Ousmane Diop est un écrivain et citoyen Sénégalais préoccupé par l’avenir de son pays en ces temps troubles.
Ousmane Diop •Je me suis toujours posé la question le pourquoi de l’ile aux esclaves de Gorée, le pourquoi de l’existence et de la longue durée de cette infamie sur notre propre terre. Ou était notre sens de l’humanisme ?
Alors que des siècles durant, le peuple sénégalais a su vivre sans gêne, entre Galam, l’ile du nord, et l’ile de l’OUEST avec autant d’atrocités. Je me suis posé cette question jusqu’au moment d’une visite scolaire où mon cœur d’enfant est frappé, indélébilement, d’effrois par les caves de l’horreur. Depuis, je me suis juré de ne plus y remettre les pieds. Comment pourrais-je accepter, à ce point, cette haute tragédie humaine ?
Depuis, je regarde mélancoliquement l’Ile de loin, depuis la berge de mon Rufisque natal. Je me suis toujours posé la question à savoir comment nous avons pu nous convaincre de vivre avec cela, nous enchainions nos propres frères depuis Galam jusqu’à la porte de l’aller sans retour. J’ai grandi devant ces interrogations béantes qui, d’ailleurs, m’ont amené à écrire mon premier ouvrage, « ivres désirs », publié en 2002 par les éditions Le Nègre International.
Les réponses que j’ai eues, je ne les ai pas acceptées parce qu’elles me renvoient toujours à la cruauté des miens, une vérité difficile à avaler. Comme si nous étions cette race qui a fini par ériger, en ambition, la seule ascension personnelle et comme boussole sociale, ne voulant qu’entendre les cris des siens sous ses sabots, les piétinant comme on foule les pépites de quartz de sa terre conquise.
Le Sénégal auquel nous appartenons couve, à présent, tant de cruautés, laissant apparaitre, à chaque révolution de la boule terrestre, une nouvelle folle ambition, une nouvelle stratégie, une nouvelle tragédie, une armada de « bad boys », pour toujours dominer et congédier le bien. Le Sénégal, auquel nous appartenons tous, admettons-le, vogue à une vitesse suicidaire, complotant toujours plus, parlant toujours plus, mentant et mentant encore à chaque épisode.
Alors que si X est une variable qui peut augmenter indéfiniment, son inverse, quant à lui, s’approchera de plus en plus de zéro. Entendons par X, la cruauté de comploter contre sa propre nation, de s’asseoir égoïstement sur les rêves de tout un peuple, de sucer impitoyablement la sève de l’arbre qui nous nourrit tous et, par l’inverse de X, la grandeur de la valeur humaine.
La notion de limite est extraordinaire ; elle détient la capacité de nous faire toucher une chose par l’esprit sans pour autant que nous puissions la saisir matériellement, pointer du doigt un point précis, une station précise en quelque sorte. Et dire voilà ! nous nous y approchons. Irrémédiablement et dangereusement !
Alors même qu’en amont, elle confère à l’esprit le pouvoir de distinguer clairement la causalité, de lier deux faits qui semblaient être distincts, alors même que la mouvance de l’un emporte inéluctablement l’autre. Hélas !
Verite absolue..