« Colonostalgie » ou « nouvel universalisme »

Pour le philosophe Souleymane Bachir Diagne, les objets volés aux ex-colonies qui se trouvent dans les musées occidentaux  sont à leurs places er sont en dialogue avec les collections qui s’y trouvent. Par exemple, la sculpture Dieu du Fer -OGUN en Yoruba – prise au Dahomey (Benin) est chez elle au Louvre ». Peu importe la maniere apparemment. Ce qui importe c’est la construction de l’universel.

Le philosophe sénégalais qui s’apprête à donner une serie de cinq conférences au musée du Louvre a fait l’éloge de l’universalisme.

Nouvel universalisme fondé sur le principe du pillage, de la non-restitution, de la non-réparation, de l’injustice perpétuelle, de la subversion d’objets sacrés en objets d’art possessions essentialistes de l’Europe ?

Universalisme alimentaire des porteurs indigènes qui en rajoutaient pour remplir les bagages des maîtres des fétiches des « autres ethnies » ? Comment un philosophe peut-il se permettre de rejeter des demandes de restitutions d’objets cultuels venant d’un pays (Bénin), d’une culture, d’une spiritualité qui ne sont pas les siens ?, en se fondant, qui plus est sur les lois patrimoniales relatives aux « collections » françaises (règles nationales) et les concepts (universalisme de Merleau-Ponty) repris de l’intelligentsia des prédateurs culturels ?

Acceptons de regarder la colonostalgie telle qu’elle enlaidit et fait régresser l’humanité, ce n’est qu’à ce prix que ceux qui pensent l’intérêt général des Négro-Africains et du monde pourront produire des propositions roboratives, loin du prêchi-prêcha d’un « nouvel universalisme » conceptuellement vide et éthiquement dangereux.

Alors que les Panafricanistes traditionnels (et de contenu) depuis au moins DuBois demandent réparations et restitutions, voilà fabriquée une élite nègre visibilisée jusqu’à n’en plus pouvoir qui prend le contre-pied, confortant les Européens dans leurs errements quand certains sont entrain d’opérer leur aggiornamento !

Comme vous le savez des universités ou mêmes « collectionneurs » anglo-saxons (de fait) avaient d’eux-mêmes entrepris des démarches de restitution et de réparation bien avant que l’espace négro-francafricain et ses entrepreneurs promus ne s’investissent pour faire obstacle à l’émancipation de l’humanité, au cours de l’histoire en somme …

 

 

Share

Martial Ze Belinga est un économiste et sociologue camerounais. Son travail porte spécifiquement sur l’épistémologie de l’histoire africaine, les préjugés et les silences qui biaisent la compréhension du passé de l’Afrique et des diasporas africaines. L'art et la culture tiennent une place centrale dans son travail. À ce titre il est l'auteur de plusieurs ouvrages parmi lesquels: "Au-delà de l’inculturation. De la valeur propositionnelle des cultures africaines". Pour l'économie, ses travaux ont beaucoup porté sur la monnaie notamment le FCFA. il est l'auteur entre autres de: "Afrique et mondialisation prédatrice". Expert associé au comité scientifique international de l’UNESCO pour l’Histoire générale de l’Afrique, Belinga est éditorialiste et avait lancé le site Afrikara dédié à l'histoire, la culture et l'avenir du monde noir. Il a été par ailleurs sélectionné parmi les 20 « Experts » représentatifs de la diversité (Club XXIe siècle, France)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *