Dix instants de Saint-Louis Jazz 2025

Le festival Jazz de Saint-Louis, s’est tenu du 28 mai dernier au 2 juin. Un cru 2025, riche tant par la programmation, que par l’affluence et les activités annexes. Malgré quelques ratés, ce qui ne manque jamais dans nos pays, l’avenir est prometteur surtout si Saint-Louis Jazz s’ouvre davantage aux autres genres musicaux. Les plus grands festivals au monde, ne s’enferment plus dans le Jazz et accueillent d’autres musiques. En attendant, retour sur dix instants de cette palpitante 33e édition de Saint-Louis Jazz.

Affiche officielle 2025

Badara Sarr,  hommage à une icône de la culture 

Badara Sarr, icône du festival de Jazz a tiré sa révérence

Le décès d’Alioune Badara Sarr ancien président du Festival Jazz De Saint-Louis, le 23 mai dernier, quelques jours avant le début de l’édition 2025, a plongé le monde des arts, dans un certain émoi. Badara Sarr, figure majeure de la culture, a été un homme d’une grande dimension. Il a initié et soutenu d’innombrables projets de développement. Avec sa disparition, Saint-Louis perd une personne-ressource d’une grande dimension. Avant le premier set du festival 2025 avec les groupes Saïko Nata ( pianiste Hélène Niddam, du koriste Cheikh Yancouba Diébaté, du percussionniste Fallou Ndiaye et le bassiste Hichem Takaoute) et The Metz Fondation du saxophoniste luxembourgeois Joël Metz, du bassiste Espagnol Alfredo Giménez et du batteur Finlandais Tuomas Ruokonen, un hommage a été rendu au défunt. Il est important de rendre hommage aux dignes fils afin que leurs vies servent de viatiques aux générations plus jeunes.

Tex,  au Farmers Coffee: la vidéo du Saint-Louis Jazz 2025

Tex en pleine prestation.Mention spéciale à Moussa Niang patron du Farmers Coffee © Mamadou Diop

Cela devient une bonne habitude. L’artiste Tex, a, pour la deuxième année consécutive, donné un magnifique concert au Farmers Coffee Shop. Comme le coloré carnaval, le concert était en plein air dans la rue Blaise Diagne dans le quartier Lodo. Le public a répondu présent et fêté la musique avec l’auteur de «Freeman».

Pour beaucoup, c’est l’une des attractions du festival 2025. Les absents vont longtemps regretter ce moment. D’ailleurs, grâce aux nombreuses vidéos, l’événement est devenu viral et suscite l’intérêt. Nombreux sont ceux qui prennent déjà rendez-vous pour l’année prochaine…inchAllah !

L’ After Jazz, l’autre festival

Kya Loum, émotion partagée à l’After Jazz 2025

L’Institut Français a été le lieu de ralliement de tous les mélomanes présents à Saint-Louis. Férus de jazz, mais aussi et surtout les adeptes des soirées Pape et Cheikh, Pape Niang, Keba Seck, Carlou D, Souleymane Faye ou encore Cheikh Lô…toutes ces pointures, en plus de la talenteuse Kya Loum, des prometteurs Hashs The Best et Tex (encore lui), et l’immense Wasis Diop, ont défilé sur la scène de l’After Jazz à l’Institut Français dès la fin du IN.

Du mbalakh à la scène alternative, trois jours durant, tous les genres ont égayé les festivaliers. L’After Jazz est l’incontournable du Jazz à Saint-Louis. N’est-ce pas El Hadj Top, l’infatigable serviteur de la culture et MC attitré de l’After …

SIXUN, le moment du festival 2025

Sixun a séduit Saint-Louis

La bande à Paco Sery a été la grande attraction du Jazz 2025. En clôture du festival de Jazz, Sixun a assuré un concert de haut rang. Très en forme, Michel Alibo, Winsberg, Jean Pierre Como, Stephane Édouard, Paco Sery, Alain Debiossat, ont été à la hauteur de leur réputation: légendes du jazz made in France et icônes de la musique en général.

Mike Sylla, habilleur du cuir et ambassadeur de la culture 

Mike Sylla porte haut la culture sénégalaise et africaine

Le styliste Mike Sylla a présenté sa collection « AfroSapiens » à Ndoumbelane. Avec ce défilé, le festival revivifie une tradition quelque peu perdue. Il était une période où des défilés étaient organisés pendant le festival. Mike Sylla, de retour de festival de Cannes où il a présenté la même collection, a permis à Jazz à Saint-Louis de renouer avec la tradition grâce à Pape Mbaye gérant du Ndoumbelane. Il y avait du beau monde pour assister au défilé de ce styliste réputé qui  présente régulièrement ses créations dans tous les continents. Les festivaliers, venus voir le défilé, ont accordé un standing-ovation à ce brillant créateur. Spécialiste du cuir, Mike Sylla a habillé les plus grands, du roi Hassan III à Mohammed VI, en passant par les artistes Carlos Santana, Yannick Noah, MC Solaar. Peu avant, le début du défilé, la diva Tracy Ellen, au programme du festival de Jazz, a gratifié le public de quelques classiques dont l’indemodable Sometimes, avant que Khalifa Mbodj ne prenne le relais…

Alune Wade, roi du New-Orléans Saint-Louis 

Alune Wade sur la scène de jazz Saint-Louis

Le bassiste jazz Alune Wade a été une des vedettes du festival de Saint-Louis 2025. Présent déjà en 2020, le magnifique instrumentiste vient de sortir son nouvel album : New African-Orléans, ne pouvait avoir meilleure scène que Saint-Louis pour défendre cet opus qui fait le lien entre l’Afrique et l’Amérique. Accompagné par El Hadj Faye aux percussions, cinq ventistes (Sousaphone, trompette, Saxophone, Trombone), Alune Wade a servi un set de toute beauté. Entre Afro-beat, highlife, jazz et malgré quelques soucis au niveau du son, le public a dansé, chanté, vibré avec le génial bassiste. En marge de son concert, Tukki, des racines au Bayou, le film réalisé par l’instrumentiste a été projeté au Musée de la Photographie @mupho.museum, suivi de deux tables rondes organisées par l’Institut français de Saint-Louis. Des discussions autour des thèmes: « Des racines au Bayou », réunissant au côté d’Alune Wade, Papis Samba, Helen A. Regis, Salimata Ba (Modératrice) et Dr Ibrahim Seck, des universitaires venus de La Nouvelle-Orléans et du Sénégal, Ensemble, ils ont exploré les liens profonds entre l’Afrique de l’Ouest et la Nouvelle-Orléans à travers l’histoire du jazz.

La deuxième table ronde, « Jazz, oralité et transmission : héritages vivants de Aminata Fall », est revenue sur l’héritage et la transmission dans le jazz. Une discussion qui a permis d’aborder les questions sur la place des femmes dans le jazz. Ce moment a donné l’opportunité à la bassiste Maah Keita,l’une des rares instrumentistes-femmes du pays, de plaider en faveur d’une plus grande inclusion féminine dans le secteur.

Arnaud Dolmen était en pèlerinage au pays des ancêtres

Arnauld Dolmen présente son projet Poets of Forest à Saint-Louis. Le batteur est nomminé aux Victoires de la Musique 2025

Le batteur Arnaud Dolmen, à la tête d’un magnifique quartet dans lequel on pouvait compter le fameux bassiste Michel Alibo ( à la contrebasse cette fois), a éclaboussé le festival par son talent.

Sur scène à la suite de la belle performance, du pianiste Marco Mezquida et son groupe, Arnaud Dolmen ne pouvait pas faire moins…Son voyage musical entre jazz et sonorités traditionnelles a ete concocté avec le contrebassiste Michel Alibo et du multi-instrumentiste Jowee Omicil (flûte, saxophones alto et soprano, clarinette basse). Même si ce dernier, n’était pas à Saint-Louis, les mélomanes n’ont pas perdu au change avec Francesco Geminiani, saxophone ténor.

Arnaud Dolmen, batteur, compositeur, producteur fait partie des artistes les plus plébiscités de la scène jazz contemporaine. Ses distinctions incluent les Victoires du Jazz, « Musicien français de l’année », « Top 3 des meilleurs batteurs de l’année » par Jazz Magazine et Jazz News.

«Venir ici, sur cette terre sénégalaise et dans ce prestigieux Festival de Saint-Lous, c’est quelque chose de très spécial pour moi. J’attendais ce moment avec impatience. C’est un honneur et un privilège d’être là ce soir et de ressentir la vibration. C’est un rêve qui s’est accompli» a réagi le batteur, compositeur et producteur français d’origine guadeloupéenne.Il a à plusieurs reprises au cours de son magistral set, rappelé les connexions entre les Antilles et l’Afrique. C’est à ce titre qu’il invita le corrosif percussionniste Saint-Louisien Khadim Niang sur le morceau « For real » de Tonny Allen. Un grand instant jazz…

Salvador Sobral, fallait pas rater son set…

La place Baya Ndar a accueilli le 31 mai à 21 heures, le chanteur portugais Salvador Sobral. Pour la deuxième année consécutive,  le Portugal est présent dans la programmation de Jazz à Saint-Louis. Né en 1989, Salvador Sobral est l’un des noms les plus connus de la musique portugaise contemporaine. Il a vécu au Portugal, aux États-Unis, à Majorque et à Barcelone, où il a étudié le jazz pendant deux ans à la prestigieuse école « Taller de Músics ».  Son quatrieme album intitulé «Timbre », qu’il est venu présenté, a séduit le public de Saint-Louis Jazz.

Amoonafi le film de Maître Bara Diokhané à l’institut Français: Droit & Art 

Le film Amoonafi a été projeté à l’institut Français de Saint-Louis dans le cadre du festival jazz 33 ème édition. Le film documentaire autour du lien entre art et droits a attiré un public averti, préoccupé par la protection juridique des œuvres artistiques. Maître Bara Diokhané, pionnier dans le domaine, se met derrière la caméra et réalise un film plein d’enseignement. À travers sa vie professionnelle, il aborde l’évolution de la prise en compte des droits des artistes et l’émergence d’un marché de l’art au Sénégal. Les échanges qui ont suivi la projection ont été riches. Une avocate française présente dans la salle a plaidé pour que le film soit diffusé en France tandis qu’un autre intervenant a souligné la justesse du choix de l’institut Français de proposer ce film-patrimoine dans le cadre de Saint-Louis Jazz.

Le bâton qui empêche le bâtiment de la gouvernance de tomber

Le bâtiment qui abrite la gouvernance de Saint-Louis risque de s’écrouler à tout moment. Construit en… il croule sous le poids de l’âge. Pour l’empêcher de tomber, un bâton a été placé sous un des balcons. Un pauvre bâton. Face à cette incongruité, les citoyens engagés de la ville se sont indignés comme un seul homme. Parmi ceux-ci : les activistes Thierno Dicko et Pape Diam. Leurs posts respectifs ont fait réagir les autorités. Ces derniers viennent de délimiter un périmètre de sécurité afin de préparer la chute du bâtiment…sinistre réaction…

Le visiteur qui prend le pont Faidherbe, ouvrage métallique de 507m de long et de 10,50 m de large, composé de 7 travées et unique liaison, entre Sor et l’île, est accueilli par le ridicule spectacle. Le président Bassirou Diomaye Faye qui est en visite dans la vieille cité est prévenu.

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