Cette année, « Les Rendez-vous de l’histoire » qui se déroulent à Blois depuis plus de 25 ans, avaient mis à l’honneur le thème de la « mer » ; c’est donc tout naturellement que le livre réunissant les collaborations de plus de 50 historiens, La mer, 5000 ans d’histoire, est paru en octobre 2022, sous la direction du professeur émérite André Zysberg – notamment connu pour ses travaux sur « La société des galériens ». L’historien rappelle que la Terre ne porte pas le nom de « planète bleue » de façon hasardeuse, mais bien parce qu’elle est recouverte à 70% d’eau. Source:Lucie Haigneré pour lelephant-larevue.fr
Les rapports des hommes à la mer sont constamment questionnés tout au long de l’ouvrage. La mer tantôt tueuse d’hommes, tantôt corne d’abondance avec ses réserves halieutiques et son horizon qui s’étire à l’infini.
Un livre innovant sur les espaces maritimes
Livre dense et complet, l’ouvrage aborde diverses thématiques sur le temps long, de la préhistoire aux interrogations actuelles sur la conservation de la planète bleue. De l’art de la navigation, en passant par les explorateurs et aventuriers ou encore la guerre maritime : le livre est une véritable encyclopédie de la mer et des espaces maritimes : de courts articles se succèdent, ce qui le rend facile à aborder, – et surtout à feuilleter. La linéarité du récit n’est pas nécessaire pour comprendre des articles aussi différents que celui traitant par exemple de : « La Hougue : le Trafalgar de Louis XIV ? » écrit par Patrick Villiers ou celui posant la question : « La Méditerranée a-t-elle été grecque ? » de Hervé Duchêne.
En outre, l’ouvrage contient un petit atlas en couleurs représentant une cinquantaine de cartes et de documents, tous ayant comme thèmes la mer ou l’océan. Une vision didactique à laquelle les cartes participent grandement, permettant de comprendre visuellement un voyage en bateau, des conquêtes de ports, une hégémonie maritime etc.
La mer, un savoir en constant renouvellement
Certaines anecdotes permettent de lire avec plaisir cet ouvrage intéressant. On apprend ou on réapprend (dans un article de Martine Acerra) que le scorbut, la « peste du matelot », a été contré grâce à du jus de citron distribué aux matelots dans les vaisseaux anglais. Ils pouvaient ainsi tenir face aux assauts de la flotte française dirigée par Napoléon, car ils étaient en meilleure santé et donc plus aptes au combat.
Dans l’introduction, on rappelle au lecteur, qu’en 1981, la revue L’Histoire avait déjà eu l’ambition de représenter une histoire de la mer ; le périodique avait participé à un ouvrage « Spécial 2000 ans sur mer ». L’ouvrage de 2022 se veut plus ambitieux, en ajoutant 3000 ans d’histoire à la précédente édition et en proposant « une nouvelle lecture ouverte sur un horizon plus large ».
L’ouvrage insiste sur le fait que la mer a été et demeure un « immense champ de fouilles » et l’intérêt pour cette réserve nécessaire à la vie est constamment renouvelé. On peut d’ailleurs dresser un parallèle entre ces molécules d’H2O et les recherches conduites sur Mars et sur les exoplanètes à la recherche d’eau, symbole de la vie.
Aujourd’hui, le livre est d’une actualité criante, – que l’on pense aux réserves de poissons qui s’amenuisent, à la pollution des océans notamment chargés de plastique et de déchets. En outre, neuf dixièmes des marchandises à longue distance empruntent toujours les voies maritimes. La mer est au centre de la vie des hommes, et les liens qu’ils ont tissés avec elle sont paradoxaux. Le livre, plus qu’une explication linéaire des espaces maritimes, explore ces liens entre nature et être humain.
La mer, 5000 ans d’histoire, sous la direction d’André Zysberg, Les Arènes-L’Histoire, octobre 2022. 640 pages. 29,90€.
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