Des « casques bleus » européens en Ukraine ? Trump et d’autres dirigeants auraient discuté du projet, mais il s’agit d’un ballon d’essai qui devrait être abattu immédiatement. Source : Responsible Statecraft, Anatol Lieven et Les Crises.
Le président élu Trump aurait avancé l’idée qu’une force de maintien de la paix importante et lourdement armée provenant d’Europe (mais incluant des membres de l’OTAN) pourrait être mise en place en Ukraine dans le cadre d’un accord de paix. Il est important que cette idée inconsidérée soit rejetée avant qu’elle ne nuise gravement aux perspectives d’une paix rapide et qu’elle ne cause à l’Ukraine de nouvelles pertes humaines, économiques et territoriales.
Selon le Wall Street Journal et Le Monde, cette idée est apparue pour la première fois lors de discussions privées entre des responsables français et britanniques en novembre. Elle a été discutée jeudi par les ministres des Affaires étrangères de l’OTAN à Bruxelles. Trump a fait cette suggestion au président français Emmanuel Macron et au président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d’une réunion à Paris le 7 décembre.
Macron s’est ensuite rendu à Varsovie pour discuter d’un projet de 40 000 « soldats de la paix » européens, lourdement armés, avec le gouvernement polonais, dont les responsables ont jusqu’à présent réagi froidement en public. Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a déclaré : « Pour mettre fin aux spéculations sur la présence potentielle de tel ou tel pays en Ukraine après un cessez-le-feu, […] les décisions concernant la Pologne seront prises à Varsovie et uniquement à Varsovie. Pour l’instant, nous ne prévoyons pas de telles activités. »
Friedrich Merz, du parti chrétien-démocrate allemand, presque certain d’être chancelier après les élections prévues en février, a également pris ses distances par rapport à cette idée.
À première vue, cette idée pourrait sembler concilier plusieurs pressions mutuellement contradictoires sur le processus de paix ukrainien : la demande russe d’un traité qui exclurait définitivement l’Ukraine de l’OTAN ; la demande ukrainienne de garanties occidentales contre une future agression russe ; la détermination de Trump à ne pas envoyer de troupes américaines sur le terrain ou à ne pas prendre d’engagements supplémentaires et permanents des États-Unis envers l’Ukraine ; et le besoin réel d’une force internationale substantielle pour patrouiller le long d’une ligne d’armistice.
Il n’y a qu’un seul problème : selon tous les responsables et experts russes avec lesquels mes collègues et moi-même nous sommes entretenus (dernièrement jeudi), l’idée de troupes occidentales en Ukraine est tout aussi inacceptable pour le gouvernement et l’establishment russes que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. En effet, les Russes ne voient aucune différence essentielle entre les deux.
Du point de vue de Moscou, une telle « force de maintien de la paix » occidentale ne serait qu’une avant-garde de l’OTAN qui servirait de couverture à l’introduction progressive de forces de plus en plus nombreuses de l’OTAN. En effet, si le président Zelensky a déclaré que l’Ukraine « pourrait envisager » l’idée d’une force de maintien de la paix, elle ne le ferait que si elle recevait également un calendrier clair pour son adhésion future à l’OTAN. Si le général Kellogg, choisi par le président élu Trump comme envoyé pour l’Ukraine, présente cette proposition lors des négociations, la partie russe la rejettera d’emblée. Et si l’on insiste, les pourparlers échoueront. Lire la Suite ICI
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