Aujourd’hui, je doute. Assis sur mon banc d’incertitudes, l’immensité du monde qui m’entoure me fait réaliser combien je suis insignifiant, combien je suis ignorant de ce qui fait fonctionner les choses, cette machine invisible, cette marche infernale du monde.
Assis sur mon banc d’incertitudes…
Je suis un monde, mais pas le monde. Et ces mondes qui me manquent me disent oh combien j’en ignore ! Oh combien je doute !
Le doute est salutaire, le doute est nourricier. Je doute pour m’exiger la rigueur d’un chemin d’interrogation, de recherche, de quête de savoirs.
Les certitudes précoces sont des prisons dorées du raisonnement.
Donc je doute en cheminant, je doute pour savoir.
*Doutons ensemble.*
Là où le doute nous mène dépend de notre manière de douter.
Plus qu’un simple hésitation, le doute est un cheminement critique, un cheminement de critiques constructrices de certitudes, fragiles certes.
Mais ces certitudes, même fragiles, sont nécessaires.
Elles sont des jalons qui balisent notre route, des repères que nous suivons comme un enfant expérimentant la marche.
C’est ainsi que jour après jour, il gagne en confiance, que ses pas deviennent de plus en plus assurés, qu’il acquiert des certitudes.
Aujourd’hui, je doute même de la couleur de mon banc.
*Il faut douter !*
Cependant, il est impératif de douter avec sagesse.
Il faut douter depuis soi, d’abord.
C’est dans notre propre histoire, dans notre héritage, dans notre ancrage que le doute prend toute sa profondeur.
C’est cela, le doute endogène : cette introspection nécessaire, cette lucidité enracinée.
Ce n’est qu’après ce travail sur soi que le doute peut s’ouvrir à l’ailleurs, aux idées du monde.
Ce doute, nourri d’apports critiques extérieurs, devient un doute enrichi.
Il permet de voir le monde avec ses propres lunettes, usinées dans la forge intime de notre conscience, et polies par les reflets du monde.
Il ne s’agit pas de se refermer sur soi, encore moins de sombrer dans un nationalisme étroit, mais d’ériger une pensée lucide, autonome, critique.
Il m’arrive parfois d’en voir qui doutent avec des lunettes empruntées, sans jamais avoir regardé avec leurs propres yeux.
Ce doute est déracinant. Il arrache, il extirpe. Il conduit à renier sa propre histoire, à mépriser sa propre société, non par lucidité, mais par ignorance. Or, on ne juge pas ce que l’on ne connaît pas.
Un doute sans enracinement est un doute orphelin.
Alors, je continue de douter, assis sur mon banc.
Il y a assez de place pour qui veux douter à mes côtés.
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