Le tambour-major sénégalais Doudou Ndiaye Rose est décédé le 19 aout 2015. Le mathématicien des rythmes posait ainsi sa baguette pour la dernière fois.
Voilà déjà 9 ans que le maître du Sabar Doudou Ndiaye Rose nous a quittés. Artiste devenu patrimoine mondial, il a joué sur toutes les scènes de tous les continents. Doudou Ndiaye Rose était un défenseur et un formidable ambassadeur de la culture africaine.
Doudou Ndiaye Rose a interprété la Marseillaise, avec ses tambours, lors des commémorations solennelles du bicentenaire de la Révolution Française sur les Champs-Élysées en 1989. Il a joué au cours d’événements prestigieux aux Etats-Unis, au Japon, en Australie, évidemment dans son propre pays le Sénégal.
En 2006 il fut fait: « Trésor humain vivant en 2006″ par l’UNESCO.
« C’est l’un des musiciens africains les plus célèbres du 20e siècle, le grand maître des tambours, capable de diriger cent batteurs sur plusieurs rythmes en même temps » dira l’organisation onusienne.
Doudou Ndiaye Rose est né le 28 juillet 1930 à Kay- Findiw dans l’actuelle Médina à Dakar. Griot de naissance, il est attiré par le Sabar et les percussions traditionnelles africaines dès l’âge de sept ans. Il passe entre les mains de El hadj Mada Seck, le meilleur tambour-major du pays. Auprès de Mada Seck, il apprend les rudiments de la percussion. Joueur gaucher, il développe une technique rare, subtile et agréable. Doudou Ndiaye Rose maitrise son art à la perfection et aime s’ouvrir au monde. Joséphine Baker qui le rencontre en 1959, à Dakar, lui lance: « Tu seras un grand batteur ». On connait la suite. Fin connaisseur des traditions sénégalaises, il apportera une touche particulière au monde des percussions notamment en inventant sans cesse de nouveaux rythmes, mais aussi en introduisant un groupe de femme dans sa formation musicale qu’on appellera les Rosettes !
Avec son groupe composé d’hommes et de femmes (ses enfants et neveux et nièces pour la plupart), il va jouer le patrimoine sénégalais, le faire voyager et le défendre partout. Il a joué avec Peter Gabriel, les Rolling Stones, Dizzy Gillespie, Xalam, Miles Davis, Youssou Ndour… Une de ses plus belles collaborations reste pour nous son album avec le grand chef de chœur et compositeur Julien Jouga avec qui il va reprendre des chants chrétiens et musulmans. La chorale de Julien Jouga et les percussions du groupe de Doudou Ndiaye Rose feront des merveilles. Leur collaboration donnera un album d’anthologie.
Doudou Ndiaye Rose aimait transmettre. C’est pourquoi il a créé la première école de percussion à Dakar où il enseignait les rythmes et formait les jeunes percussionnistes. Il s’est battu toute sa vie pour protéger et sauvegarder le Sabar. Il oeuvrait pour un art original, authentique, dépouillé de dépravation et qui respectait l’esprit des aïeuls.
« L’Afrique ne doit pas perdre sa culture et les jeunes artistes doivent aller apprendre les bases de notre culture. Nos percussions ne sont pas que des instruments de musique. Il y a toute une culture mystique autour qu’il faut connaitre avant d’en jouer » aimait-il dire.
Doudou Ndiaye Rose meurt e 19 août 2015 à l’âge de 85 ans, 24 heures après la mort de son ami et frère, Vieux Sing Faye autre tambour major. Il est inhumé a Dakar dans le cimetière musulman de Yoff.
RIP l’artiste ! Les génies ne meurent jamais !
La légende continue…
Vidéo: France Gall et Doudou Ndiaye Rose / Zénith (Paris) – 1988
Titre: Babacar
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