Meissa Gaye Samb • Hommage à mon grand-père qui m’a élevé, Alaji Maroqaya Kumba Jàngaan, une figure emblématique et un des piliers de la tradition orale du Njàmbur.
Dans le Njàmbur, Alaji Maroqaya Kumba Jàngaan était une figure emblématique dont le nom résonnait avec respect. Sa réputation s’étendait bien au-delà de Sakal où tout le monde lui vouait beaucoup de respect, dans les provinces du COOL, du MBATAAR, du NGÀNGUNE et du CAÑALDE, où il était reconnu tant pour sa sagesse que pour son franc-parler et son rôle de stabilisateur social.
Patriarche d’une grande lignée, il était le père de lbra Thioro, son fils aîné, de Ndiane Maroqaya, mon père, de Ndiouga Maroqaya et d’Assane Maroqaya, ce dernier étant devenu une référence nationale en tant que gardien de l’histoire des royaumes du Kajoor et du Baol.
Dans sa vaste concession familiale de Sakal, mon grand-père nous a élevés, nous ses petits-fils, avec une attention particulière. J’étais le troisième d’entre nous, et chose remarquable, il nous portait un amour plus démonstratif qu’à ses propres fils, dont certains étaient de notre classe d’âge.
En nous donnant une éducation fondée sur des valeurs cardinales, il nous a transmis des valeurs fondamentales : le JOM, le FULLA, le FAYDA et le NGOR – concepts si profonds qu’une traduction française ne saurait en capturer toute la richesse. Son engagement dans notre éducation était total, veillant particulièrement à notre excellence scolaire.
La clairvoyance de mon grand-père s’est manifestée particulièrement dans sa capacité à conjuguer tradition et modernité. Tout en transmettant la culture traditionnelle à ses premiers enfants, il a su guider sa progéniture vers les plus hautes sphères de l’administration et des professions intellectuelles. Sa descendance compte ainsi de nombreux cadres de haut niveau parmi lesquels : Samba Fall Samb, qui dirigea le bureau des archives de la Présidence de la République ; Maxurédia Samb, l’un des premiers journalistes sénégalais formés à la prestigieuse École de journalisme de Lille (1962-1963). Leur petit frère Badara Samb était un excellent maître d’hôtel qui a terminé sa carrière à l’hôtel Palm Beach de Saly et les frères Bathie et Daouda Samb, ont occupé respectivement les postes de Chef comptable à l’ASECNA et de contrôleur aérien à l’aéroport Léopold Sédar Senghor. Mon grand-frère Gallo Sàmb, son premier petit-fils qu’il chérissait tant, a, quant à lui consacré l’essentiel de sa carrière à la fonction de bibliothécaire documentaliste à l’Inspection générale d’État à la Présidence de la République après avoir été diplômé de l’École des Bibliothécaires et Archivistes de l’UCAD.
La période des pluies marquait notre initiation aux travaux agricoles. Nous cultivions l’arachide, le mil et le ñebbe, participant à chaque étape, du semis jusqu’au glanage des dernières graines . Ces travaux ne nous empêchaient cependant pas de nous adonner au football l’après-midi et de participer aux différentes activités culturelles du village.
À la fin de l’hivernage, nous avions chacun ses corvées de collecte de bois de chauffe, de NJËMB ou de XAT pour la rénovation de la tapade et de XER pour l’entretien des clôtures . Pour mon grand-père, l’oisiveté était le signe d’un ÑAKK JOM, présage d’un avenir compromis.
Avant chaque départ pour les études en ville, qu’elles soient à Saint-Louis, Louga, Thiès ou Dakar, il nous réunissait pour des conseils solennels. Ces moments étaient empreints d’une gravité particulière, où il nous mettait en garde contre les écueils de la vie urbaine tout en nous rappelant nos objectifs.
Son départ le 16 janvier 1972, alors que j’étais encore lycéen, m’a malheureusement privé de l’opportunité de lui témoigner toute ma reconnaissance. Aujourd’hui encore, ces souvenirs m’émeuvent profondément.
Que la terre de Kër Wóolu Saar ( cimetière de Sakal) lui soit légère et que le Paradis Firdaws soit sa demeure éternelle.
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