…Il en est ainsi des pollinisateurs, dont les abeilles, sans qui de nombreux fruits disparaîtraient, mais aussi des arbres, qui protègent de l’érosion ou encore des coccinelles, qui participent à la régulation des pucerons sur les plantes. La santé de chaque élément d’un écosystème dépend de facteurs interconnectés particulièrement complexes qui sont en train d’être bouleversés les uns après les autres. Le déclin de la biodiversité est le facteur de nouveaux déséquilibres, favorisant l’apparition de ravageurs (insectes, champignons) se multipliant à des vitesses importantes faute de prédateurs, ou encore de maladies.
Pour le dire autrement, les cultures humaines, quand bien même maîtrisées et sélectionnées afin de répondre au mieux aux besoins humains, ne poussent pas sans le fonctionnement régulier des écosystèmes. Car le système de production majoritaire n’est pas hors-sol et ne le sera jamais entièrement en dépit des avancées scientifiques. Par ailleurs, la diversité des espèces cultivées ou sauvages qui servent directement de support à l’alimentation est elle aussi en déclin. On notera ainsi que sur quelque 6 000 espèces de plantes cultivées à des fins alimentaires, 9 d’entre elles seulement représentent 66% de la production agricole totale. Par ailleurs, sur les 7 745 races de bétail locales répertoriées par pays dans le monde, 26% sont menacées d’extinction. Enfin, près du tiers des stocks de poisson sont surexploités et plus de la moitié ont atteint leur limite de résistance. Des éléments peu réjouissants qui doivent faire office d’électrochoc pour cette génération.
En dépit de ces éléments, on constatera toutefois que la production de céréales continue de croître au niveau mondial, notamment grâce à l’usage de la pétrochimie en agriculture, phénomène qui n’est pas étranger à la perte de la biodiversité. Ainsi, l’abondance temporaire alimentaire que connaissent nos sociétés modernes cache un triste paradoxe. Ce cercle vicieux illustre toute la difficulté à laquelle se confrontent les sociétés humaines, obligées à la fois d’inventer de nouveaux modèles d’agriculture et de maintenir une production capable de répondre à la demande croissante, en songeant également à mieux partager les ressources. Aujourd’hui, 820 millions de personnes souffrent encore de la faim dans le monde.
Les modes de gestion en cause et une lueur d’espoir
Parmi les facteurs qui ont la plus forte incidence sur l’alimentation humaine selon le rapport, la démographie, l’urbanisation, mais aussi les préférences des consommateurs. Mais la problématique met également en exergue la mauvaise gestion des terres ainsi que de l’eau. L’intensification des pratiques agricoles conventionnelles a également contribué à transformer les paysages à la faveur de la monoculture et au mépris des forêts, des zones humides ainsi que des prairies.
Source d’espoir ? Les exemples de systèmes alimentaires qui mettent la biodiversité au centre et s’écartant du modèle de la monoculture et des pratiques polluantes et destructrices de la faune et de la flore se multiplient, notent les auteurs du rapport. Assez vite ? Certainement pas sans l’impulsion collective, donc politique, de nos gouvernements.
Rappelons qu’en France, sous l’impulsion de la FNSEA, seulement 2% de la PAC 2018 ont été alloués à l’agriculture biologique nationale alors que la surface agricole en bio représente près de 6% des zones cultivées. Le gouvernement avait alors été vivement critiqué pour ce choix en faveur de l’agriculture industrielle conventionnelle. « Cela témoigne d’un manque criant de courage politique face à l’agro-industrie et l’agro-chimie » avait alors réagit Stéphanie Pageot, la présidente de la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique.
Crédits: devp.org
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