Moustapha Diop • Les impatients peuvent passer leur chemin ou lire dans le train ou le taxibrousse.
« GOUVERNEURS ET PRÉFETS », ILS DISENT.
Mes sincères condoléances aux familles de toutes les victimes de cette sale guerre et profond respect pour leur deuil que beaucoup partagent, sincèrement.
La virulence des commentaires entourant le prochain sommet de Pau, pour réévaluer le théâtre des opérations au Sahel, a quelque chose de surréaliste, à mon avis.
Depuis le temps où les Djihadistes déciment nos armées et populations civiles sahéliennes, en macabre appoint aux actes d’attentats ciblés, on pensait venu, enfin, le temps de revoir la stratégie et le dispositif militaire sur zone.
Il s’agit là d’un aspect strictement militaire qui ne saurait s’embarrasser de débats politiciens car les ravages prennent un caractère apocalyptique. Et les voies de prise de contrôle du Mali et du Burkina-Faso sont grandement ouvertes.
Bientôt les cellules dormantes, dans tous nos pays, vont surgir, car la stratégie des djihadistes, pour compenser leur infériorité numérique et militaire, a planifié et apparemment réussi à susciter et maintenir une zizanie interne qui a pour effet de détruire la cohésion des coalitions et opérer ainsi des brèches béantes dans le dispositif militaire de « l’ennemi » !
Les djihadistes ont gagné le Jackpot, puisqu’ils ont réussi à fissurer la Coalition et susciter des conflits ethniques sanglants, qui concourent à son implosion.
C’est à ce stade que se prépare le sommet de Pau, à l’initiative du Président Français, seul véritable allié au Sahel puisque l’Union Européenne peine à se mobiliser et offre tout juste quelques conseillers, pour se donner bonne figure. Le monde arabe-pétrolier, potentiel financier qui s’y était engagé, est aux abonnés absents.
Dans cette guerre asymétrique que nous vivons, il sera difficile ou aléatoire de faire comprendre qu’une des frontières Sud de l’Europe, la France, justement, s’est déplacée bien au Sud encore, au Mali, que la nébuleuse djihadiste a choisi, comme centre de gravité de sa conquête de l’Ouest africain, avec le renfort de ses supplétifs de Boko-Haram. Il est clair, qu’aujourd’hui, l’ennemi détermine, après le lieu du combat, son agenda de conquête par le pourrissement d’une situation devenue intenable et l’exaspération des populations plus préoccupées par les agressions-vendetta, en leur sein !
L’invitation du Président français est tournée en dérision par la « convocation » de Macron, comme si le Président français pouvait avoir l’outrecuidance (que ne lui prêtent que ses opposants en France) de « convoquer » des pairs-partenaires-alliés et clients aussi, OUI ! L’invitation faite à des alliés pour se retrouver, afin de revoir leur stratégie de guerre, désormais inadaptée, est tournée en dérision malgré les drames de pertes immenses en vies humaines qu’il est urgent de stopper. Il n’est pas un hasard si une partie de l’opinion française, faible cependant, exige le rapatriement de ses soldats. Erreur fatale si cela devait être.
Si Bamako tombe, Ouagadougou tombera, idem pour Niamey. Les seules bastions qui résisteront encore, mais jusqu’à quand, seront la Mauritanie et le Tchad, qui ont su restructurer et adapter leurs armées au combat asymétrique vue leur expérience de conflits saharien. Souhaitons que les troupes françaises ne se retirent point car ce ne sont pas ceux qui prétendent, sans rien y connaitre, que nos armées sont capables, seules, de vaincre l’Etat Islamique (EI), qui viendraient à la rescousse, en engagement volontaire.
En janvier 2013, avant que le Président Hollande ne prenne la terrible responsabilité d’envoyer, en urgence, ses troupes à la rescousse de Bamako, tous nos pays et la CEDEAO, avaient décliné la demande d’aide de Bamako. En ces jours-là de grands périls, on ne parlait point de ressources naturelles à piller ! La France va accueillir, cet après-midi, un sommet pour parler de la crise en Ukraine…où elle n’est même pas directement impliquée, mais concernée, dans le cadre de la géopolitique, peu accessible à nous autres profanes !
On n’a pas parlé ici, ni même insinué, qu’il s’agit de « convocation », encore moins de « gouverneurs et préfète » de la France ! Parce qu’il s’agit-là de Angela Merckel, de Vladimir Poutine et du Président ukrainien Zelinski ! Il est vrai qu’ils ne seront que quatre, à Paris, alors qu’à Pau, ils seront six !
Sachons raison garder et éviter de fragiliser nos dirigeants face à des conflits armés. Nous avons la manie de transposer nos oppositions intérieures à l’internationale…parfois contre nos propres pays. Quand l’EI envahira le Mali et que les autres pays se recroquevilleront dans leurs fragiles frontières, alors les fronts intérieurs djihadistes surgiront et asséneront les coups de grâce ! Et l’Europe devra, alors, défendre ses frontières à partir de Nice, Gibraltar, Séville, Lampédusa. Défense qui sera rendue plus difficile et plus sanglante. Nous serions alors, pendant ce temps, pacifiés, en coupe réglée, avec les pourfendeurs des réseaux sociaux aujourd’hui, en Imams et muezzins. Les tchadors connaîtront un boom de mode !
Les présidents de la ligne du Front devraient aller à Pau, ce qui nous allégera d’ailleurs du fardeau financier de l’organisation d’un tel événement, dans un délai aussi court, en raison de l’urgence. La France, elle, peut bien le supporter au sortir de l’organisation du G7 et dans la foulée du sommet ukrainien.
J’ai un ami farceur qui affirme, sans rire, que quelques coups de fil suffisent ! Oui, pourquoi pas ! Et par mail aussi ou whatsapp !
Nul d’entre leurs pourfendeurs n’acceptera de venir à la rescousse de nos armées (rappel de janvier 2013). Laissons donc agir la Coalition pour stopper cette hémorragie.
L’exemple donné de Kidal, qui relève d’une stratégie militaire évidente, mais peu accessible, puisque relevant du Secret-Défense, est assez éloquent. Si la France lâche Kidal, ce sera l’hécatombe et plus aucun renfort malien n’ira reforcer cette garnison, si loin de ses bases arrières. Pour l »heure, Kidal est sous cocon, comme on dit, et devra être restituée au Mali, sitôt la paix définitive revenue.
A l’exemple de la bourgade de La Gouéra, au Sahara Occidental, occupée par l’Armée mauritanienne, depuis 1979, pour la sécurisation de Nouadhibou et ses installations économiques, qui ne remettraient pas d’un conflit entre les belligérants, à sa porte (2km), à portée de canon ! Même Marine Le Pen demande le maintien des troupes françaises au Mali puisqu’elle en mesure l’enjeu, car elle même a pris conscience que ce ne sont pas seulement « des nègres et des bicots » que les troupes françaises protègent, mais déjà l’Europe.
Si le Mali tombe, l’immigration clandestine connaîtra un rush jamais égalé. Un nouvel espace vital verrai le jour pour l’établissement d’un nouvel Etat Islamique, inexpugnable. Le Sahel n’est pas la Syrie-Irak et ici, il n’est pas évident de trouver des « clones de Kurdes » ! Alors, après la mise au pas, ils fermeront surement l’accès à l’internet aussi. Et les plus malheureux ne seront pas seulement Vieux khalil Youssoufi et Boy Laye Alyee Gke.
Ceci peut être lu à l’aune de la subjectivité car c’est ma profonde conviction qui milite en faveur du maintien et de l’accroissement des moyens hors de la portée de nos budgets.
DIEU Veille sur nos contrées.
© France Bleu
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