L’absurde projet de Trump consistant à annexer Gaza ne sera jamais toléré par les Palestiniens.Source : Michel Moushabeck, Truthout, Les-Crises
Après avoir été déplacés, des enfants palestiniens sur un monticule de sable surplombent des tentes installées au milieu de bâtiments détruits à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 6 février 2025. © Bashar Taleb / AFP via Getty Images
Depuis que le président Donald Trump a pris ses fonctions il y a près de deux semaines, il a signé des dizaines de décrets qui nuiront à chacun d’entre nous ici sur le plan national, et qui accentueront encore davantage le repli sur soi et l’affaiblissement de la position des États-Unis dans le monde.
Immédiatement après son investiture, le président Trump a signé un décret qui résilie les sanctions imposées aux colons extrémistes de Cisjordanie qui ont commis des crimes violents contre des Palestiniens. Il a également annulé les restrictions imposées par l’ancien président Joe Biden à l’envoi à Israël des bombes de 2 000 livres qui peuvent effacer des quartiers entiers, et a autorisé l’envoi d’armes supplémentaires, à hauteur d’un milliard de dollars, au gouvernement israélien.
Plus récemment, il a aussi signé des décrets imposant un gel du financement de l’USAID dans le monde entier, interdisant tout financement de l’UNRWA dans le futur – c’est pourtant la seule agence à même d’acheminer l’aide dont Gaza a désespérément besoin – et retirant les États-Unis du Conseil des droits humains de l’ONU après l’avoir accusé de partialité anti-israélienne. Il a également pris un décret visant à réprimer la dissidence pro-palestinienne, la mobilisation sur les campus contre le génocide israélien, et a menacé d’expulsion les étudiants étrangers détenteurs d’un visa d’étudiant.
Toutes ces mesures – auxquelles s’ajoutent les nominations résolument pro-israéliennes à des postes clés – confirment le soutien inconditionnel des États-Unis au génocide israélien et continuent de soustraire l’État d’apartheid à toute obligation de rendre des comptes.
Et maintenant, le comble de toutes les surprises
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou est le premier dirigeant d’un pays étranger à être invité à la Maison Blanche depuis l’entrée en fonction de Trump. Avant leur rencontre du 4 février, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a décrit la visite de Netanyahu comme une « réunion de travail » et a affirmé que le président « continue de soutenir Israël et de veiller à ce que les terroristes barbares de cette région subissent un véritable enfer ».
Lors d’une conférence de presse organisée à la suite de cette réunion, le président Trump a fait une déclaration fracassante, annonçant : « Les États-Unis prendront le contrôle de la bande de Gaza, et nous ferons du bon travail. Nous en serons propriétaires. »
Quelques jours à peine après qu’un demi-million de Palestiniens déplacés ont fait le difficile voyage pour retourner vers leurs maisons et quartiers complètement détruits dans le nord de Gaza, le président Trump a inconsidérément plaidé pour le transfert de 2 millions de Palestiniens vers les pays voisins – mais, bien sûr, pas vers Israël.
Interrogé par un journaliste sur l’éventualité d’un recours à la force militaire dans le cadre du plan qu’il propose, il a répondu : « En ce qui concerne Gaza, nous ferons le nécessaire. Si c’est nécessaire, nous le ferons. »
Ce n’est pas la première fois que le cercle rapproché de Trump fait allusion à la transformation de Gaza en « Riviera du Moyen-Orient ». Le 15 février 2024, lors d’une interview à l’université de Harvard, Jared Kushner, le gendre du président, a fait l’éloge du caractère « très lucratif » d’ « immeubles en bord de mer » à Gaza. Il a suggéré qu’Israël déloge les Palestiniens pendant le « nettoyage » de la bande de Gaza.
Lors de sa conférence de presse, Trump a affirmé qu’il s’était entretenu avec les dirigeants de la région. « Tous ceux à qui j’ai parlé adorent l’idée que les États-Unis possèdent ce morceau de terre », a-t-il déclaré. Mais se pourrait-il qu’il n’ait parlé qu’à une seule personne – son gendre – et qu’il agisse sur ses conseils ?
Quiconque a vu les vidéos diffusées sur les médias sociaux qui montrent la joie des Palestiniens alors qu’ils rentrent chez eux dans le nord de Gaza malgré sa dévastation totale – et qu’ils montent des tentes sur les décombres de leurs maisons détruites – comprendra ce que signifie pour les palestiniens l’attachement à leur patrie. Personne, y compris le président Trump, ne peut naïvement croire que les Palestiniens quitteront volontairement leur patrie pour se réinstaller ailleurs.
Bassam Muhammad Abdulraouf, 29 ans, a exprimé le sentiment général des Palestiniens en déclarant à NPR qu’il n’avait aucunement l’intention de quitter Gaza. Il a déclaré : « Même s’il existait un endroit un million de fois mieux que Gaza, et même si je pouvais être sûr que la vie y serait luxueuse, je serais quand même prêt à vivre au milieu des décombres et dans des tentes ici. S’ils viennent avec l’armée, avec la force militaire, encore une fois, jamais je ne partirai. »
La Palestine appartient à son peuple autochtone ; elle n’appartient pas à ceux qui ont volé la terre, déplacé de force ses habitants et qui ont maintenant l’intention de procéder au nettoyage ethnique de ceux qui sont restés.
Les États-Unis vont « s’approprier » Gaza et transférer 2 millions de Palestiniens dans les pays voisins
Je ne vois rien de plus ridicule que cette proposition, que cette annonce choc soit une manœuvre de diversion conçue pour nous accabler ou une tactique de négociation pour faire avancer l’objectif ultime d’un accord de normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël. S’il s’agit de cette dernière – une exigence que Trump a l’intention de modifier ultérieurement pour la faire passer pour une concession – il s’agirait d’un chapitre datant du premier mandat de Trump, lorsqu’il est revenu sur son soutien à l’annexion de la Cisjordanie par Israël en échange de la normalisation de la relation entre les Émirats arabes unis et Israël. Lire la Suite ICI
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