Déculturer les phénomènes de corruption et de prévarication…

Au rythme où les cas de blanchiment et de prévarication de nos ressources publiques sont mis sur la sellette par le Centif et le judiciaire concomitamment mis en branle, il semble de toute évidence que le vent de la reddition des comptes s’est levé.

Combien d’histoires sont ainsi proposées aux citoyens saisis d’effroi, toutes de transgressions renouvelées, qui auraient dû être interrompues par la force publique, la rigueur judiciaire ou la rectitude administrative !

Il y a des délits et des crimes qui dépassent leur gravité ou leur horreur intrinsèque parce qu’ils sont révélateurs d’une mansuétude coupable en amont, d’une incurie blâmable ou d’une désinvolture sans compétence ni conscience.

Pendant tout le règne mackyste, il semble que l’État central ne s’est pas senti responsable de toutes les malfaisances délictuelles et criminelles qui ont été perpétrées sur le territoire national, fort d’un fameux coude adipeux empêchant toute reddition, favorisant une recrudescence de la prédation et garantissant une impunité de fait. Comment dès lors considérer le phénomène de la corruption et de la prévarication ? Quelles sont ses racines ?

Il est clair que tant que nous ne trouverons pas des solutions structurelles à la gabegie et la prévarication des biens publics, nos espoirs de réelle émergence seront vains.

Sa condamnation morale est évidente, mais suffit-elle ? Doit-on se limiter à la sphère de l’éthique ou faut-il aller chercher ce qu’il y a derrière le phénomène, ce qui le sous-tend, l’entretient et le développe sur une grande échelle ? La manière dont nous répondrons à ces questions conditionne les contours du Sénégal de demain.

Pour le comprendre, et interpréter la situation que vit notre pays, nous devons nous efforcer de poser les problématiques en des termes objectifs. Il nous faut dépasser le stade de l’indignation et du dégoût. Sentiments au demeurant absolument légitimes, pour tenter d’analyser les événements sur une longue durée et dans leur complexité profonde.

Déconstruire le chaos éthique 

Il faut abattre le monstre, hydre à têtes multiples en ayant le cran de déconstruire nos schémas sociaux destructeurs.

La déconstruction du chaos éthique implique d’analyser, de questionner et de démanteler les normes, les pratiques et les valeurs qui contribuent à une situation désordonnée sur le plan moral, en se basant sur la réflexion, sur des principes éthiques tels que l’équité, la responsabilité et le respect, afin de rétablir un ordre et une clarté. Cela peut passer par l’identification du dilemme, la prise en compte du contexte, la distinction des valeurs conflictuelles et le recours à des raisonnements argumentés pour construire des décisions plus justes.

Repenser nos canaux d’éducation 

La préservation des biens communs ne se fait pas spontanément ; elle est le résultat d’un processus de construction sociale où les citoyens, les communautés et les institutions collaborent pour identifier, protéger et gérer des ressources et des principes essentiels au bien-être collectif. Cela exige des changements dans les modes d’organisation sociale et juridique pour tendre vers une société plus juste et solidaire. D’où l’urgence de repenser nos canaux d’éducation et d’investir dans le capital humain…

C’est pourquoi, il faut aussi réimaginer les compétences de vie chez les plus jeunes en les formatant par une éducation populaire et citoyenne au principe d’éthique et de probité.

En développant leurs compétences civiques, sociales et morales, en utilisant des outils pédagogiques qui favorisent la réflexion collective et l’acquisition de valeurs comme la solidarité, le respect et l’honnêteté, on peut bâtir des relèves de qualité.

Cela peut se faire via des plateformes numériques, des ateliers interactifs, et des formations qui couvrent les droits, les devoirs et les enjeux de la vie en communauté, tels que la préservation du bien commun, la promotion des devoirs de citoyens et la promotion de la paix, de l’équité et de la justice, entre autres…

Bâtir un homme nouveau.

Bâtir un homme nouveau prônant le progrès et la prise en compte de l’intérêt général nécessite une lente transformation de nous qui s’accomplit au cœur de l’épreuve, une longue gestation de nous-mêmes. Et ceci ne se fera que lorsque nous consentirons à cette autre mort qui se joue en nous, cette mort bien plus éprouvante que la mort physique.

Il n’y a pas de résurrection, pas de renaissance sans déconstruction. Vaste chantier qui mérite qu’on s’en donne la peine.

D’ici à ce que ce processus de salubrité publique s’enclenche, les sénégalais comptent fébrilement sur les effets du balai salvateur de Seugn Bass pour sauver ce qui reste de nos biens publics.

 

 

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Khady Gadiaga est une communicante de profession. Elle a capitalisé 25 ans d'expérience professionnelle dans différentes entreprises où elle a respectivement occupé les postes de Product Manager, Directrice Commerciale et Marketing, notamment dans les secteurs de l'industrie médicale et textile en Europe et en Afrique. Ancienne directrice du marketing du Festival Mondial des Arts Nègres (FESMAN) de 2005 à 2010, elle a coordonné et orchestré le volet communication et marketing de ce grand rendez-vous culturel. Khady est passionnée de culture, des grandes idées et des mots, elle met sa plume au service des causes justes, parmi lesquelles, la paix et la concorde et la liberté. À ce titre, elle a été directrice de la rédaction, à Debbo Sénégal. Cette ancienne étudiante en Langues étrangères Appliquées à l'économie et au droit à University of Nice Sophia Antipolis, est aujourd'hui Directrice générale à Osmose (Agence de communication Globale) et depuis 2011, met en pratique sa riche expérience en qualité de Consultant expert Sénior en accompagnant les organisations du secteur privé, public et institutionnel en terme de conseils, de coaching et de suivi-évaluation de projets et programmes. Les chroniques de cette dame de aux centres d'intérêts éclectiques, sont désormais sur Kirinapost.

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