Encore une fois, la Côte d’Ivoire devient une préoccupation africaine á la veille des élections présidentielles d’octobre 2020 qui, selon plusieurs observateurs de la situation ivoirienne, ces dernières années, rappellent les horribles situations de 2010 avec ses lots d’erreurs, d’injustices et de violations flagrante de la constitution, aux yeux de certains. Cependant, on devrait s’inquiéter et l’Afrique de l’Ouest retient son souffle.
Les rapports de force politiques ont évolués depuis le décès brusque du successeur du Président Ouattara et ex-Premier ministre le défunt Amadou Gon Coulibaly. Depuis. Le choix porté sur sa personne par le Président Ouattara, le défunt était brusquement tombé ‘’ malade’’ et certains, au vu des circonstances du choix, ont tout juste souligné qu’il aurait été sacrifié sous l’autel d’un troisième mandat du Président Ouattara, qui, constitutionnellement en est á son second ; alors que la Constitution ivoirienne réaffirme la limitation du mandat présidentiel á deux.
Si l’opposition ivoirienne incarnée par Henry Konan Bédié, Guillaume Soro, Amadou Coulibaly et…Laurent Gbagbo entre autres fourbirent ses armes, au sein de la majorité présidentielle nous assistons á un clivage d’intérêts entre l’ex-défunt Amadou Gon Coulibaly et le puissant ministre de la Défense et de la Sécurité intérieure et néo-Premier Ministre Ahmed Bakayoko, qui se verrait bien á la place de Ouattara alors que ses ‘’ amis’’ du RHDP, la majorité lui refusent cette prétention á cause de son côté ‘’sombre’’. Il semblerait que seule la candidature du Président Ouattara empêcherait ce clash au sein du parti RHDP, alors que chaque côté peut compter sur une milice ‘’privée’’, fortement armées, en dehors des forces de Sécurité et de Défense ivoirienne.
Si parmi les candidatures déclarées á cette présidentielle d’Octobre 2020 il est á remarquer celle du leader du PDCI Henry Konan Bédié, nous notons aussi celle de l’ancien Ministre des Affaires étrangères de Ouattara Marcel Amon-Tanoh et celle de d’Albert Mabri Toikeusse, frustrés des méthodes de choix du Président Ouattara. D’autres candidats de la Mouvance présidentielle devraient être énoncés compte tenu de la frustration d’anciens compagnons de Ouattara.
Une analyse exaustive des enjeux, menaces et perspectives devrait nous permettre, demain, de ne pas dire ON N’A PAS PU VOIR VENIR.
Contexte
Antérieurement au décès d’Amadou Gon Coulibaly et au chamboulement de l’ordre constitutionnel institutionnel, suite á la démission du Vice-Président, á l’incapacité des Présidents des deux chambres, les conditions d’élections libres, démocratiques, inclusives et consensuelles étaient loin d’être réunies.
En effet, les péripéties de l’ancien Chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, qui malgré son affranchissement par la Cour internationale de Justice, continue de peiner pour humer l’air de son pays où, selon la justice ivoirienne. Il risquerait une peine de vingt (20) ans de prison pour ses responsabilités durant la crise post-électorale de 2010. Son retour en Côte d’Ivoire n’est pas pour demain, d’autant plus que les autorités ivoiriennes restent sourds á sa demande de titre de voyage pour rentre en Côte d’Ivoire, maintenant que la CPI ne s’y oppose plus.
Pour Guillaune Soro, ancien ‘’Chef’’ de l’aile politique de la rébellion alliée de Ouattara et ex-président de l’Assemblée Nationale (deuxième personnalité de l’Etat) et néo-exilé pour avoir osé rappeler les termes du pacte anté-chute de Gbagbo et prétendre á la succession du Président sortent, les conditions de sa condamnations par la justice ivoirienne, pour des faits de détournements et mal-utilisations des deniers publics, laissent présager des intentions de liquidations politiques d’un allié devenu très encombrant. En effet, Le 28 avril 2020, un tribunal ivoirien a déclaré Guillaume Soro, candidat à l’élection présidentielle d’octobre prochain, coupable de détournement et de blanchiment d’argent. L’ancien commandant en chef des rebelles, âgé de 48 ans, a été condamné à 20 ans de prison.
La dimension politique de la condamnation de Soro n’a pas échappé aux Ivoiriens, qui ont été les témoins de son ascension vers le pouvoir au cours des deux dernières décennies. Mais ce sont ses ambitions présidentielles qui expliquent en grande partie sa chute judiciaire. Sa condamnation peut être vue comme le dernier chapitre en date d’une lutte de pouvoir qui a commencé à se nouer depuis la réélection du président Alassane Ouattara, en octobre 2015.
Plusieurs éléments semblent corroborer le soupçon que les poursuites engagées contre Soro sont motivées par des raisons politiques. Son mandat d’arrêt a été rendu public alors que tout le monde savait qu’il se trouvait en Europe, ce qui lui a donné une raison impérieuse de ne pas retourner dans son pays. La décision de le poursuivre par contumace, ainsi que d’autres questions relatives à la légalité de la procédure, laissent penser que l’intention principale du gouvernement était de le tenir à distance, et non de le mettre sous les verrous.
Soro, Bédié, Gbagbo…quels rôles
L’ex Président Henry Konan Bédié, 86 ans, leader du PDCI ancien membre de la mouvance présidentielle le RHDP créé pour consolider l’alliance entre Ouattara, Bédié, Soro et d’autres, a vite pris ses distances avec le pouvoir lorsqu’il est devenu clair á ses yeux que le Président Ouattara ferait tout pour qu’il ne revienne au Pouvoir. Son départ de la mouvance présidentielle s’est traduit par un affaiblissement du parti lorsque certains de ses cadres les plus reconnus ont répondu aux promesses ‘’ endormantes’’ d’Alassane Ouattara. Daniel Kablan Duncan ancien Vice-président de la République et Marcel Amon-Tanoh, ancien Ministre des Affaires étrangères en sont les plus connus et, ont vite déchanté lors de l’intronisation d’Amadou Gon Coulibaly dans des conditions qu’ils ont dénoncés comme étant non-démocratiques.
Le jeudi 30 juillet 2020, entre 14h et 15h, le Président Ouattara a convoqué tous les officiers généraux de la Police, de la Gendarmerie et de l’Armée pour leur passer ses commandements. D’emblée, il leur a expliqué qu’il sera candidat pour un troisième mandat. Il a expliqué qu’il est un démocrate, que ce n’était pas son ambition, mais qu’il est obligé de continuer à diriger le pays face au péril que représente le retour au pouvoir des présidents Bédié et Gbagbo ou de n’importe quel candidat de l’opposition (Soro). Il leur a expliqué qu’il a fait beaucoup de sacrifices pour que le pays en soit là où il est aujourd’hui et qu’il n’est pas question que des gens revanchards viennent tout remettre à plat et que cela, il ne l’accepterait jamais. Il a rappelé tout ce qu’il a fait pour les hommes en armes depuis son arrivée au pouvoir. Comment il a renouvelé leur matériel de travail et de combat. Comment il a amélioré leurs conditions de vie, relevé leurs soldes, leurs primes, etc., et qu’il faut qu’il reste à la barre pour continuer cet excellent travail de réforme des forces de défense et de sécurité qu’il a entamé. Il a annoncé qu’il voulait que les militaires soient les premiers informés de sa décision. Le Président Ouattara a terminé en disant qu’il comptait sur eux et sur leur soutien.
Les généraux lui ont juré fidélité et ont déclaré qu’ils se tenaient à sa disposition. Puis, ils sont repartis, munis chacun de son enveloppe.
Le microcosme politique ivoirien est plongé dans une situation inédite
Toutefois, le Président Alassane Ouattara a dû trouver une solution politique pour suppléer la disparition du candidat du RHDP Amadou Gon Coulibaly en étant disposé á se représenter pour un troisième mandat, alors qu’il se disait déterminer á passer la main á la jeune génération. Seulement, son choix sur ce transfert du pouvoir á la jeunesse s’est porté sur celui qu’il appelait affectueusement ‘’mon fils’’ son Premier ministre d’antan Amadou Gon Coulibaly, que tout le monde savait malade au point de se poser des questions sur ses aptitudes physiques á mener une campagne électorale présidentielle. Ce choix était le point de départ d’une sournoise bataille pour contraindre le Président á revoir son choix. Ainsi, tour á tour certains cadres du RHDP se désolidariseront de cette décision, allant jusqu’á démissionner, tandis que d’autres préféreront combattre le candidat élu du RHDP pour le rendre incapable d’honorer le choix du ‘’Maître’’, le Président Ouattara ; le puissant ministre de la Défense, ancien Premier ministre intérimaire et néo Premier ministre Ahmed Bagayogo faisait partie de ceux-là.
Le microcosme politique ivoirien qui est plongé dans une situation inédite depuis le 8 juillet 2020, date du décès du Premier ministre et candidat du pouvoir, attise les velléités d’un passage en force, prémédité par le camp présidentiel, qui tient contre vents et marées, à ramener le président sortant Alassane Ouattara dans la course présidentielle d’octobre prochain, malgré le caractère inéligible de ce dernier, qui est à fortiori en fin de mandat.
Ce jeu de yoyo agace embarrasse l’Élysée et agace Washington. Selon des informations exclusives obtenues par une source au fait des activités dans la sous-région, Emmanuel MACRON et son cabinet ne veulent pas du tout, entendre d’un troisième mandat du président OUATTARA. «Paris n’agrée pas une candidature pour un troisième mandat du Président Ouattara » Idem pour Washington qui suit de très près l’évolution de la situation politique de la Côte d’Ivoire.
Selon des informations exclusives autorisées à la veille de son voyage dans la capitale malienne, où il participait, aux côtés de quatre Chefs d’Etats de la sous-région, pour sauver Ibrahim Boubacar KEÏTA, le Président du Ghana, Ado Akuffo Nana, a reçu un message de la Maison Blanche, via un émissaire américain, pour dissuader Alassane Ouattara de briguer un 3ème mandat. Selon nos mêmes sources d’informations, avant le départ sur Bamako, le Président ghanéen, a eu une rencontre avec un émissaire américain mardi 21 juillet.
En effet, une frange des cadres avec à sa tête le directeur exécutif du RHDP Adama Bictogo, qui en réalité, n’exécute que le plan concocté par son mentor, Alassane Ouattara, appelle sans cesse cadres et militants à s’aligner pour investir Ouattara comme candidat, au mépris de l’article 183 qui rend cette candidature inconstitutionnelle.
Peur, nervosité et panique sur les différents visages l’Assemblée Nationale
Par ailleurs, mardi 21 Juillet 2020, au siège de l’Assemblée nationale de 16 heures à 21 heures s’était tenue une réunion du Groupe parlementaire RHDP qui s’est avérée très houleuse.
Deux grands blocs se sont affrontés au sein de l’hémicycle. On lisait la peur, la nervosité et la panique sur les différents visages. De nombreuses invectives ont été entendues ici et là. Un groupe parlementaire souvent hétérogène a vu émerger deux blocs. L’un composé des faucons, la plupart des caciques de l’ex-parti sous assistance respiratoire, le RDR, et l’autre bloc, composé des transfuges des partis mouvements alliés et d’autres modérés.
Le premier bloc a estimé que la Candidature du président sortant Alassane Ouattara, nonobstant le fait que ce dernier était en fin de mandat, demeurait la seule et unique alternative pour la conservation du Pouvoir dans 3 mois. En dehors d’elle, ni Hamed Bakayoko, l’actuel Premier ministre et ministre de La Défense qui affiche ses ambitions mais dont l’ascension politique est jugée ‘’ trouble’’ par ses frères, encore moins Patrick Achi, secrétaire général à la présidence, apparatchik sans base politique, ne peuvent conduire la mouvance présidentielle à la victoire finale. Ce bloc argue même si la candidature du président Ouattara est anti Constitutionnelle, les députés de cette frange de cadres, eux estiment que c’est le meilleur schéma pour s’en sortir. « Si Ouattara n’est pas Candidat, c’est nous tous qui iront en prison ou à l’exil.
Les éléments de l’autre bloc réfutent l’idée en mettant en avant les risques politiques qu’un forcing pour un troisième mandat fera planer sur la cohésion nationale en Côte d’Ivoire. Certains ne pouvant accepter la ‘’ forfaiture á venir’’ ont préféré démissionner et acter leur candidature aux prochaines présidentielles.
Enjeux
Lorsque le Président Alassane Ouattara accédé au pouvoir en 2011, au prix d’élections chaotiques, non transparentes marquées par le sceau de l’ingérence extérieure flagrante, d’exécutions de civils et de militaires dans des circonstances non encore élucidées, de renvoi devant le Tribunal International de certains, la communauté internationale a acquiescé et les autorités de la Cedeao ont laissé faire. La justice des vainqueurs a sanctionné les uns et promu d’autres au gré de leur dévouement au nouveau Maître le Président Ouattara. Sur la base de promesses et de passe-droits le Président s’est attelé á créé une nouvelle race de politiciens nés d’arrangements, de compromission et surtout de pratiques politiques malsaines.
Le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (abrégé en RHDP) est une coalition de partis politiques ivoiriens, fondée le 18 mai 2005 et transformée en parti le 16 juillet 2018. Cette coalition incarne principalement la droite ivoirienne d’obédience houphouëtiste, c’est-à-dire se réclamant de l’idéologie politique du fondateur de la Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny.
Les RHDP était une composition initiale cinq partis politiques: Rassemblement des républicains, parti dont est issu l’actuel président Alassane Dramane Ouattara ; Parti démocratique de Côte d’Ivoire, dirigé par Henri Konan Bédié ; Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire, dirigé par Albert Toikeusse Mabri ; Mouvement des forces d’avenir, dirigé par Ouattara Siaka ; Union pour la Côte d’Ivoire, dirigé par Anicet Brou Yao. En vue de l’élection présidentielle ivoirienne de 2015, les partis de la coalition soutiennent officiellement une candidature unique d’Alassane Ouattara pour un second mandat sous la bannière du RHDP. En 2018, le RDR et l’UDPCI annoncent la transformation du RHDP en parti politique, mais sans que les autres membres de la coalition ne l’approuvent.
Une série de démission au RDR-RHDP ont attiré l’attention suite á des modifications constitutionnelles qui montraient la voie que le Président allait suivre. Le Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) était, il y a quelques années, une grande plate-forme politique. La cohésion y régnait et cela faisait du RHDP, une force politique puissante.
Peu à peu, cette cohésion a volé en éclat. Plusieurs grands ténors de cette plate-forme dont Henri Konan Bédié, Anaky Kobenan, Mabri Toikeusse, Guillaume Soro, Marcel Amon-Tanoh, Charles Konan Banny… ont fini par quitter le navire. Sont restés au parti des hommes d’affaires véreux et des opportunistes politiques, en quête de protection présidentielle pour des supposés délits graves qui pourraient les exposés demain á la Justice, dès lors leur immunité perdue.
Même s’il est réélu, ADO serait dans l’incapacité physique de terminer un hypothétique troisième mandat
Des informations très sérieuses font état de condition de santé en déliquescence du Président Ouattara et même qu’il serait dans l’incapacité physique de terminer un hypothétique troisième mandat. Et c’est la raison principale des combats fratricides au sein du RHDP pour mieux se positionner en cas de vacance du pouvoir á Abidjan.
Du côté de l’opposition réduite á sa plus simple impression, elle tentera avec le candidat du PDCI Henry Konan Bédie (86 ans) et certainement le candidat étatique du FPI, Affi Nguessian d’amuser la galerie car, si l’on en croit, le candidat-Président sortant créerai toutes les conditions pour gagner au premier tour et imposer un rapport de forces avec les populations, d’où sa dernière décision de recevoir tous les chefs des FSD, ainsi que des Juges et magistrats pour mieux préparer la forfaiture.
Il n’en demeura pas moins que ces figures importantes de la politique ivoirienne de ces dernières décennies ne se laisseront pas brutalement renvoyer á la retraite politique par Alassane Ouattara sans abattre leurs dernières cartes.
Même si au sein du RHDP, la solution Ouattara, pour apaiser les tensions internes semblent acquise, elle ne saurait être interprétée comme une solution définitive car même s’il est réélu, en Octobre prochain, ADO ne terminera pas son mandat pour des raisons de santé et, se posera encore la lancinante question de sa succession ; une chose est sûre l’actuel Premier ministre ne se laissera pas doubler encore une fois. Et cela risquera de précipiter la Côte d’Ivoire dans les affres de la situation identique á celle de 2010.
Perspectives
Le Président Alassane Ouattara a décidé le 06 Août 2020, contrairement á sa promesse de passer le flambeau á la jeune génération et aux dispositions constitutionnelles qui l’empêcheraient, selon certains, de présenter sa candidature pour un troisième mandat (ou le premier de la nouvelle constitution de 2016). Il a invoqué l’impossibilité de trouver dans le temps impartie un candidat consensuel á même de conduire le RHDP aux présidentielles d’Octobre 2020. Cependant, il serait bon de rappeler que le choix porter sur la personne du défunt Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly n’était point consensuel d’où les démissions de figures importantes du parti et la guerre larvée qui s’en est suivie entre les Pro-Gon et les Pro-Bakayoko. Maintenant, que Gon est parti, seuls restaient Ahmed Bakayoko, le tout-puissant ministre de la défense et actuel Premier ministre á qui beaucoup d’observateurs et d’ivoiriens reprochent les scandales et délits á caractère mafieux dans lesquelles son nom aurait été mêlé et, Patrick Achi, un transfuge du PDCI qui faute d’assise solide au sein du parti, attend son heure et, est conscient de pouvoir offrir une alternative crédible et consensuelle á la succession, si on lui en offrait les moyens.
Ado s’est mis volontairement dans l’entonnoir. Ses alliés d’hier l’ont quitté car il leur a laissé entendre qu’ils pourraient lui succéder. On ne peut le dissuader de se lancer dans la bataille, mais on a été très clairs sur les risques qu’il encoure, de quoi saper son héritage de bâtisseur et le redressement économique du pays. Il doit ouvrir un dialogue avec l’opposition et la société civile pour reporter l’élection et mettre en place un groupe de travail pour préparer les conditions d’un scrutin inclusif et transparent.
Des personnalités lui ont suggéré d’appeler à la mobilisation nationale. Justification : la crise sanitaire et économique, le regain de tensions sécuritaires au nord. Pour décrisper l’atmosphère, elles lui conseillent de libérer et gracier les détenus d’opinion, de permettre le retour des exilés politiques comme Laurent Gbagbo, qui a demandé à rentrer.
Les germes d’un nouveau conflit socio-politique sont perceptibles pour ceux qui prennent le temps d’écouter le cœur battant du pays. Les bons résultats économiques n’ont pas fait disparaître les fractures identitaires. La politique de réconciliation n’a pas abouti. Dans l’intimité des foyers, on dénonce l’affairisme d’une caste de privilégiés. Les opposants vont souffler sur ces braises même si les derniers venus sont difficilement crédibles après avoir participé à la cène. Guillaume Soro, présenté en héritier en 2011, a quitté Ouattara en 2019 et se trouve en exil à Paris, accusé d’avoir préparé une insurrection.
Vers un front anti ADO
Fin 2018, l’ex-président Henri Konan Bédié a aussi rompu l’alliance gouvernementale. Il espérait qu’Ado appelle à voter pour lui après l’avoir soutenu pour sa réélection en 2015. Daniel Kablan Duncan, autre ami de quarante ans du chef de l’Etat, qui faisait aussi figure de potentiel dauphin, a démissionné récemment de la vice-présidence de la république. D’autres alliés ont quitté le navire.
Un front anti-Ouattara se dessine, les médias francophones et les artistes de musique urbaine ressortent ses promesses de respect de la constitution. Une opposition hétéroclite exploite cette dynamique pour dénoncer des manœuvres politiciennes contraires à l’esprit de Loi fondamentale.
Fort du soutien d’élus locaux, Ouattara a pourtant décidé de passer par le trou d’une aiguille pour se faire élire au premier tour. Ses porte-voix vont faire campagne sur la constitutionnalité du troisième mandat, son lien affectif avec son peuple, son bilan. Ils devraient mettre en avant de nouvelles figures du parti originaires du centre, du sud et de l’ouest pour échapper à la stigmatisation d’un parti ethnique. Ils s’appuieront surtout sur une redoutable machine financière et électorale.
« Le conflit ivoirien est artificiel, veut croire l’un des barons du RHDP. On s’est préparé à quelques troubles. Après le vertige des urnes, on se retrouvera entre Ivoiriens. » Aveuglement de dirigeants usés par le pouvoir pensant que la réélection d’Ado passera comme une lettre à la poste ? «Ouattara va devoir réprimer massivement et risque de finir dans le costume d’Idi Amin Dada ».
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