Le journaliste sportif français Didier Roustan est décédé à l’âge de 66 ans. Amoureux du beau jeu, il avait inventé une narration du football unique et originale.
Fan du Che
Absent des plateaux de l’Equipe TV pour raison médicale depuis le mois de juin, le président à vie de l’Equipe du Soir, émission phare de la chaine où il officiait en tant que chroniqueur, Didier Roustan a été finalement emporté par sa maladie.
Un passionné vient de mourir. L’homme avait une vaste connaissance du football et pouvait rester des heures à la partager avec éloquence et romantisme. Sa relation avec les joueurs et les entraîneurs faisait de lui un acteur central du football.
Il a révolutionné le metier de journaliste sportif et spécialiste du football. Didier Roustan supporter eternel du club de son enfance l’As Cannes pour lequel il joua en petite catégorie, aimait le football. Tous les football…de tous les continents. Le fait qu’il soit né au Congo (1957) et ses origines Martiniquaises par sa mère, ont sûrement contribué, sans doute, à ne pas limiter son horizon à l’Hexagone.
Un des derniers qui s’intéressait au jeu… et au jeu uniquement
Didier Roustan pouvait rater un match de l’équipe de France pour aller suivre un Sénégal-Gambie décisif pour une qualification. Son amour du football Sud-américain, de l’Argentine et de son fameux derby Boca- River, était connu de tous. Il avait aussi un regard particulier et attentionné pour les supporters. Les ambiances dans les gradins le passionnaient. Des stades du monde dans lesquels, il aimait se rendre régulièrement…
Fan de Che Guevara, enfant du rock et admirateur de Cruyff, de Platini, Cantona, Best, Weah, Dahleb, Maradona, Pelé…il avait trouvé une transversalité entre le foot et toute la vie. L’association Foot Citoyen qu’il créa avec Arsène Wenger comme l’association des footballeurs professionnels qu’il mit en place avec Diego Maradona, entraient en droite ligne de ses préoccupations qui allaient au-delà du football. Il participa d’ailleurs à presenter Kassav à la France. Football – culture, football-économie, football-politique, football- citoyen… sa culture générale n’était jamais bien loin de ses analyses. Son compte Twitter il se présente comme » journaliste foot et d’ailleurs »…
Photos, documentaire mode cinéma, il a changé la façon de raconter le football © by Joël Saget/ AFP)
Cette culture lui a permis de révolutionner le documentaire-football également. Ses documentaires, il les réalisait comme s’il était au cinéma. Il faisait attention à la mise en scène et tenait à bien choisir une bande son originale, sans parler de son écriture poétique.
De TéléFoot à l’Equipe du Soir en passant par Enfin du Foot, et tant d’autres concepts, il a toujours fait preuve d’imagination de créativité et de maestria tout au long de sa carrière. Roustan est celui qui amena sur un plateau télé un bébé panthère pour le mettre sur les genoux du roi Pelé surnommé la panthère noire. Roustan est celui qui a amenegé un salon dans une vraie surface de réparation pour recevoir Delio Onnis (buteur de Marseille des années 70 ) dont on disait, en tant que redoutable attaquant, qu’il etait comme dans son salon quand il jouait. Il fera conduire un taxi à Cantona dans les rues de Manchester.Son émission Enfin du Foot sur l’Equipe TV, vers 2001, venait à une periode où l’euphorie du titre mondial fraîchement gagné en 1998 ne favorisait aucun débat critique sur le football en général en France. Lui a dit: « parlons enfin du foot ».
Auteur de plusieurs livres dans lesquels il arrive souvent à faire voir le football autrement
Ses analyses, toujours décalées et profondes étaient appréciées et attendues de tous les amoureux du football. Lorsqu’il analysait un match de foot, il faisait fi de sa nation, de sa région et autres, ce qui fait qu’il donnait souvent l’impression de ramer à contre-courant. C’était un penseur libre, détaché de toute pesanteur. Il y a quelques années alors que beaucoup de supporters du Paris Saint-Germain tapait sur Pastore, lui déclarait son amour pour le numéro 10 argentin….c’était ça Didier Roustan. Il fera la même déclaration à Marcelo Bielsa pour son amour pour le football total.
Aujourd’hui, le 11 septembre alors que le monde se souvient d’un artiste libre et emblématique comme Peter Tosh…et quelques jours après le départ de Sega Sakho, autre esthéte du beau jeu, Didier Roustan, rejoint son grand pote Maradona avec il va continuer de discuter de football…de beau jeu…
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