Inédite séance de lecture autour de la vie d’Omar Blondin Diop à l’institut français de Dakar

“Cette si longue quête. Vie et mort d’Omar Blondin Diop » a été racontée le 25 juillet dernier par Florian Bobin à l’Institut Français de Dakar. Tout un symbole, qu’une séance de lecture dans la salle de projection que les frères et camarades d’Omar Blondin Diop incendièrent en janvier 1971. Modérée par la formidable écrivaine Fatimata Diallo, la rencontre a réuni du beau monde à l’institut.

Inédite séance de lecture autour de la vie d’Omar Blondin Diop à l’institut français de Dakar, Information Afrique Kirinapost

(Capture d’écran)-Lecture de Florian Bobin sous la modération de la formidable écrivaine Fatimata Diallo. En arrière plan à l’écran des images et sons des années 60-70.

Le concept original est à refaire.Des images d’archives des années 60-70 et une musique d’époque, témoins parfaits du parcours d’ Omar Blondin Diop ont agrémenté le récit poignant par moment de Florian Bobin

. « La voix hypnotique de Florian a réussi à rendre celle d’Omar audible » a commenté la modératrice Fatimata Diallo au sortir  de la séance de lecture.

“Cette si longue quête. Vie et mort d’Omar Blondin Diop (éd. Jimsaan, 2024), fruit d’ intenses années de recherches de l’historien Florian Bobin, raconte l’itinéraire du jeune révolutionnaire et penseur mort dans les geôles du régime de Senghor.

Les morceaux choisis pour la séance de lecture, témoignent à merveille de la vie furtive et brillante du jeune militant. Naissance à Niamey au Niger, déménagement à Paris, Mai 68, brève expulsion vers Dakar, puis retour à Paris, formation militaire, arrestation à Bamako, mort à Dakar. Les séquences, sur une mise en scène imaginée par Florian Bobin, ont séduit le public. L’émotion était au rendez-vous. Si bien que les échanges qui ont suivi la séance de lecture ont été passionnants et ont été à la hauteur de l’événement.

Omar Blondin Blondin mérite-t-il des éloges ? Est-il un héros ? Que reste t-il de ses idées ? Autant de questions qui sont revenues.

Parmi les interventions, Laurent Viguié directeur du Service coopération et d’action culturelle venu « comprendre l’importance du personnage », aa salué la mise en scène et la prestation du lecteur et de la modératrice.

« Je suis resté sur ma faim, peut-être c’est un choix éditorial et que le livre en parle, mais sur l’importance du personnage aujourd’hui, en quoi il peut parler aux jeunes générations. Un certain nombre de ses écrits font échos aux combats politiques d’aujourd’hui, mais est-ce la personne qu’on met sur un tee-shirt et dont on reste à la surface. Est-ce un personnage d’un panthéon mythifié ou est-ce qu’il y a une appropriation plus profonde de la pensée malgré la mort très jeune »  a interpellé le diplomate.

Importante interpellation en cette période où la jeunesse sénégalaise, s’accapare de certains noms, capture des moments historiques qui collent à son désir d’émancipation dans son grand combat pour la souveraineté. Dans sa réponse, Florian Bobin a souligné la double permanence de Omar Blondin.

« La permanence de Omar Blondin Diop est double. Dans les années 70 80, juste après sa mort, il est le martyr de la gauche révolutionnaire. Depuis quelques années, il est le martyr du panafricanisme. Aujourd’hui,Il symbolise cette figure historique qui joint le militantisme à la réflexion politique critique » a fait savoir le chercheur.

Il faut dire que la conservation d’une partie de ses textes manuscrits (de 1967 à 1970) par sa famille et le travail de Florian Bobin qui avaient donné « Nous voir nous-mêmes du dehors. Réflexions politiques d’Omar Blondin Diop (1967-1970)” (auto-édition, 2023) » une sorte d’ouvrage d’outre-tombe de Omar Blondin Diop, a permis à bon nombre de militants et de jeunes africains tout simplement de se saisir de sa pensée. Ce livre d’une actualité inouïe avec des réflexions sur la guerre, la révolution, la colonisation et la décolonisation, la culture, la formation idéologique, l’internationalisme, la place des intellectuels, parlent à cette jeunesse en quête de repères.

Héros ? ange ? Ce qui est sûr est que Omar Blondin était un intellectuel dense, produit de son temps. Comme le dira Mareme Blondin Diop nièce de Omar présente dans la salle, il ne s’agit pas d’idéaliser ou de le dépeindre Omar comme un ange mais de savoir que nous sommes tous des humains avec nos qualités et nos défauts.

Sous ce rapport, le travail de Florian Bobin est assez objectif avec une grande rigueur de chercheur. C’est ce qui est le plus important.

Becaye Blondin Diop petit frère de Omar, lui aussi présent à la projection est allé dans le même sens en  magnifiant le travail de l’auteur. Rappelant au passage que beaucoup de membres de la famille Diop ont essayé d’écrire sur Omar sans y parvenir.

« La manière dont Florian transcrit les choses qu’il prend ici et là, ses interviews pour écrire son ouvrage, est d’une fidélité absolue et personne ne lui a dit d’écrire quoi que ce soit. La vérité est souvent la vérités des vainqueurs et Florian n’a pas falsifié l’histoire » a commenté le petit frère de Omar Blondin Diop.

50 ans après sa mort, la vie d’Omar Blondin Diop continue de susciter l’admiration et de soulever des questions. Depuis près d’un demi-siècle, la version officielle du suicide est largement contestée par de nombreuses voix dénonçant un assassinat. D’un autre coté, la jeunesse militante s’identifie de plus en plus à sa pensée. En témoigne l’élargissement des lieux de débats et d’échanges surs ses idées et son parcours.

Inédite séance de lecture autour de la vie d’Omar Blondin Diop à l’institut français de Dakar, Information Afrique Kirinapost

« Il faut souligner le caractère inédit, voire insolite de cette séance de lecture dans cette salle que mes frères, il y a 50 années voulaient bruler. Il faut dire que Sénégal est un pays relativement ouvert et révolutionnaire pour le cas » Becaye Blondin Diop

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