Rami Abou Jamous tient son journal de bord sur Orient XXI. Fondateur de GazaPress, un bureau qui fournissait aide et traduction aux journalistes occidentaux, il a dû octobre en 2023, son appartement de Gaza-ville avec sa femme Sabah, les enfants de celle-ci, et leur fils Walid, deux ans et demi, sous la menace de l’armée israélienne. Réfugiée depuis à Rafah, la famille a dû ensuite se déplacer vers Deir El-Balah et plus tard à Nusseirat, coincés comme tant de familles dans cette enclave miséreuse et surpeuplée. Un mois et demi après l’annonce du cessez-le-feu, Rami est enfin de retour chez lui avec sa femme, Walid et le nouveau-né Ramzi. Pour son journal de bord, il a reçu le prix de la presse écrite et le prix Ouest-France au Prix Bayeux pour les correspondants de guerre. Cet espace lui est dédié depuis le 28 février 2024 sur Orient XXI.
Jeudi 3 avril 2025,
Cela fait presque une semaine que certains médias internationaux s’intéressent beaucoup plus à Gaza que d’habitude. Cela me fait plaisir de voir des magazines qui parlent rarement de Gaza se soucier tout à coup de ce qu’il se passe chez nous. Certes, ce n’est pas pour rendre compte des massacres, des boucheries et des « israëleries ». Mais de quelque chose de plus important, à leurs yeux, que le génocide qui se déroule en ce moment : les manifestations contre le Hamas. Depuis un peu plus d’une semaine, il y a eu en effet quelques manifestations dans la bande de Gaza, à commencer par Beit Lahia, où l’on demandait au Hamas de céder le pouvoir.
Dans la même période, il y a eu plusieurs massacres, en particulier l’assassinat à Rafah de quinze ambulanciers du Croissant-Rouge et de la Défense civile. Ils ont été exécutés par les Israéliens. On les a retrouvés dans une fosse commune, les pieds attachés, les corps décapités, portant de nombreuses traces de balles à la tête et au thorax. Bien sûr, les médias qui emploient des journalistes professionnels en ont parlé. Mais d’autres n’ont pas pris la peine d’enquêter.
Je sais qu’Israël interdit l’entrée dans la bande de Gaza aux journalistes étrangers. Mais ils peuvent appeler le Croissant-Rouge pour vérifier, s’ils ne font pas confiance aux journalistes palestiniens.
Il est normal de vouloir le changement politique
Ceux qui s’enthousiasment pour les manifestations anti-Hamas nous accusent de vouloir les cacher. Rien n’est plus faux. Je l’ai dit dans plusieurs médias francophones : ce ne sont pas les premiers mouvements contre le Hamas depuis le début de la guerre. Je l’ai répété ici aussi : la popularité du Hamas dans la bande de Gaza a beaucoup baissé, et cela date même d’avant cette guerre. Depuis sa prise du pouvoir en 2007, nous sommes sous blocus et nous avons subi plusieurs guerres israéliennes. Les gens sont étranglés, nous vivons dans la misère, le chômage est massif, et une génération entière n’est jamais sortie de la bande de Gaza. Dans ces conditions, il est normal, comme dans tous les pays, de vouloir le changement politique. En Cisjordanie aussi, où c’est le Fatah qui est au pouvoir, les gens ne veulent plus de lui. La Suite ICI
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