Des criquets pèlerins menacent la sécurité alimentaire

L’Afrique de l’Est compte déjà 22,5 millions d’habitants en situation d’insécurité alimentaire aiguë et 10,8 millions de personnes déplacées. Ajouté à cela, des nuées de criquets pèlerins menacent la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance de plusieurs millions d’individus.

La région de la Corne de l’Afrique fait face à une invasion inédite de criquets pèlerins. Selon le journal the conversation, 2019, ils ont déjà atteint le Kenya, l’Éthiopie, l’Érythrée, Djibouti, la Somalie, l’Ouganda, le Soudan et la Tanzanie.

D’où viennent ces criquets ? De nombreux travaux montrent que la formation d’une invasion généralisée résulte d’une succession de pluies abondantes sur de grandes surfaces. De plus, la structure de la végétation et la topographie de certains habitats favorisent la grégarisation, s’ils reçoivent les précipitations nécessaires pour permettre à la végétation de se développer.

Si la saison des pluies se prolonge ou que la pluviosité est très abondante (tout particulièrement en zone tropicale), l’environnement est particulièrement propice aux étapes de la reproduction : maturation, ponte, développement embryonnaire et développement larvaire de ces insectes.

Ces centaines de milliards de criquets dévorent toute la végétation sur leur passage. Ainsi, au Kenya, des nuées allant jusqu’à 60 kilomètres de long sur 40 kilomètres de large ont été observées : elles peuvent « manger l’équivalent de la nourriture consommée par 80 millions de personnes en un seul jour », a alerté la FAO, dans une note publiée le 29 janvier et reprise par le Monde.

Dans un pays comme le Kenya, l’agriculture est le pilier de l’économie. Elle représente à elle seule 34 % du Produit Intérieur Brut (PIB) avec à la fois des cultures alimentaires, comme le maïs, et des cultures d’export telles que le thé noir – dont le Kenya est le premier exportateur au monde – ou le café.

En plus de l’insécurité alimentaire, c’est à terme la chute du pouvoir d’achat et ses conséquences sur les autres secteurs de l’économie.

Pour faire face à ce péril, le Groupe de la Banque mondiale lance un nouveau programme de 500 millions de dollars destiné à aider les pays d’Afrique et du Moyen-Orient. Les premiers pays à bénéficier de ce programme sont Djibouti, l’Éthiopie, le Kenya et l’Ouganda, avec une enveloppe globale de financements de 160 millions de dollars.

De son coté la FAO avait déjà en janvier dernier a lancé un appel de fonds de 76 millions de dollars afin de soutenir la lutte contre cette invasion de ravageurs. Mais les ressources qui devaient permettre de contrôler l’invasion ont été trop lentes à arriver avoue l’organisme onusien sur son site officiel. Aujourd’hui, elle a récolté  33 millions de dollars mais la somme est largement en deça des 138 millions de dollars dont elle a un besoin en urgence pour aider les gouvernements.

D’après les estimations de la Banque mondiale, sans des mesures de lutte à grande échelle et coordonnées pour réduire les populations de criquets et empêcher qu’elles ne se propagent à d’autres territoires, le montant des préjudices et des pertes infligés à la production agricole et à l’élevage dans la Grande Corne de l’Afrique et au Yémen risque d’atteindre 8,5 milliards de dollars d’ici la fin de l’année. Même en mobilisant une riposte rapide et des mesures de lutte plus efficaces, les pertes pourraient se chiffrer à 2,5 milliards de dollars. C’est pourquoi le nouveau programme financera des mesures destinées à protéger les moyens de subsistance des populations pauvres et vulnérables touchées par la crise acridienne.

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