L’obsession criarde au Sénégal de vouloir toujours démolir les modèles, de ne rechercher systématiquement que le coté obscur des choses, sont autant d’explications de notre retard économique et social.
Le fait est que cette obsession est doublement nuisible. Non seulement elle peut être d’une méchanceté inouïe, mais surtout elle pollue notre esprit et notre imaginaire. Le Sénégal n’a pas besoin de ça. Il a besoin au contraire de se focaliser sur le bon côté des choses et de maximiser les énergies positives.
Façon maladroite parfois d’expier les mauvais démons face à des échecs répétés, certains regardent d’un mauvais œil toute réussite venue d’ailleurs et épousent des positions dans une fatalité déconcertante. Finalement, ils ne se rendent pas compte qu’en agissant ainsi, ils n’ont pas réglé le problème : ils ont juste créé involontairement les conditions de leur propre malheur.
La théorie du célèbre psychothérapeute américain Paul Watzlawick, selon laquelle les hommes agissent parfois dans un sens contraire à leurs intérêts, l’illustre parfaitement.
Pour le professeur Watzlawick – membre de la fameuse école de Palo Alto – dans son livre « Comment réussir à échouer ? », à chaque problème il faut trouver l’ultrasolution. C’est-à-dire une solution qui se débarrasse non seulement du problème mais aussi de tout le reste…
« Une ultrasolution, c’est toujours un peu la politique de la terre brûlée. Pour résoudre votre problème, vous incendiez tout le pays. Comme dans la vieille plaisanterie « Opération réussie, patient décédé »…
Dès lors, il s’avère important de « positiver », de ne retenir finalement des hommes que le meilleur et ne pas jeter aux orties mêmes nos références, nos modèles, ceux qui chaque jour en se levant ne se posent qu’une seule question : que puis-je faire pour ma famille, que puis-je faire pour mon quartier, ma ville ou mon pays ? Causer le malheur des autres est dramatique. Faire son propre malheur est pire. L’un va rarement sans l’autre du reste. Dans de telles conditions, il est utopique de parler de progrès, de développement ou de réussite.
Le Sénégal et l’Afrique sont d’une beauté et d’une générosité sans limites et sous ce rapport, ils ont beaucoup à offrir au monde, mais de grâce évitons les ultrasolutions.
En attendant, méditons humblement cette pensée de Madiba le sage : « En faisant scintiller notre lumière, nous offrons aux autres la possibilité d’en faire autant’’.
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