Doudou Conaré vient de sortir son premier album. Le guitariste, ancien de Keur-Gui, groupe des années 90, ô combien précurseur, a roulé sa bosse et joué avec les plus grands. Cheikh Lô, Omar pene, Ismael Lô, Kiné Lam pour ne citer que ceux-là, ont eu à solliciter ses services. En septembre dernier, le virtuose sortait «Colors, un premier album aux couleurs éclectiques et riches, salué par la critique. Kirinapost a rencontré ce guitar-héro autant talentueux que modeste.
Kirinapost : Pourquoi un album que maintenant ?
Doudou Conaré : J’ai sorti l’album maintenant car je voulais prendre mon temps pour composer les morceaux, conceptualiser l’album, etc… C’est venu naturellement. Certains morceaux datent de 2005…
Kirinapost : Vous avez joué pour beaucoup de groupe et de sommités de la musique Sénégalaise. Cet album, c’est la somme de toutes ces expériences ?
Doudou Conaré: En effet, l’album est la somme de toute l’expérience acquise en jouant avec beaucoup de groupes,mais aussi le reflet de ma personnalité. Je suis très ouvert à tous les styles de musique.
Kirinapost : Avec cet album, c’est un bon outil pour vous positionner sur des Festivals…
Doudou Conaré : En effet, j’espère faire des Festivals car je pense que la musique que je propose est diversifiée. Elle peut représenter dignement la riche culture Sénégalaise. C’est avec cet esprit et cette volonté que nous avons travaillé. J’ai essayé de donner à chaque morceau sa propre couleur.
Kirinapost : D’où puisez-vous votre inspiration ?
Doudou Conaré : Mes inspirations on va dire, vont de la musique Sénégalaise aux musiques du monde. Le jazz qui naturellement prend une grande place par rapport à la démarche, c’est-à-dire dans la composition, les arrangements, est une école pour moi C’est en travaillant beaucoup le jazz que l’on maîtrise mieux son instrument et les différents styles musicaux. Ensuite, je suis inspiré par toute la musique du continent, du Nord au Sud. Le jazz et le blues sont quelque part des musiques musiques africaines. Elles ont voyagé, subi des mutations mais prennent leurs sources en Afrique.
Kirinapost : Qu’est-ce que ça vous fait d’être cité parmi les guitar-héro du Sénégal ?
Doudou Conaré : C’est flatteur mais je le prends juste comme un encouragement. Je ne peux pas juger ma modeste personne mais je fais de mon mieux. J’essaye de me renouveler et essaye d’améliorer mon jeu tous les jours car quand on vous compte parmi les meilleurs, vous avez le devoir de redoubler d’efforts. On vous attend et vous n’avez plus droit à l’erreur. Je rends grâce à Dieu pour cette reconnaissance du public.
Kirinapost: Qui sont vos inspirateurs, vos Guitar-héro on va dire ?
Doudou Conaré : Je suis un curieux et je fouille partout. Les guitaristes qui m’ont inspiré sont nombreux, tant au Sénégal qu’ à l’etranger. Chacun d’eux m’a inspiré à sa manière. Au début, j’ai repris Badou Ndiaye de l’Etoile de Dakar ( le morceau Xaliss), puis quand j’ai commencé à m’intéresser au jazz, j’ai repris George Benson, puis je suis remonté plus loin dans le passé avec Éric Gale, Wes Montgomery, car j’avais le sentiment que je devais aller aux origines du jazz, du blues… BB King m’a beaucoup influencé pour le blues… En même temps, au Sénégal, il y’a eu la période Xalam, avec George Samba Yigo Dieng , Lamine Faye du Super Diamono, et surtout Vieux Mac Faye dont le jeu chromatique m’avait impressionné. Je l’avais tellement relevé qu’on avait un jeu similaire. Si bien que lorsqu’il jouait pour Ismael Lo et s’appretait à aller vers d’autres projets, c’est lui-même qui m’a proposé à ce dernier afin que je le remplace. C’est dire…ll y a aussi Omar Sow avec qui j’ai beaucoup joué du jazz et du Mbalakh. Sans oublier Ibou Cissé qui a été guitariste du Senemali.En fait, comme je vous le dis plus haut, j’ai toujours été curieux et aventureux en musique… j’en oublie certains sûrement. Tous ces guitaristes ont des styles différents mais j’ai appris énormément de chacun d’entre eux. Ils m’ont tous inspiré d’une manière ou d’une autre.
Kirinapost : Dans le répertoire sénégalais quels sont les albums à écouter pour découvrir la beauté de sa musique ?
Doudou Conaré : Dans le répertoire Sénégalais, il y a des albums intéressants de groupes connus comme méconnus. Mais il y a une période cruciale pendant laquelle la musique Sénégalaise a fait un grand bond ! C’est la période où Adama Faye, un musicien légendaire et arrangeur hors pair, a travaillé pour Youssou Ndour (Awa Guèye) Thione Seck (Yow) Ismaïla Lô(Khiff) et Super Diamono. Cette période est riche. Il faut écouter aussi la musique Traditionnelle. De Laye Mboup à Ndiaga Mbaye en passant par Baobab, Number One, Xalam etc… Sans oublier plus récemment Keur-Gui, Missal et Senemali entre autres… Voilà mes références et sources d’inspiration…
Kirinapost : Vous sortez «Colors», vous avez une carrière solo prolifique mais les mélomanes n’ont pas oublié Keur-Gui. Tous vous menez des parcours assez élogieux Nakhté a été le batteur du génial groupe Nakodjé, tandis que le bassiste Doudou a longtemps accompagné la légende Harry Belafonté. On peut vous revoir tous ensemble sur scène un jour ?
Doudou Conaré : Je comprends le public. Keur-Gui était une très belle aventure et très enrichissante. À un moment, avec nos carrières respectifs, nous avons pris des chemins différents mais nous sommes restés très connectés. Nous sommes des frères. Nous nous parlons régulièrement et d’ailleurs chaque fois que nos calendriers le permettent, nous nous retrouvons pour des boeufs magiques.Par exemple, même les membres de Keur-Gui qui vivent aux États-Unis, chaque fois qu’ils viennent au Sénégal, se retrouvent sur ma scène. C’est très possible donc que l’on monte des projets ensemble. In Sha Allah
Propos recueillis par Amadou Bator Dieng
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