne (BEI, 1958) ont su mettre à profit des banques aux statuts similaires pour financer leur industrialisation, des secteurs-clés (Mittlestand en Allemagne), les infrastructures de transport, les grandes entreprises nationales exportatrices, le soutien à des régions défavorisées, etc. Bien souvent les financements ont été orienté vers des projets structurants, à long terme, l’innovation, pas les déficits courants, en maintenant les objectifs d’investissements prioritairement à des allocations sensibles à des intérêts politiciens ou clientélistes. Il est probable que la BCID-AES gagne à envisager un rapprochement avec la Nouvelle Banque de Développement (Banque des BRICS) qui peut statutairement travailler avec des Etats non-membres.

L’AES vient de poser un acte important vers plus de souveraineté
Sans se substituer à une banque centrale qui émet la monnaie fiduciaire, la BCID pourra accompagner la création d’une monnaie AES, en fournissant la demande structurelle de monnaie par les projets financés, en contribuant à sa stabilité par les refinancements de projets à taux fixes par exemple (pour absorber la volatilité initiale de la nouvelle monnaie), en adossant la monnaie à des actifs productifs libellés en monnaie locale. La construction d’une souveraineté minière peut ainsi préparer une meilleure entrée des devises et réserves de change, d’un autre côté la banque d’investissement apporterait un ancrage réel de la nouvelle monnaie pour initier une transformation économique et monétaire souveraine, prometteuse.








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