Le Festival Metissons de Saint-Louis 2024, c’était ce week-end dans la vieille cité. À l’ouverture vendredi, une diva a ébloui la nuit de Ndar: Chadia est son nom !
Chadia sur la scène de l’institut Français de Saint-Louis ©Moussa Faye
Rendez vous annuel de la musique et du brassage des cultures, Metissons est un événement incontournable du calendrier de Ndar. Les organisateurs ont été bien inspirés de programmer la chanteuse Chadia pour lancer l’edition 2024. Belle surprise !
Accompagnée d’un original quintet (Bass, drums, percu, clavier et kora), donnant de l’espace aux instruments et à la voix, Chadia, le temps d’un set, a montré qu’il y avait autre chose que la dictature de ce mbalakh debridé, vide et laid.
Sonorités du Nord, serere, Joola revisitées. Un soupçon de blues, de jazz, d’afro bien articulés dans une musique typiquement sénégalaise, par ces temps où la pauvreté et la monotonie règnent dans la créativité musicale made in Galsen, Chadia apporte une certaine bouffé d’oxygène en essayant de sortir des sentiers battus.
Il faut dire que la chanteuse a été à bonne école. Serveuse au mythique Just 4 U, elle caresse le rêve de devenir artiste. Les chanteurs et chanteuses qu’elle côtoie tous les soirs au Just sont la crème de la musique sénégalaise. Ils l’inspirent. Elle observe, travaille son oreille, aiguise sa voix, developpe des techniques et petit à petit ose des bœufs. Elle ne s’arrête pas à ça.
Elle va prendre des cours de chants, fréquenter les chorales et Xadara Jummah et se frotter au Gospel. Les habitués de la paroisse Saint-Dominique se souviennent encore de celle qui venait parfaire ses techniques vocales.
Saint-Louis, grâce au Festival Métissons, a redecouvert ce talent caché quelque part par la médiocrité que nous imposent les médias.
La chanson « Koroboro », inspirée par la diva malienne Oumou Sangaré et « Jegema » rare texte d’amour de son répertoire ont séduit le public de l’institut Français.
Les thèmes qu’aborde Chadia dans ses chansons tournent pour beaucoup autour des questions liées à la condition féminine, à la protection des enfants, à la paix et la solidarité avec les démunis…
Autrice- compositrice et guitariste, Chadia est d’une sensibilité artistique remarquable. On sent qu’elle travaille et qu’elle est continuellement à la quête de perfection, en généreuse passeuse d’emotion. Encore timide dans sa présence scénique, elle comble ce petit hic par sa voix aussi rauque que délectable.
Autre affiche merveilleuse de Métissons 2024: les confirmés et indémodables Frères Guissé, le prometteur Mbaye Ndiaye Tilala, l’haitien Mike Overlod venu de Quimper, le malien Lobi Traoré et la diva mauritanienne Noura Mint Seymali…
Les sons du festival Métissons ont encore une fois langoureusement bercé le fleuve Saint-Louis. Le brassage des cultures d’Afrique de l’Ouest et du monde étaient au rendez-vous dans la vieille cité. Chadia, par sa prestation riche des musiques du Sahel, en a été un des traits d’union.
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