La dimension spirituelle de la tarikha Tidjane (Par Ndeye Aïda Marie Ndieguène)  

J’étais assise seule à la terrasse d’un café d’une ville quelque part dans le monde sirotant mon  » caramel frappé without coffee » comme le disait le serveur d’un air amusé. 

Je n’aime pas le café et j’insistais sur le « without coffee » si fort et constamment que cela le faisait pouffer de rire. Je le soupçonnais même d’attendre impatiemment mon arrivée.

J’étais là, un livre à la main, seule et perdue dans ma lecture.Quand tout d’un coup, une voix m’interpella.

Le café était bien placé au détour d’une rue assez passante. Il y’avait des tables en extérieur sur la terrasse et des tables à l’intérieur.

J’aimais m’assoir tout au fond à l’intérieur pour lire paisiblement sans être dérangé par le cliqueti incessant de la porte à l’entrée et à la sortie des clients et par le bruit de conversations entre collègues ou amoureux de passage.

Cette voix venait d’une table à côté de moi .

_ « Bonjour » dit-elle d’un ton laconique mais joyeux.

Je relevais les yeux de mon livre pour répondre car il était inhabituel dans un pays anglophone d’entendre un » bonjour ».

_ « Bonjour » retorquai-je en pivotant légèrement pour voir mon interlocuteur.

C’était un bel homme d’âge mur à la barbe blanche habillé d’une tenue classique. Un pantalon et une chemise surmonté d’une veste. La vieillesse n’avait rien enlevé de cette lueur qui illuminant son visage.

_ « As Salam Waleikum ma soeur », comment allez-vous ?

_ « Waleikum Salam, je vais bien et vous?. » Son visage lumineux et joyeux me mit en confiance. Avant même de recevoir une quelconque réponse, je renchéris

_ »Vous parlez français, ça fait plaisir. »

Il répondit par un discret sourire puis sa réponse me surprit.

_ « Tu viens d’où ma sœur? Du Sénégal? »

_ « Oui du Sénégal »…

J’étais quelque peu étonnée qu’il le devine. On ne devinait jamais ma nationalité.

Mais le reste de la conversation était encore plus étonnant.

-« Tu es Tidjane à ce que je vois Masha’Allah » dit-il calmement.

« Moi je suis venue ici pour voir ma fille. J’ai fait un long voyage » renchérit-il.

À ce moment là, j’eus un léger mouvement traduisant mon étonnement. Je lisais un livre de Marc Levy en français certes. Mais il n’y avait rien sur moi qui traduisait mon appartenance à la Tarikha Tidjane.

– « Comment le voyez-vous ? » J’essayais de l’interroger car je me demandais qui j’avais en face de moi.

Il ne répondit pas à cette question.

_ »Comment va ta famille ? Remercies-les de leur passage » dit-il.

De quelle « passage »parlait-il ? Je ne sais pas. Il n’en dit pas plus.

Il eut tout d’un coup un silence. J’étais entrain de me poser des questions intérieurement quand sa voix coupa court à ma réflexion.

_ »Moi je viens d’Algérie, de Ain-Madhi. Vous connaissez. » M’interrogea t-il.

_ »Oui je connais Ain-Madhi par des récits, c’est la ville de naissance de Cheikh Ahmed Tijiany RTA, Abu al-ʿAbbâs Ahmad ibn Muhammad at-Tijânî. »

Il fit un léger sourire et répondit:

-« Nous t’y invitons et nous t’attendons. »

_ »Merci ! J’aimerai beaucoup visiter » dis-je joyeusement en me détournant pour boire de mon caramel frappé dont la crème avait déjà fondue.

Je pris quelques minutes pour en profiter car j’avais l’intention de continuer la conversation.

Lorsque je me retourne , mon ami semble être parti.

Je demande au serveur s’il a vu un veille homme sortir du café il me répond que non.

Il est certainement parti aux toilettes. pensai-je.

J’ai continué ma lecture un peu troublée par la conversation que je venais d’avoir.

Je ne revis jamais le vieil homme à la belle barbe blanche. Il était parti sans la moindre explication.

Peut-être devrai-je me rendre à Ain-Madhi en Algérie pour continuer cette conversation…

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