La CAN 1965 a lieu en Tunisie. Le Sénégal participe pour la première fois aux joutes continentales. L’équipe du sélectionneur Habib Ba s’appuie sur des joueurs de grand talent comme Matar Niang, considéré par beaucoup comme l’un des plus grands joueurs sénégalais de l’histoire, Louis Camara, Louis Gomis, Oumar Guèye Samb et autres Abdoulaye Diop « Pelé ».
Après des éliminatoires qui voient les Lions affronter le Mali et la Guinée, le Sénégal se qualifie et se retrouve donc à la CAN dans la même poule que le pays hôte, le Tunisie ainsi que l’Ethiopie, vainqueur de la pénultième CAN en 1962.
À l’époque, seules 6 équipes se qualifient pour la Coupe d’Afrique de Nations. Elles sont réparties dans deux poules de 3 et les deux vainqueurs de poule se retrouvent en finale.
Dans le match d’ouverture, le 12 novembre 1965, la Tunisie écrase l’Ethiopie sur le score de 4 buts à 0. Le Sénégal est exempt et entre en compétition 48 heures plus tard, le 14 novembre, pour affronter la Tunisie. Le match est ultra serré et se termine sur un score vierge : 0-0.
Et c’est donc le 19 novembre 1965 que les Lions jouent leur qualification face à des Ethiopiens qui ne peuvent viser alors que la 3ème place. Ils donnent tout de même du fil à retordre aux sénégalais, Luciano Vassalo, meilleur joueur de la CAN 1962, répondant à la 12ème minute à l’ouverture du score précoce de Louis Gomis. En effet, la trotteuse de l’horloge du Stade Cheldly-Zouiten bouclait à peine son 3ème tour quand les Lions trouvent l’ouverture.
Ce n’est qu’à la 37ème minute que le Sénégal se détache sur un but d’Oumar Guèye Samb, attaquant de l’US Ouakam, qui est à l’époque le meilleur buteur en sélection.
Les lions prennent le (grand) large en seconde mi-temps avec un nouveau but de l’élégant Louis Gomis et un doublé du génie Matar Niang, 21 ans à l’époque.
La rencontre se termine sur le score fleuve de 5 buts à 1 et, pour qui connait le règlement de la CAF, le billet pour la finale est en poche. La Tunisie et le Sénégal ont certes le même nombre de points et un goal-average identique (+4), mais les Lions ont marqué un but de plus que les Aigles de Carthage.
Les supporters sénégalais vont vite déchanter. Mbaye Ndir, représentant sénégalais à la CAN auprès de la CAF, apprend en réunion de commission que le règlement a changé, comme par magie, et que c’est l’équipe qui a la meilleure défense qui jouera la finale. Ce sera donc la Tunisie, dont les dirigeants ont œuvré en coulisses pour tordre le bras au président de la CAF.
Quand Ndir apprend la nouvelle au staff technique et aux joueurs, ils manquent de s’étouffer. La colère gronde et rapidement, une décision est prise : le Sénégal ne jouera pas le match pour la 3ème place contre la Côte d’Ivoire, deuxième de l’autre poule derrière le Ghana. Alassane Ndiaye Alou dira que ce sont les subtilités de l’algèbre qui ont éliminé le Sénégal.
La nouvelle du boycott arrive aux oreilles du Président Senghor, qui ne l’entend pas de cette oreille. Pour lui, il est hors de question de se froisser avec son homologue tunisien Habib Bourguiba et de ternir les relations entre les 2 pays. Il exhorte (force ?) les Lions à finir la compétition et c’est contre mauvaise fortune, bon cœur, que l’équipe du Sénégal dispute et perd (2 buts à 1) le match face à la Côte d’Ivoire.
La morale sera sauve au final, car la Tunisie se fera battre par les Black Stars du Ghana, menés par l’excellent Osei Kofi.
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