Dans le répertoire de Baaba Maal il y a une chanson, la plus engagée et contestataire, qui n’a jamais été officiellement publiée / Démo inédite / 1989. Retour à sur une chanson jamais publiée.
Voilà la chanson la plus engagée et la plus contestataire de Baaba Maal. Dommage que son grand public, dans sa majorité ne parle pas Pulaar (Peul) et donc ne peut pas accéder aux paroles de cette pépite musicale afin de comprendre le fond et la forme pour percevoir le sens du message délivré par cet émouvant texte.
Ici, Baaba Maal chante sans filtre, sans diplomatie et sans compromis et avec vérité l’incohérence tragique de l’Afrique et de ses sombres perspectives entraînées par la brutalité, la trahison, le despotisme et le néocolonialisme.
Il dénonce le colonialisme et l’apartheid; critique l’attitude honteuse des ethnicistes et de ceux qui alimentent les tensions interethniques; et défend la liberté et le panafricanisme. (MDS)
Voilà, cela étant dit, faisons maintenant un tout petit peu d’histoire.
Nous sommes en 1989, et il y a 4 ans que le Daande Leñol – groupe électrique de BAABA MAAL – a été créé. Ayant la nostalgie de ses premières amours musicales – à savoir la musique traditionnelle – Baaba sent le besoin de travailler sur un projet discographique axé sur la musique acoustique (traditionnelle).
Ainsi il réunira ses joueurs de ngoni (xalam ou hoddu) attirés, son acolyte l’irremplaçable Mansour Seck pour répéter et enregistrer les démos de son futur projet musical. Ce projet connaîtra également la participation exceptionnelle de Mamoudou Soma Dia (chanteur et joueur de Hoddu Haalpulaar).
La plupart des chansons du projet sont écrites par l’irréductible et téméraire panafricaniste IBRAHIMA MOCTAR SARR (journaliste, poète, écrivain et homme politique mauritanien), y compris celle dont il est question ici.
HÉLAS ! Ce projet ne verra jamais le jour. Il ne sera jamais fixé officiellement sur un album. Vu la beauté des chansons qui composent ce projet, je peux ainsi dire, que si ce projet avait vu le jour, il aurait été, sans aucun doute, un des plus beaux albums – de musique traditionnelle – de BAABA MAAL. DOMMAGE !
Traduction de quelques passages de la chanson – AFRICA (βe mbarii Hammadi) – publiée ci-dessous.
Ils ont tué le héros (le brave)
Ils ont tué le héros, et de nos mains, nous l’avons enterré.
L’alliance de ceux qui se dressent contre la vérité (l’essor de l’Afrique. Puis, assignent à ses peuples le pire des sorts…)
Œil de lynx, oreilles de Moscou !
Les non-appelés, encore moins invités, mais par la force imposée, asservissent quiconque d’entre nous, nous privent, nous colonisent, Et pour finir, entravent notre développement propre.
Patrice Lumumba, qui, au Congo, les avait envoyé voguer, sur l’avalanche de leurs propres mensonges. Ils l’ont tué, et de nos mains, nous l’avons enterré !
Barthelemy Boganda qui s’était sacrifié pour toute l’Afrique, Ils l’ont tué, et de nos mains, nous l’avons enterré!
Um Nyobé qui voulait adoucir leurs ardeurs, les dompter, les tanner ; ils l’ont tué et nous l’avons enterré
Amilcar Cabral, messager de paix, ils l’ont tué et nous l’avons enterré !
Steve Biko, qui avait secoué pour les briser, les chaines de l’asservissement et de l’apartheid; ils l’ont tué et nous l’avons enterré.
Les tombes sont peuplées, mais la vérité a émergé.
Le mensonge a pris peur et s’est effrayé.
Notre vaillance, notre brio et notre détermination sans faille
Aux combats qui font rage, ils ont été bien informés.
La concession, gardée pour la sécurité de l’Afrique du Sud, c’est l’Angola. Le Mozambique se méfie de toute intrusion étrangère. L’union nationale africaine du Zimbabwe est reconnue.
Le triomphe de l’Afrique sur ses adversaires est espérée.
Plus vite fait, mieux c’est!
(TRADUIT DU PEUL PAR ABOUBAKRI SIDI NDONGO)
Vidéo: AFRICA, une démo inédite de BAABA MAAL / 1989
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