Khalil Kaba • le grand saxophoniste guinéen Mamadou Aliou Barry dit Maître Barry a tiré sa révérence lundi vers 3 heures du matin dans un hôpital à Lens en France. C’est sa famille en France qui a annoncé la triste nouvelle. Il avait 79 ans !
Né en 1947 à Kindia, Mamadou Aliou Barry dit Maître Barry etait un auteur-compositeur, arrangeur, chef d’orchestre, percussionniste, flûtiste et saxophoniste virtuose. Fils de Mamadou Oury Barry, accordéoniste et batteur de l’orchestre Le Pavillon Bleu de Kindia dans les années 1940/1950, il reçoit auprès de ce dernier ses premières leçons musicales, avant de devenir maître tambour au sein des Ballets de Guinée, et de s’orienter plus tard vers un style naviguant entre afrobeats guinéens (musique pulaar (peule), musique mandingue…), afro-pop, afro-jazz, afro-funk, afro-cubain ou encore afro-zouk. ”
Mamadou Barry appartient à la génération de musiciens guinéens ayant grandi dans un pays où la culture et particulièrement la musique – avait été érigée en instrument politique afin de contribuer à la naissance d’un sentiment national. Le mécénat et le soutien aux artistes affichés par l’Etat ont permis à la musique moderne guinéenne de vivre son âge d’or. Des orchestres comme le Bembeya Jazz National, des chanteurs comme Kouyaté Sory Kandia, Aboubacar Demba Camara, Sékouba Bambino, ou un guitariste comme Sékou « bembeya » Diabaté dit “Diamond Fingers” ont eu un rayonnement dans toute l’Afrique et connu un succès populaire sans précédent. Basées sur les musiques traditionnelles d’une exceptionnelle richesse d’un pays composé de nombreux groupes ethniques, avec une forte et longue histoire, transmise depuis des siècles par les djélis (griots), les musiques guinéennes possèdent une identité et une originalité qui ne sont pas sans rappeler celles du Mali, autre grand pays de la musique.
Mamadou Barry et le Kaloum Star
Instituteur devenu musicien par passion, autoditacte, Mamadou Barry est initié aux instruments à vent par le clarinettiste martiniquais Honoré Copé (membre fondateur du Syli Orchestre de Guinée en 1959), et formateur de musiciens débutants. Par la suite, il se forme à la théorie musicale auprès d’un professeur nord coréen. Après un voyage à Cuba où il découvre le « son montuno », celui qu’on surnommera Maître Barry se lance dans la composition et se perfectionne dans l’arrangement.
En 1966, il devient le chef d’orchestre du Kaloum Star une des formations pionnières du pays, et dernier big bang « mécéné » par Sékou Touré. Il dirige ensuite le Gombo Jazz qui se produit régulièrement dans la capitale guinéenne. Cette formation se distingue alors par son ouverture vers jazz, l’afro-beat nigérian, le highlife ghanéen, des styles musicaux qu’elle introduit dans le folklore mandingue modernisé.
Depuis la fin des années 1980, et celle des orchestres conventionnés, Mamadou Barry se produit dans les clubs de la capitale Conakry, en Afrique et en Europe, avec diverses formations entouré de jeunes musiciens qu’il forme et met en valeur.
Considéré depuis longtemps comme un des musiciens incontournables de la scène guinéenne, « Maître » Mamadou BARRY fait partie de ces artistes qui ont fait la légende des musiques urbaines africaines des années post-indépendance. Ancien chef d’orchestre des AMAZONES DE GUINÉE, il a joué dans de nombreux orchestres nationaux dont les mythiques BEMBEYA JAZZ et KELETIGUI ET SES TAMBOURINIS…
Multi-instrumentiste, Mamadou fut aussi maître tambour au sein de l’ENSEMBLE DES BALLETS DE CONAKRY. African Groove dont il était le patron est une fierté nationale dont le talent est sollicité partout en Afrique et dans le monde.
Son décès ce mardi 26 juillet 2022 en France créé une véritable onde de choc dans le monde culturel et artistique guineen. Comme le dit si bien doyen Tabouna Sylla , c’est un autre exceptionnel qui tire sa reverence.
Que l’âme de ce patriote repose en paix au paradis. Amina yarabi !
Sélection Khalil KABA
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