En accédant au pouvoir, le président Bassirou Diomaye Faye incarnait l’espoir d’une rupture nette, sans compromission avec l’ancien système. Mais au lieu d’imposer dès le départ une ligne ferme et intransigeante, il a choisi la voie de l’apaisement, se laissant progressivement happer par le piège du politiquement correct et par le jeu institutionnel qui, en théorie, protège la démocratie, mais qui en pratique peut devenir une arme d’étouffement du changement.
La séparation des pouvoirs, principe cardinal de l’État de droit, est aujourd’hui utilisée comme une camisole : elle empêche toute action vigoureuse contre ceux qui, tapis dans l’ombre, continuent de tirer les ficelles de l’ancien régime.
Dans sa quête de respectabilité auprès des élites du système, Diomaye s’expose à un paradoxe fatal : plus il cherche à rassurer, plus il s’éloigne de sa base et de sa famille politique, celle qui a porté le projet de rupture au prix de sacrifices immenses.
Or, la situation héritée ne permettait ni demi-mesure ni compromis excessifs. Le Sénégal sortait d’années de prédation, d’injustices flagrantes et de promesses trahies. La paix et la conciliation ne pouvaient avoir de sens qu’après avoir établi une justice ferme, rapide et exemplaire. Gouverner, dans ce contexte, exigeait non pas la douceur du consensus, mais la rigueur d’une main de fer.
L’histoire enseigne que les révolutions qui s’embourbent dans la recherche de validation finissent absorbées par ce qu’elles voulaient détruire. En ménageant ceux qui ont toujours prospéré dans l’impunité, Diomaye risque de voir son projet de rupture se dissoudre dans le confort du statu quo.
La démocratie, si elle n’est pas accompagnée d’une réelle volonté de justice, devient un piège : un théâtre où l’on parle de gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, mais où ce dernier demeure spectateur d’un changement avorté.
Le véritable courage politique aurait été d’assumer, dès les premiers jours, une intransigeance sans précédent, même au prix d’être taxé d’« anti-démocrate ». Car ce n’est qu’après avoir imposé la justice que l’apaisement aurait eu un sens.
Daouda Mbaye, UCGiste, très très très mais incroyablement déçu
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