Rien ne prédestinait Macky Sall au pouvoir ! Ni ses origines extrêmement modestes, ni ses aptitudes intellectuelles apparemment modérées, encore moins son courage.
Il est des accidents de l’histoire que nul ne peut vraiment expliquer. Il arrive au pouvoir en tant que tombeur de son mentor et bienfaiteur Abdoulaye Wade au bout de 19 ans de compagnonnage. Il commit “un parricide”, à la suite d’une longue guerre contre celui qu’il qualifiait de père et protecteur à qui il doit tout. Les Sénégalais, révoltés par ce qui semblait être une injustice de la part de Wade à son égard, le soutinrent dans son combat contre celui-ci et le portèrent à la tête du pays en 2012. L’un des arguments de l’époque était qu’il etait né après les indépendances et avait fait son cursus scolaire et universitaire au Sénégal. Cela le prédisposait à un ancrage profond dans nos réalités socio-économiques et culturelles, contrairement à ses prédécesseurs. Il promit la vertu et la sobriété et l’on avait espoir qu’une conscience historique allait porter ses projets à la tête de l’État. L’on s’était même réjoui que sa femme, Marième, soit une Sénégalaise “bon teint” après que Colette, Elisabeth et Viviane se soient succédé au palais comme premières dames aux côtés de leurs maris respectifs Senghor, Diouf et Wade.
Voilà que douze ans plus tard, le peuple se rendit compte qu’il avait été complètement dupé, trompé par un imposteur dont l’arrogance n’a d’égal que la petitesse qu’il manifeste dans chacun de ses faits et gestes. Il s’était toujours rangé derrière Wade, sans ambition manifeste autre que de servir son “maître”. Celui-ci finit par lui accorder une confiance totale, certain qu‘aucune menace ou danger ne puisse jamais venir de lui. Il lui confia toutes les postes imaginables dans l’administration. De directeur de Petrosen, il finit son parcours au perchoir de l’Assemblée nationale. Quel parcours ! Partout où il passait, on remarquait le même comportement effacé, sans prétention, ne faisant de l’ombre à personne, contrairement à d’autres comme Idrissa Seck qui ne cachait pas ses ambitions de prendre la place du “père”, ou au moins de lui succéder. Avoir dévoilé son jeu aussi clairement et si tôt perdit l’ancien maire de Thiès pour toujours ! Macky, en bon observateur, prit note.
Au fil du temps l’on se rendit compte que ce qui semblait être de l’humilité, de l’altruisme et de la loyauté de la part de Macky n’était rien d’autre qu’une sournoiserie et une hypocrisie que seuls les traîtres et les lâches semblent connaître la recette miracle. “Kouy yoot dou sakheut” dit l’adage ! Il a été partout sans jamais avoir été vu nulle part. Personne ne l’avait pris au sérieux avant ses déboires avec Wade, y compris ce dernier ! Il s’était avancé, masqué pendant tout ce temps. Le genre d’hommes dont tout le monde se méfie, à raison car ne jamais sachant ce qu’ils ont dans le cœur et ce qu’ils “mijotent” dans leur tête. Ténèbres !
Une fois confortablement installé dans son fauteuil de président, il commençait petit à petit à montrer son vrai visage. Il devint méprisant à l’égard du peuple qui pourtant, lui fut sympathique et solidaire pendant sa période de traversée du désert. C’est l’un des traits de caractère du traître que de vouloir piétiner ceux qui l’ont aidé à se hisser au sommet et de vouloir se rapprocher et plaire ceux qui l’ont toujours méprisé. Comprenne qui pourra ! Lui, le “libéral”, réintégra tous les dinosaures de l’ancien parti socialiste dans les sphères du pouvoir et de l’administration. Des gens que le peuple avait “vomi” en 2000. Abdou Diouf reçut tous les honneurs jusqu’à voir son nom donné à un prestigieux bâtiment à Diamniado. Tanor et Moustapha Niasse devinrent ses deux plus proches conseillers et collaborateurs, et Aminata Mbengue Ndiaye retrouva tous les privilèges qu’elle avait sous Diouf. Il y a des signes qui ne trompent pas !
Ses plus importantes sorties étaient réservées à l’international, notamment à la France, un pays pour lequel il semble avoir une très grande admiration. Plus le temps passait, plus il révélait sa face hideuse, se détachant davantage du peuple. Le clan Faye-Sall (du nom de sa famille et belle-famille) et ses valets s’installent. De l’attribution douteuse des licences d’exploitation du pétrole, du gaz et de la pêche jusqu’au détournement des 1000 milliards de fonds COVID, tout y passe. Toutes les occasions sont bonnes pour satisfaire la boulimie de pouvoir et d’argent du clan et de son entourage. Rien ne leur échappe ! Ils veulent tout prendre et tout contrôler ! Il y a assez d’informations à ce sujet, nul besoin d’y revenir ici.
Ses adresses à la nation se font avec dédain, souvent dans un ton menaçant et parfois avec des engueulades. Aucun respect, aucune sympathie pour ce peuple qui l’a pourtant porté dans coeur et soutenu. Ce peuple qui subit de dures épreuves avec les différentes crises qui secouent le monde. Aucun mot de sympathie ou de réconfort pour les mères qui ont perdu leurs fils dans les océans ou dans le désert, en route vers l’Europe ou les USA par le Nicaragua, désenchantés, à la recherche d’une vie meilleure.
Le peuple, se sentant trahi et lâché, se mit à la recherche d’alternatives et de solutions à ce qui est convenu d’appeler une grande calamité. Et Ousmane Sonko avec son projet PASTEF émergea sur la scène politique. Son message accroche, son style séduit et sa réputation de grande probité morale force le respect et la confiance. Il devient le pire cauchemar de Macky Sall ! Se sentant menacé Macky essaya par tous les moyens de le détruire, lui et ses collaborateurs et sympathisants. Il leur en fait voir de toutes les couleurs. Barricades, emprisonnement, déchéance de droits civiques, dissolution du parti, tout y est. Mais l’effet contraire se produisit. La popularité de Sonko s’accrut de manière exponentielle. Le peuple, patient et profondément démocratique, qui croit aux valeurs républicaines, attendait patiemment le moment venu et comme convenu dans le calendrier électoral et en conformité avec la loi, pour se séparer de cet imposteur en toute légalité au soir du 25 février. Et voilà qu’à quelques heures avant le début des campagnes électorales, à la surprise générale de tout le monde, il décida de reporter, voire annuler l’élection. Quelle malhonnêteté ! Lui qui ne voulait accorder aucune minute de plus à Wade à la fin de son mandat, s’arroge le droit unilatéral d’arrêter le cheminement d’un peuple dans sa trajectoire historique. Quel toupet !
C’est un travail laborieux et de longue haleine que de bâtir une nation stable ! Ce processus est souvent marqué par le sacrifice, la souffrance et le renoncement. Le Sénégal avait réussi cette épreuve difficile de manière brillante, sans doute mieux que tous les autres pays africains avec qui nous partageons un passé douloureux. Et voilà que Macky Sall exprime une volonté manifeste de détruire cet héritage d’une valeur inestimable. Il veut tout jeter à la poubelle. La stabilité et la cohésion sociale du pays n’ont jamais été aussi fragilisées que sous son magistère. Des assassinats sommaires, des meurtres de manifestants, plus d’un millier de prisonniers politiques sont à son passif. Il y aurait eu des preuves flagrantes d’acquisition d’armes russes en grande quantité livrées directement au palais présidentiel. À quelle fin se demande-t-on ? Il s’est clairement dressé en ennemi de son peuple. En parfait égoïste, il est prêt à mettre le pays à feu et à sang pour satisfaire ses ambitions personnelles. Du jamais vu ! C’est comme si le diable avait une emprise totale sur lui et le poussait à emmener le pays entier avec lui dans sa déchéance inévitable. Il faut avoir une âme bien sombre pour vouloir une telle chose !
Le peuple sénégalais a toujours été au rendez-vous de l’Histoire. Comme tous les peuples, sa survie, sa réussite et son épanouissement dépendent de sa résilience et sa capacité à faire face et à relever les défis que le destin lui lance. Ce défi ci, est sans aucun doute, l’un des plus importants et des plus déterminants vu le contexte historique et les enjeux géo-stratégiques du moment. Il nous faut faire face à ce monstre qui veut détruire notre énergie créatrice. Notre instinct de survie nous impose l’obligation de nous battre, chacun avec les moyens dont il dispose, pour notre liberté et celle de nos enfants et petits-enfants. Nous le leur devons ! Nous le devons à l’Afrique et à l’humanité toute entière. La lumière triomphera toujours sur les ténèbres ! À bas la dictature, à bas la tyrannie!
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