Dialogue national : Quand certains parient la quadrature du cercle

Certains exigent l’impossible : résoudre la quadrature du cercle. Dis autrement, ils réclament du nouveau régime qu’il dialogue avec eux… mais sans eux. C’est là toute l’essence de la politique de la chaise vide.

Le Sénégal vient de franchir un tournant politique historique, une transition douloureuse, marquée par des déchirures profondes.
Nous avons tous été blessés : dans nos chairs, dans nos convictions, dans nos espérances démocratiques, dans notre foi républicaine. Le pays a vacillé. Il s’en est fallu de peu pour qu’il s’effondre.
Mais les forces de la cohésion, de la résilience et de la sagesse collective ont prévalu sur celles de la division.
C’est un fait heureux que nous ayons franchi cette zone de turbulence. Certes, cela s’est fait au prix fort, au prix du sang.

Aujourd’hui, la page est tournée. Mais les blessures, elles, restent béantes. Il nous revient à tous de les panser ensemble, de reconstruire un pays éprouvé, meurtri mais debout. C’est l’heure de tendre la main, même tremblante, vers l’autre.
Et pour cela, chaque fille, chaque fils du Sénégal a sa partition à jouer.

Dialoguer, c’est justement cela : recoudre ensemble le tissu national.
Dans cette dynamique, la politique de la chaise vide n’est ni pragmatique, ni utile.
Pour être entendu, il faut accepter de parler.
Certains, à raison, diront que se taire peut être une forme d’expression. Je l’admets. Mais ce silence est celui des temps de guerre. Il n’est pas celui des temps de paix, encore moins des temps de reconstruction.

Il est admissible que certains acteurs ressentent des frustrations, se sentent incompris, voire écrasés par le nouveau régime, élu par le peuple.
Mais c’est justement dans ces moments qu’il faut avoir le courage de s’asseoir à la table du dialogue, non pour se renier, mais pour se faire entendre. Pour transformer les frustrations en propositions. Pour parler aussi au peuple qui observe, juge et élit.

Quand passe le train de l’Histoire, il ne faut pas rester sur le quai. Il faut monter, même avec ses désaccords, ses blessures, ses doutes. Une fois à bord, on dit ses vérités, on joue sa participation pleinement, avec sincérité pour peser dans la destination du voyage.
Car rester à quai, c’est se condamner à l’oubli. Et si le train déraille, on aura joué le mauvais rôle en s’abstenant réparer la mécanique qu’on savait défaillante, on n’aura rien fait pour éviter le pire et le peuple ne le pardonnera pas.

Ce peuple sénégalais, dans sa maturité républicaine, souhaite voir réussir ceux à qui il a confié les rênes, quelle que soit leur couleur politique car il ne se réalise pas dans l’échec de ses dirigeants dont il sera la première victime. Et ce même peuple jugera sévèrement ceux qui, à l’heure du choix, auront préféré le silence à la contribution, l’indifférente indignation à la participation au travail de reconstruction.

À ceux-là, il ne restera ni la légitimité du rire, ni l’honneur du recul, encore moins le droit de critiquer.
Leur danse sur la tombe du dialogue sera perçue comme une danse d’indignité, une danse impie qu’aucune main n’applaudira.

Il est dit en wolof avec une justesse :
« Màggu waxoon na ko mo gën màggu xamoon naa ko. »
Un homme qui prévient le trouble vaut mieux qu’un homme qui sa targue de savoir qu’il allait arriver.

La responsabilité est à présent du côté de l’État pour faire de ce dialogue, non pas une énième grande messe, mais une véritable opportunité pour panser la Nation, pour recoudre sincèrement et durablement le tissu sociopolitique, pour réussir le Sénégal dont nous rêvons, le Sénégal que nous rêvons.

Yatma Dieye

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