Le Burkinabé, naturalisé allemand Francis Diébédo Kéré est le nouveau lauréat du prix Pritzker. Il est le premier Africain à recevoir la distinction suprême du monde de l’architecture.
Considéré comme le « Nobel » d’architecture, le prix Pritzker créé en 1979, est décerné cette année à Francis Diébédo Kéré. Le prix recompense le travail d’un architecte vivant qui a montré, à travers ses projets et ses réalisations, les différentes facettes de son talent et qui a eu un apport significatif à l’architecture.
« La surprise, très honnêtement, a été énorme »a réagi l’architecte à l’annonce de la nouvelle. Le fait est que Diébédo Kéré est un architecture iconoclaste, briseur de codes. Venu à l’architecture avec un sentiment d’urgence, celui de « ne plus nous permettre de copier le mode de vie et la façon de construire de l’Occident. », il ne pensait pas être primé, même si son travail commençait à être reconnu.
« Je n’avais jamais imaginé que le travail que je fais, que j’ai toujours considéré comme une affaire personnelle, puisse un jour me valoir la reconnaissance de la Fondation Pritzker » a réagi le lauréat adepte des matériaux locaux.
Depuis la reconstruction de l’école de son village natal de Gando, dans laquelle il impliqua au maximum les habitants, formé sur l’ouvrage maçons et tailleurs de blocs de latérite, il s’est fait un petit nom. Il utilisa les briques de terre séchée mêlée de ciment, tiges de métal, un double toit de tôle surélevé, permettant à l’air de circuler pour rafraîchir le plafond; de larges auvents qui abritent de la pluie ou du soleil. Il recevra d’ailleurs en 2004, pour ce formidable travail le prix Aga Khan pour l’architecture.
» Il faut faire le plus possible avec les moyens du bord, en intégrant des jarres coupées en guise de claustras, ou en recyclant en pieux élégants, pour monter des parois à claire-voie, les minces branches d’eucalyptus, « cette peste » envahissante qui pompe dans la savane l’eau du sol et donne en retour si peu d’ombre » explique t-il
Aujourd’hui son travail est sollicité au Mozambique au Soudan, au Togo, au Mali ou encore au Kenya. Dans ce dernier pays il a réalisé pour la Fondation Mama Sarah, la grand-mère de l’ancien président Obama, le campus de Kogelo, dans l’ouest du pays qui aurait couté, 12 millions de dollars (11,3 millions d’euros).
En Europe, Francis Diébédo Kéré est le premier Africain – naturalisé allemand – à se voir confier la conception du pavillon d’été 2017 de la Galerie Serpentine, haut lieu londonien de l’art contemporain et bâton de maréchal des stars de l’architecture. Ce prix vient confirmer une tendance forte, les architectes africains qui utilisent les matériaux locaux sont de plus en plus reconnus. La conviction du burkinabé est qu’il y a tout en Afrique pour construire avec peu de moyens du beau et du confortable, afin que mêmes les dépourvus puissent y trouver leur compte.
« Je mesure aujourd’hui le devoir, la grande responsabilité que ce prix implique. Je n’arrive toujours pas à y croire complètement » a t-il soutenu en commentant sa récompense.
Kéré a conçu des édifices en Chine, en Suisse, et a conçu des études pour des projets dans de nombreux pays à travers le monde, il participent régulièrement à des conférences. Ses idées novatrices ont été présentées à la Deutsches Architektur à Francfort et à l’Expo 2008 à Saragosse. Il a également conçu des prototypes de bâtiments scolaires qui sont adaptées aux différentes régions climatiques du Yémen.D’octobre 2010 à janvier 2011, des modèles et photos de projets de Kéré ont été présentés au MoMA de New York, dans une exposition intitulée Small Scale, Big Change: New Architectures of Social Engagement.
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