*Chroniques du banc banc : être manager* 

Il me surprend une réflexion, assis sur mon banc, au milieu de cette esplanade témoin des pas pressés et des pas hésitants, des pas inquiets et des pas assurés, des pas sourds et des pas tonitruants.

Ce quartier d’affaires en a vu passer des managers, tous en uniforme pour incarner leur rôle. Il ne faut pas trop sortir des rangs, au risque de ne pas être pris au sérieux et d’être sorti du groupe.

C’est vrai, être manager, ce n’est pas rien. Le métier est dur ; il est exigeant. On parle d’objectifs, de résultats, de performance. Il faut être au rendez-vous, faire tout pour être parmi les nominés.

Atteindre des objectifs, c’est comme atteindre le graal. On a ensuite le droit de parader…

Mais là, n’est qu’une partie de l’affaire. Il y a les objectifs financiers, c’est vrai.

Cependant, le plus dur, c’est la gestion des Hommes avec leur complexité. Il est possible de piloter son activité, de la modéliser presque au millimètre près.

Mais l’Homme !

Quelle incertitude !

Qui pour prédire de la soirée de chaque collaborateur ?

De son réveil du pied droit ou du pied gauche ?

Qui pour comprendre l’effet que produit chaque mot, chaque parole du manager sur le collaborateur ?

Et pourtant il faut parler. Il faut faire, faire avec, faire faire. Car le travail l’exige.

La fonction de manager exige beaucoup… de modestie.

On apprend à gérer les affaires. Mais l’Homme, on l’expérimente. On le pratique. On le découvre en se découvrant soi-même.

Une bonne partie du chemin, le manager le pratique à se découvrir soi-même, à se poser des questions, à trouver des réponses qui ouvrent de nouvelles interrogations. Et ainsi de suite.

Sacré banc, complice ! Je continue mes élucubrations…

À l’atteinte des objectifs, le manager est félicité, célébré, montré même en exemple à ses collègues qui doivent s’en inspirer. Prenez-en de la graine, pensent les grands manitous qui se croient fermiers intensifs.

Mais quel prix ? Et à quel prix ? Est-ce que tout est dit ? Est-ce que tout est su ? Est-ce que tout est si rose ?

La reconnaissance du travail du manager vient certes de sa hiérarchie et couronne les performances réalisées ; pourtant, il y a également la reconnaissance de ses pairs qui a une grande valeur, mais aussi et surtout celle de ses collaborateurs qui ont construit avec le manager, le résultat que l’on célèbre. Être reconnu sur les 3 tableaux est preuve de belle réussite.

Est-ce que le métier de manager s’apprend ? Oui, mais au rythme de la vie. L’école donne la technique, mais le plus important s’apprend sur le terrain. Aux côtés des collaborateurs avec qui on réalise, des équipes que le manager et éternel apprenant a la responsabilité de faire grandir.

L’une des plus grandes qualités d’un manager, au-delà de son écoute, de l’exemplarité des valeurs qu’il incarne, de sa capacité à relever des défis AVEC son équipe, c’est aussi sa capacité à leur apprendre à grandir, chacun suivant ses besoins.

C’est ce souvenir indélibile que les collaborateurs garderont de lui, toute leur carrière durant.

Je fais de la place sur ce banc pour qu’assis à mes côtés, les managers observent leur monde, non pas de leur hauteur patronale, mais de ce niveau d’humilité qui questionne toutes les certitudes, mais qui est si délicieux car plein d’enseignements.

 

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