Wakh sani…! Chronique d’un matin au Tribunal de Dakar ou, comment transformer une simple démarche administrative en épopée nationale.
Tribunal de Dakar ou comment transformer une simple démarche administrative en épopée nationale
8 heures ce matin, me voilà au Tribunal de Dakar, plein d’entrain et de bonne volonté, espérant déposer quelques pièces urgentes avant de vaquer à mes autres obligations. Mais ma surprise était grande car, malgré cette heure matinale, la salle d’attente de l’Etat civil est déjà peuplée. Visiblement, certains ont quitté leur domicile avant même que le coq ne se réveille.
Une file d’attente serpentine s’étire devant le bureau de l’Etat civil. Une personne d’un certain âge, improvisée chef de protocole, s’est mise à inscrire les noms par ordre d’arrivée. L’organisation citoyenne, dans toute sa noblesse.
8 heures 30, la file s’allonge, mais toujours aucune trace de la dame censée réceptionner les documents. Apparemment, elle est seule à ce poste. Une solitude administrative qui commence à peser.
9 heures 30, les visages se crispent, les murmures s’élèvent. L’attente devient une épreuve collective. On commence à s’interroger :
– “Pourquoi une seule personne à ce poste ?”
– “Ce manque de respect pour les Sénégalais, vraiment…”
– “Et après tout ça, on vous dira de revenir dans trois mois. Et six mois plus tard, toujours rien…”
9 heures 30, toujours rien. Moi, d’ordinaire prompt à dire ce que je pense, je garde mon calme. Mais autour de moi, les voix s’élèvent. L’indignation prend racine. Une dame, jusque-là silencieuse, lance alors … “Avec ce genre de comportement dans l’administration, les autorités de la République, dans leur élan de modernisation, ne sont pas encore au bout de leur peine…”
10 heures 10, enfin, une porte s’entrouvre. Une voix timide s’échappe du greffe TD Service État civil n°70 :
“Qui est le premier sur la liste…?”
Moi ? Je suis 25e. Ce qui m’a laissé tout le loisir de faire ce petit reportage improvisé.
Alors, je me dis qu’à ce rythme, c’est peine perdue. Car des “Madame Diop”, il y en a encore à la pelle dans tous les recoins de notre administration. Et tant que l’on n’aura pas compris que moderniser ne signifie pas seulement informatiser, mais aussi humaniser, nous continuerons à faire la queue… pour rien.
Au fait, il fait 10 h 40 et mon tour n’est toujours pas arrivé.
Ma fi diarone.








Laisser un commentaire