Décès de Toumani Diabaté, virtuose de la kora et Djeli de l’Afrique !

Le virtuose de la kora Toumani Diabaté s’est éteint aujourd’hui à l’hôpital Golden Life de Bamako à la suite d’une longue maladie a annoncé un communiqué de la structure Diabateba Musique. Avec sa disparition, c’est un des plus grands artistes de la musique africaine qui nous quitte. Une page exceptionnelle faite de collaborations avec les plus grands musiciens du monde se referme définitivement.

C’est une immense tristesse qui s’abat sur le monde de la musique et plus largement sur la culture africaine. Toumani Diabaté était l’héritier d’une longue tradition de griots. Né en 1965, il était un véritable gardien des traditions puisqu’il représentait la soixante-et-onzième génération de griot détenteur de la science de la kora et des connaissances musicales si anciennes. En cela, il était un des ambassadeurs les plus féconds de la culture du Mandé.

Toumani Diabaté, fils de la diva Nama Koïta et de Sidiki Diabaté (1922-1996) légende de la kora, fut l’un des maîtres incontestés de la fameuse harpe. Il apprend à jouer à la kora dés l’age de 5 ans. Surdoué, il en joue à l’ecole lors des cérémonies scolaires. À l’époque, il écoute et reprend les musiques de son grand-père et la musique moderne notament Super Rail Band et Elvis Presley. À 13 ans il est engagé par l’ensemble traditionnel de Koulikoro et à 19 ans il rejoint la diva la plus célèbre du Mali, Kandia Kouyaté avec qui il tournera partout en Afrique.

Dans sa carrière solo, Toumani figure dans la short list des artistes africains ayant le Grammy Awards. Il totalise 15 albums dans sa discographie parmi lesquels l’énorme succès en compagnie d’Ali Farka Touré en 2006 : « in the heart of the moon » nominé pour le prix de l’album de l’année aux BBC Radio 3 Awards for World Music et qui obtint le disque d’or en plus du prix du meilleur album traditionnel du monde lors de la 48e cérémonie des Grammy Awards. En février 2011, Toumani Diabaté toujours avec Ali Farka Touré  remporte encore le Grammy du meilleur album de musique traditionnelle lors de la 53e cérémonie des Grammy Awards, à Los Angeles aux États-Unis, pour l’album Ali and Toumani.

En outre, devenu une icône incontournable de la scène musicale, sa notoriété est mise à contribution en 2008 par ONUSIDA qui le désigne ambassadeur de bonne volonté. En 2015, il reçu le titre de Docteur Honoris Causa de SOAS University of London.

Malgré tout ce succès, l’homme est deumeré d’une humilité rare et d’une accessible déconcertante. Sa gentillesse et sa simplicité surprenaient souvent ses interlocuteurs.Toumani était profondément croyant.

Toumani Diabaté a eu un rôle déterminant dans l’introduction de la kora, cette harpe luth à 21 cordes, au public du monde entier et en faisant de la kora un instrument de concert solo. Il est le premier koriste à donner un concert en solo. C’était au Japon en 1991. Profondément enraciné dans sa culture mandingue, il s’est ouvert à tous les rythmes du monde avec brio et aisance.

« Beethoven n’a que 250 ans, or la musique classique mandingue existe depuis le 13e siècle ! Mais elle reste méconnue en Occident » aimait dire le maitre.

Depuis 1987, année où sort son premier opus, Kaïra, considéré comme l’un des plus beaux albums de musique de kora mandingue, Toumani a livré de sublimes albums en solo et s’est prêté à de nombreuses collaborations avec notamment Björk, Ali Farka Touré, Youssou Ndour et Damon Albarn. En 2008, il alliait son jeu virtuose et sensible au London Symphony Orchestra dirigé par Clark Rundell, le temps d’un concert au Barbican Center de Londres. L’enregistrement de ce concert est sorti en 2021 sous le titre Kôrôlen (« ancestral » en bambara) et a reçu les éloges de la critique.

Le génie de la kora est allé rejoindre son vieux compagnon Ali Farka Toure, monsieur le maire de Niafunké titre d’ailleurs d’un des merveilleux morceaux de leur album « in the heart of the moon » .

En cette période difficile, toutes nos pensées vont vers la famille Diabaté. Que le Seigneur vous donne la force et le courage de traverser cette épreuve. Son héritage est entre de bonnes mains puisque Sidiki, Balla diabaté les deux fils de Toumani virtuoses comme leur papa, mais aussi ses nombreux élèves parmi lesquels le brillant Cherif Soumano, sauront relever le défi et continuer à garder précieusement ce patrimoine legs de leurs aïeux afin de continuer à inspirer les générations futures. Repose en paix Djéli du Mali et de l’Afrique !

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